Publié le 27 Jul 2012 - 18:10
INTERVENTION MILITAIRE AU NORD-MALI

Les Etats-Unis y sont opposés dans les conditions actuelles

 

Un gouvernement légitime et démocratique au pouvoir au Mali est un préalable politique à toute intervention militaire africaine (ou internationale) contre Aqmi et sa franchise Ansar-ad dîne au Nord-Mali. C'est l'avis du Commandant des forces américaines en Afrique, Carter Ham, dont c’était la seconde visite à Dakar en l’espace d’un mois.

 

 

Le débat actuel sur ce que pourraient être les contours d’une éventuelle intervention militaire de la Cedeao dans le Nord-Mali, où les villes de Gao, Tombouctou et Kidal de facto administrées par Al Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) au travers de sa ''franchise'' Ansar Ad-dîne, a peut-être un éclairage important avec la sortie du Général Carter Ham, Commandant des Forces américaines en Afrique (AFRICOM). Au cours d’un point de presse tenu hier à Dakar, l’officier supérieur américain a indiqué, dans un langage tout à fait diplomatique, qu’une intervention militaire, avec les conditions politiques en vigueur actuellement à Bamako, n’est pas une bonne idée.

 

Selon le Général Ham, ''le rétablissement d’un pouvoir légitime et démocratique'' sur l’ensemble du territoire malien est un préalable incontournable. ''Nous soutenons les efforts actuels de la Cedeao'' pour mettre un terme à l’occupation d’une partie du territoire malien par des ''terroristes et combattants étrangers'', a souligné le Commandant d’Africom. ''Mais cela ne veut pas dire que nous sommes favorables à une intervention militaire. L’envoi de troupes dans ces régions créerait beaucoup plus de problèmes qu’il n’apporterait de solutions'', a ajouté le Général Ham.

 

Aujourd’hui, la position américaine est que la Cedeao, à travers ses chefs d’État et son Comité de chefs d’État-major, poursuive ses efforts politiques pour rendre le projet d’intervention militaire au Nord-Mali plus consistant, mieux structuré en termes de logistique et d’agenda (même si toute guerre a son côté aléatoire), en synergie avec le Conseil de sécurité des Nations-Unies et les partenaires africains de la communauté internationale. Au passage, le Commandant d’Africom a rappelé que les États-Unis ne cherchent pas à profiter de la situation pour s’établir dans la région. ''Une intervention militaire serait du ressort de la Cedeao. Notre rôle est juste d’apporter des conseils et de la logistique en cas de demande.''

 

''Aqmi est devenue plus forte''

 

Concernant la situation sur le terrain, le Général Carter Ham a réaffirmé l’existence d’une connexion ''nette et claire'' entre ''criminels et terroristes'' venus d’un peu partout. ''Des mercenaires sont probablement présents au Nord-Mali'', a-t-il indiqué. ''Les routes sont utilisées pour le transfert d’armes et d’explosifs, et les kidnappings suivis de demandes de rançons ont permis de financer les actions de Aqmi et d’Ansar-ad dîne'' dans cet espace saharo-sahélien où ''le trafic de drogue'' constitue également une source de revenus pour les mouvements terroristes dont Aqmi.

 

Dans la foulée, le Général Ham a dit ne pouvoir confirmer la présence de ''combattants armés'' qui seraient venus d’Afghanistan et/ou du Pakistan. Ni même leur nombre qui serait toutefois compris entre quelques dizaines et ''plus ou moins des centaines'' d’éléments. Ce qui est réel à ses yeux, c’est que Aqmi est devenue ''la force dominante dans le Nord-Mali'', une région où elle est présente et tisse sa toile ''depuis plusieurs années''. Simplement, ''elle est devenus plus forte'' eu égard aux ressources dont elle peut disposer. Selon l’officier supérieur Us, ''il est donc trop facile'' d’imputer la crise malienne actuelle aux conséquences de l’intervention militaire de l’OTAN en Libye sous le label de l’Onu, avec la fuite d’hommes et de matériels vers le Nord-Mali. ''C’est un peu plus complexe que cela'', a tenté d’expliquer le Général Ham pour qui il n’y a pas eu de ''cause directe''.

 

MOMAR DIENG

 

 

Section: 
DONALD TRUMP CONVOQUE UN MINI-SOMMET AFRIQUE-USA À WASHINGTON : Enjeux minéraux, sécurité et diplomatie ciblée
ATTAQUES DU 1ER JUILLET : Bamako pointe des “sponsors étatiques” sans preuve  
MALI : Attaques jihadistes massives aux portes du Sénégal, une alerte ignorée ?
RÉPRESSION VIOLENTE AU TOGO : Trois jours de sang et de silence
L'AFRIQUE QUI BRULE ET CELLE QU'ON APAISE : Togo, Kenya, RDC-Rwanda, trois secousses, un même mépris
SONKO EN CHINE : Diplomatie active, accords concrets et nouvelle ère stratégique
CONFLIT IRAN-ISRAËL : Trêve fragile
CRISE NUCLÉAIRE : L’Ambassadeur d’Iran à Dakar interpelle la communauté internationale
RIPOSTE IRANIENNE CONTRE AL-UDEID : L'offensive de Téhéran bouleverse l’équilibre régional
ISRAËL-IRAN : Guerre préventive ou civilisationnelle ? 
EMPLOIS DANS LE MONDE EN 2025 : 53 millions seront créés, soit sept millions de moins que prévu
DIOMAYE PRESSENTI, BIO DÉSIGNÉ : Les coulisses d’un choix inattendu à la tête de la CEDEAO
YUVAL WAKS (AMBASSADEUR D’ISRAËL AU SÉNÉGAL) : ‘’S’il y a une réaction de l’État du Sénégal…’’
CRISE AU MOYEN-ORIENT ET ENVOLÉE DU BRUT : Le paradoxe pétrolier sénégalais
CONFLIT ENTRE ISRAEL ET L’IRAN : Péril sur l'ordre international
CYBERCRIMINALITE – DEMANTELEMENT RESEAU DE VOLEURS : Interpol neutralise plus de 20 000 adresses IP
MOUHAMADOU BASSIROU POUYE, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL AFRICAIN DU CONSEIL D’AFFAIRES CHINE-AFRIQUE DE YIWU : ‘’La visite du Premier ministre va incontestablement redynamiser les échanges bilatéraux’’
En Afrique, le « travel ban » à géométrie variable de Donald Trump
SHARREN HASKEL (VICE-MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES D'ISRAËL) : "Si le Hamas nous rend les otages, il y aura la paix, sinon..."
CAUSE PALESTINIENNE : Les “amis de la Palestine” fustigent l'interdiction de leur sit-in