Washington met en garde la Cedeao
Les Etats-Unis ont mis en garde vendredi la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao, 15 pays) contre une éventuelle intervention dans le Nord du Mali, tombé aux mains d'islamistes armés.
Lors d'une audition au Congrès, le secrétaire d'Etat adjoint chargé des questions africaines, Johnnie Carson, a apporté son appui à la Cédéao, actuellement réunie en sommet en Côte d'Ivoire, dans son projet d'envoyer une force de 3.300 hommes au Mali. Mais M. Carson a estimé que ce contingent devrait s'efforcer de stabiliser le Sud du pays et ne pas s'aventurer dans le Nord.
"Il faut se rendre compte que le gouvernement au Sud n'a plus de force armée digne de ce nom", a déclaré M. Carson devant la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants. "Il a perdu la moitié de son équipement quand il a quitté le Nord.' "Une éventuelle reconquête du Nord serait une entreprise très lourde pour la Cédéao", a averti M. Carson, soulignant qu'une éventuelle mission dans cette partie du pays devrait être préparée très soigneusement et disposer de ressources en conséquence.
Les islamistes renforcent leur emprise
La Cédéao, dont les dirigeants se sont retrouvés en sommet vendredi à Yamoussoukro, prépare l'envoi éventuel d'une force de quelque 3.300 hommes au Mali. Mais elle a besoin, avec l'Union africaine (UA), d'un soutien international à une telle opération, et d'un appui notamment logistique des Etats-Unis et de la France. Un premier projet a été jugé beaucoup trop imprécis au Conseil de sécurité de l'ONU, et la Cédéao revoit sa copie.
Les islamistes viennent de renforcer spectaculairement leur emprise sur le Nord du Mali, qu'ils ont conquis avec la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) depuis fin mars, chassant mercredi et jeudi le MNLA de Gao (nord-est) et Tombouctou (nord-ouest).
Pas dangereux pour les États-Unis
Devant les parlementaires, M. Carson a plaidé pour une solution politique au Mali, estimant qu'il n'y aurait pas de solution durable aux problèmes du Nord du Mali sans un interlocuteur légitime à Bamako. Il lui a paru crucial de répondre aux demandes légitimes de la rébellion touareg et de soutenir des négociations avec des mouvements prêts à dialoguer avec Bamako.
Le responsable de la diplomatie américaine a qualifié Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et le mouvement islamiste Ansar Dine de dangereux et mortels, tout en soulignant qu'ils étaient relativement petits et ne faisaient pas peser de menace sur les Etats-Unis. Ils ne sont pas représentatifs de l'immense majorité des Maliens du Nord, a-t-il observé, notant que ces mouvements étaient nourris par l'apport d'étrangers venus de pays de la région comme l'Algérie, la Libye et la Mauritanie. "Comme l'Algérie a réglé efficacement les problèmes de l'extrémisme islamiste et du terrorisme, beaucoup de gens ont traversé la frontière pour passer au Mali, un territoire immense et très peu peuplé", a observé M. Carson.
JeuneAfrique