Publié le 26 Jul 2023 - 22:14
KANEL

Les populations se braquent contre la SDE-R 

 

Les populations de Kanel, soutenues par leurs ressortissants de la diaspora, se sont dressées contre la Sénégalaise des eaux-Rural, chargée de la gestion de l’eau dans la capitale départementale. Elles tapent sur la table pour voir les clauses du contrat d’exploitation, au risque de ne plus payer les factures.

 

Trois mois de gestion et ce n’est toujours pas le grand amour entre la Sénégalaise des eaux-Rural et une frange importante de la population de la commune de Kanel. Et pour cause ! La SDE-R, qui a pris en main la gestion de l’eau dans la commune de Kanel au détriment de l’Asufor, est fortement décriée. Après leurs premières contestations qui n’ont pas eu les résultats escomptés, les Kanelois ont décidé de s’organiser pour mieux défendre leurs intérêts.

Avec l’appui de leurs ressortissants de la diaspora, notamment ceux de la France, ils ont mis sur pied un comité de veille et de suivi dont l’objectif est d’accentuer la pression sur les autorités pour la divulgation des clauses du contrat. ‘’La raison de notre présence ici (NDLR : Kanel) fait suite à la décision de l’État, via l’Ofor (Office des forages ruraux) de donner la gestion des forages à la SDE-R. Ceci a engendré pas mal de soucis dans la ville de Kanel et ça nous a interpellés au niveau de la France. On s’est dit qu’il faudrait envoyer une délégation pour voir ce qui se passe réellement’’, explique Ousmane Sao, le secrétaire général de l’Association des ressortissants de Kanel en France (ARKF).

En effet, pour harmoniser leurs positions, ces populations ont initié une grande journée de réflexion, le dimanche dernier, en présence de la délégation de la diaspora, avec l’aval du premier magistrat de la ville, Mamadou Sadio Diallo. ‘’Nous avons écouté toutes les doléances par représentativité, les associations, les imams, les autorités, la jeunesse, les ASC pour essayer ensemble de trouver la solution. C’est cela qui nous a amenés, après toutes ces consultations, à monter ce comité de veille et de suivi qui va continuer le combat auprès des autorités de l’Ofor et de la SDE-R pour trouver la solution la mieux adaptée pour les Kanelois’’, ajoute le SG de l’ARKF.

À l’issue de leurs assises, ces populations n’avaient qu’un seul refrain : la divulgation du contrat. ‘’Nous réclamons à l’unanimité le contrat. Vous (la SDE-R) travaillez chez nous, vous nous apportez un service que l’État vous a délégué. Que dit le contrat ? Ils l’ont dit, mais ça ne nous suffit pas. Nous voulons voir le contrat signé entre l’Ofor et la SDE-R qui concerne toutes les communes de la région (NDLR : sauf Matam-commune) et Kanel en fait partie. Ourossogui est en phase avec la SDE-R, mais nous, nous ne le sommes pas pour l’instant, parce que nous n’avons pas vu le contrat. Nous ne savons pas de façon claire et précise ce qu’ils vont faire à Kanel’’, fustige Ousmane Sao.

En effet, la région de Matam a officiellement tourné la page des comités de pilotage des forages (Copifor), le 16 mars dernier, pour entrer dans la Délégation de service public (DSP).

Désormais, l’exploitation de l’ensemble des ouvrages est confiée à la Sénégalaise des eaux-Rural (SDE-R) sur toute l’étendue du territoire régional, à l’exception de la commune de Matam gérée par le Sen’Eau. La passation de pouvoir entre l’Asufor et la SDE-R est déjà effectuée dans les communes de Kanel, mais les populations continuent de décrier la démarche verticale des autorités : ‘’Nous voulons dire aux Sénégalais que la SDE-R est venue confisquer nos forages sans aucune concertation véritable, en nous plongeant dans le blackout total sur les contours du contrat’’, martèle Ibrahima Ly de la délégation venue de la France.

Selon Wouldou Daff, un des meneurs de la lutte, les forages sont exclusivement l’œuvre des populations de Kanel. ‘’Les fils de Kanel d’ici et d’ailleurs ont investi plus de 300 millions de francs CFA pour construire les forages. Ils étaient même disposés à investir encore 30 millions pour la solarisation des forages, afin de diminuer le coût de l’eau pour les populations. Alors, si la SDE-R veut s’approprier la gestion des forages, il est normal que nous connaissions les termes du contrat. Si ça nous arrange, on valide, si ce n’est pas le cas, on annule, c’est tout’’, affirme-t-il.

Pour l’heure, le comité de veille et de suivi mis sur pied n’a pas encore donné de deadline aux autorités, mais il menace de ne plus payer les factures, si la SDE-R n’accède pas à sa demande de divulguer les clauses du contrat d’exploitation.

Djibril Ba

 

Section: