Publié le 17 May 2024 - 18:20
INONDATIONS À DAKAR ET SES ENVIRONS

Sonko pointe les négligences étatiques et l’indiscipline de la population

 

Dans le souci de passer un hivernage sans la hantise des inondations, un Conseil interministériel sur la prévention et la gestion des inondations, en perspective de l’hivernage 2024, a eu lieu hier. À l’issue, le Premier ministre a pris 22 engagements avant d'accuser les populations d'être l'une des causes des inondations, en raison de leur indiscipline.

 

Le Premier ministre a présidé, hier, un Conseil interministériel consacré à la prévention et à la gestion des inondations, en perspective de l’hivernage 2024.

Selon Ousmane Sonko, cette rencontre avait pour objectif d'évaluer, d'une part, le dispositif de gestion et de prévention des inondations pour l’hivernage 2023, et, d'autre part, de déterminer les points d’attention et les mesures à prendre en perspective de l’hivernage 2024. Il s'agissait également d’apprécier le niveau de préparation, en tenant compte des prévisions météorologiques, d'identifier les éventuelles contraintes à lever et de prendre les mesures nécessaires pour renforcer notre résilience face aux inondations.

Pour lui, si des inondations se produisent dans ce pays, la population en est en partie responsable. "L’État du Sénégal a jusqu'à présent appliqué la même méthode et les mêmes pratiques qui n'ont pas produit les résultats attendus, puisqu’on a l’impression de stagner. Chaque année, avec son lot d’inondations, il n’y a pas une pluviométrie vraiment excessive qui pourrait justifier des inondations massives. La vérité est que les négligences étatiques et administratives ainsi que parfois le manque de discipline civique sont à l'origine des situations que nous vivons dans de nombreuses zones du pays. S’il devait y avoir des inondations inquiétantes, elles devraient se produire dans le sud-est du pays, mais pas à Dakar, certainement. Nous connaissons les causes et nous allons trouver les moyens et mobiliser les ressources nécessaires pour régler définitivement cette situation. L’État fera son maximum", a déclaré le Premier ministre.

22 engagements pris par Ousmane Sonko

À l’issue de cette réunion, 22 engagements ont été pris par Ousmane Sonko. Parmi les mesures phares, il a recommandé de procéder au recensement exhaustif, au plus tard le 15 juin 2024, du matériel antérieurement acquis, de finaliser la cartographie des zones inondables avant la fin du mois de juin, de terminer les travaux en cours dans les zones critiques identifiées dans les départements de Dakar, de Pikine, de Fatick et de Mbacké ainsi que dans la ville de Sédhiou et de mettre à jour le recensement exhaustif et la catégorisation des moyens publics et privés mobilisables sur l’ensemble du territoire national en cas de fortes inondations susceptibles d'entraîner le déclenchement du plan Orsec.

Il souhaite également la mise en place d'un dispositif de pompage performant en prépositionnant des motopompes de grande capacité sur les points endémiques déjà identifiés, d'assurer le ramassage du matériel déployé au plus tard à la fin du mois de novembre 2024, de veiller à la finalisation, au cours du mois de juin 2024, des opérations préhivernage, notamment le curage de canaux, le faucardage de bassins et de réceptacles, l’entretien des lacs et marigots, ainsi que la maintenance du matériel et des équipements de pompage, et de veiller à l’opérationnalisation de la police de l’assainissement.

Monsieur Sonko demande de mettre en place un dispositif de communication pour assurer une large diffusion et une diffusion rapide des informations utiles, notamment en termes de sensibilisation et d'alerte précoce, de résorber les arriérés de paiement sur les factures dues aux entreprises exécutant des travaux d'assainissement des eaux pluviales et de payer sans retard les nouvelles factures, de prévoir un dispositif spécial de gestion des eaux pluviales au niveau des principales cités religieuses en perspective du Magal et du Gamou, ainsi qu’au niveau des centres d'examens scolaires exposés aux inondations, de mobiliser les moyens disponibles pour la prise en charge d'éventuels sinistrés et de veiller à la dotation de tous les points vulnérables recensés en paratonnerres et autres équipements de protection civile nécessaires.

Enfin, le Premier ministre recommande de mobiliser les moyens nécessaires pour la désinfection permanente des zones inondées et des bassins de rétention d’eaux pluviales, et de renforcer les moyens financiers des structures opérationnelles.

Un audit de l’enveloppe de 717 milliards F CFA injectés par l’État dans le cadre de la lutte contre les inondations

Par ailleurs, le Premier ministre a annoncé qu'après la gestion de cet hivernage qui s'annonce déjà difficile, ils travailleront sur des réponses plus durables, qui nécessiteront inévitablement un changement de comportement, une amélioration de la connaissance du risque d'inondation et une gestion plus efficace et transparente de cette problématique.

Les résultats du recensement effectué en 2022 à Dakar, sous la conduite du gouverneur, ont fait ressortir 3 546 cas d'occupation de voies naturelles de drainage, de zones humides, dont des lacs, et d'emprises d'ouvrages d'assainissement des eaux pluviales. La poussée démographique et l'installation de populations dans ces zones non ædificandi, le déplacement du front urbain vers de nouvelles zones ainsi que les agressions constatées sur des voies et des exutoires naturels des eaux pluviales justifient, selon lui, l'importance du facteur humain dans ces inondations.

Plus préoccupant encore, ces occupations font souvent l'objet d'un aménagement impliquant certains services de l'État. ‘’L'enveloppe de 717 milliards F CFA injectés par l'État dans la construction d'ouvrages de drainage, de stockage et de pompage des eaux pluviales, dans la restructuration de zones inondables ainsi que dans le relogement de sinistrés, sans pour autant réussir à atteindre les résultats escomptés, les interpelle et fera l’objet d’un audit approfondi’’, a-t-il promis.

"Le spectacle désolant auquel nous assistons chaque saison des pluies, avec des familles entières sinistrées qui perdent l’investissement d’une vie dans les eaux, sans oublier la paralysie de l'activité économique et ses conséquences sur la croissance du pays, n'est pas une fatalité. C'est pourquoi nous devons désormais construire des solutions durables et résilientes. Cela passe par le strict respect de l'ensemble des textes relatifs à la gestion foncière et à l'occupation du sol, mais également par une gestion transparente des inondations", a soutenu le Premier ministre.

Il a annoncé que le 1er juin prochain, une journée citoyenne sera présidée par le chef de l’État Bassirou Diomaye Diakhar Faye. Elle aura pour objectif de curer et nettoyer en prévision de l’hivernage.

CHEIKH THIAM

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