La Dnlt démantèle un réseau de trafic de migrants
La police a mis aux arrêts 6 personnes dont des convoyeurs et de grands commerçants, après avoir démantelé un vaste réseau de trafic de migrants. Le cerveau de la bande est localisé au Maroc. La bande a fait voyager 110 personnes, en l’espace de 3 mois, moyennant 1,5 million de F Cfa par candidat.
Au mois de juillet dernier, deux frères, souhaitant se rendre en Espagne, ont pris langue avec des convoyeurs. Ils se sont entendus sur la somme de 1,5 million de francs Cfa chacun. Un montant qu’ils devraient envoyer, une fois arrivée au Maroc par avion, avant de rallier les côtes espagnoles par pirogue.
Arrivés au Maroc, ils n’ont pas respecté leur part du contrat. En guise de représailles, les convoyeurs les ont séquestrés pendant plusieurs jours. Quand leurs parents ont eu vent de cela, ils ont déboursé, après de rudes pourparlers, la somme de 2,5 millions de F Cfa.
Un des frères a été libéré. L’autre est resté entre les mains des convoyeurs, le temps de recevoir le reliquat de 500 000 F Cfa. Mais les proches du ‘’kidnappé’’ ont porté l’affaire devant la Division de lutte contre le trafic de migrants et pratiques assimilés (Dnlt), une entité de la Direction de la police de l’air et des frontières (Dpaf) de la police nationale. Une enquête a été ouverte par les hommes du commissaire Abdou Wahab Sall.
A la suite de réquisition et de poursuite d’indices, des pistes ont mené les enquêteurs jusqu’à Louga, la capitale du Ndiambour.
Selon nos informations, c’est de là que tous les candidats partaient pour l’aventure. Les investigations des enquêteurs ont permis de découvrir les ramifications de ce réseau de trafiquants de migrants.
En effet, comme pour les deux frères, une fois que le candidat et les convoyeurs tombaient d’accord sur le prix du voyage (1,5 million), ces derniers s’arrangeaient pour l’amener au Maroc. Là-bas, il devait payer, puis était été entièrement pris en charge. Le paiement se fait par le système Hawala. Il permet de faire circuler l'argent par un réseau d'agents de change (les hawaladars). Donc, un client donne une somme d'argent à l'un de ces agents qui contacte l'agent le plus proche du destinataire de cette somme et lui demande de lui verser cette somme (moins une commission, généralement) en échange de la promesse de la lui rembourser plus tard. Ainsi, tous les maillons de la chaine recevaient leur part, y compris le cerveau qui se trouve dans le royaume chérifien.
La suite des investigations a permis aux limiers de mettre la main sur 6 personnes. Il s’agit de convoyeurs, de grands commerçants qui habitent à Dakar, de démarcheurs et d’intermédiaires. Au fur et à mesure que l’enquête avance, des secrets sont découverts. Ceci a permis de constater qu’en espace de 3 mois, autrement dit entre juin, juillet et août, plus de 110 personnes ont rejoint l’Espagne, à travers ce réseau. Soit une manne financière de 165 millions de F Cfa. Le cerveau de la bande est localisé au Maroc. Selon nos sources, il fait l’objet d’intenses recherches par les enquêteurs de la Dnlt. Son arrestation ne serait qu’une question de jours, car les relations diplomatiques et sécuritaires entre les deux pays vont être prises en compte. D’après toujours nos interlocuteurs, il aurait bénéficié de l’aide d’agents des forces de l’ordre du Maroc pour continuer son business sans souci.
L’autre frère a aussi été libéré, quand il a su que ses complices ont maille à partir avec la justice.
L’affaire est gérée par le juge d’instruction
Au terme de leur période de garde à vue, les 6 mis en cause ont été remis au parquet qui a émis un mandat de dépôt contre eux. Ils sont poursuivis pour association de malfaiteurs, séquestration, extorsion de fonds, trafic de migrants, blanchiment de capitaux. Aux dernières nouvelles, l’affaire, qui suit son cours, est en instruction.
CHEIKH THIAM