Publié le 13 Oct 2022 - 19:51
MALI

Un avant-projet de nouvelle Constitution présenté à Assimi Goïta

 

Au Mali, l’avant-projet de nouvelle Constitution a été remis mardi 11 octobre au président de transition, le colonel Assimi Goïta, qui a rappelé l’objectif de cette nouvelle loi fondamentale : « repartir sur de nouvelles bases » avec « l’espoir commun d’une démocratie rénovée et d’un État mieux organisé ». 

 

Le président de la Commission qui l’a rédigé, Fousseyni Samaké, en a présenté les principales nouveautés sur l’ORTM, la télévision d’État mardi. Il comporte 195 articles contre 122 pour la Constitution actuelle, qui date de 1992. Sur le fond, ce nouveau texte, rendu public par la présidence malienne ce mercredi, apporte plusieurs changements.

D’abord, il met en avant « l’affirmation claire du caractère unitaire de l’État malien », une manière d'assurer noir sur blanc que le Mali ne sera jamais un État fédéral. Cette possibilité avait été proposée par certains pour mettre un terme aux rébellions indépendantistes dans le Nord, mais une telle fédération n’est pas prévue par l’accord de paix conclu en 2015. Cela ne sera donc désormais même plus envisageable, à moins de modifier encore la Constitution.

Langues et laïcité

Le Mali a actuellement le français comme langue officielle utilisée dans l’administration et treize langues nationales, parlées et enseignées dans le pays : le bambara, le peul, le songhaï, le tamachek, l’arabe... La nouvelle Constitution prévoit que ces langues « ont vocation à devenir des langues officielles » et que « l’État peut adopter, par la loi, toute autre langue étrangère comme langue d’expression officielle ».

Concernant la laïcité, une question épineuse au Mali, pays très religieux, le nouveau texte, selon ses rédacteurs, vient « clarifier » la « conception malienne » de la notion de « République laïque ». La nouvelle Constitution prévoit ainsi que « la laïcité a pour objectif de promouvoir et conforter le vivre-ensemble dans la société, fondée sur la tolérance, le dialogue et la compréhension mutuelle. Pour l’application de ce principe, l’État garantit le respect de toutes les croyances ainsi que la liberté de conscience, de religion et le libre exercice des cultes ».

Changement dans les institutions

Pour ce qui concerne les institutions, le document promet « beaucoup d’innovations ». L'Assemblée nationale unique sera remplacée par un Parlement à deux chambres, avec la création d'un Haut Conseil de la Nation, l’équivalent d’un Sénat.

À noter également que le Parlement ne pourra plus renverser le gouvernement et le président de la République ne pourra plus dissoudre l’Assemblée. Une Cour des comptes, dont le rôle sera de contrôler l’utilisation de l’argent public, sera également créée. Le Conseil économique social et culturel sera dorénavant aussi environnemental. Et des suppressions sont également mentionnées, comme celles de la Haute Cour de justice et du Haut Conseil des collectivités.

Dans l’exécutif, ce n’est plus le Premier ministre mais le président de la République qui déterminera la politique de la nation, et le gouvernement sera chargé de conduire celle-ci. Un changement qui vient, selon les rédacteurs du nouveau texte, rétablir un état de fait et mettre le chef de l’État devant ses responsabilités. Pour le gouvernement, le nombre limite des membres (ministres, secrétaires d’État ou « quelle que soit leur dénomination ») sera fixé à 29.

Justice traditionnelle 

Côté judiciaire, les modes de justice traditionnels ou alternatifs – sans doute faut-il comprendre « religieux » – sont autorisés. De fait déjà utilisés dans beaucoup d’endroits du territoire, une loi viendra préciser leur champ d’action. Autre nouveauté : le Conseil supérieur de la magistrature pourra être saisi par les citoyens et la Cour constitutionnelle verra certaines de ses attributions modifiées, sans que l'on sache encore lesquelles.

Des procédures de destitution seront introduites pour le président de la République, ainsi que pour les présidents de l’Assemblée et du futur Haut Conseil de la Nation.

Le texte devra être soumis au Conseil des ministres et au Conseil national de transition, puis aux Maliens eux-mêmes, qui décideront de valider, ou non, cette nouvelle Constitution lors d’un référendum prévu en mars 2023.

Rfi

 

Section: 
PHÉNOMÈNE DE RETOUR AU POUVOIR D’ANCIENS DIRIGEANTS : Ces éternels ‘’phénix’’ à la reconquête du pouvoir  
Afrique du Sud : 4 500 mineurs illégaux coincés sous terre et assiégés par la police
Génocide des Tutsis : La justice administrative « incompétente » pour juger l’Etat français
Critiques au Mali
États-Unis : Les contours de la future politique étrangère de Donald Trump se dessinent
SOMMET ARABO-ISLAMIQUE DE RIYAD : Des actions concrètes contre l'agression israélienne  
ÉLECTION AMÉRICAINE - DONALD TRUMP ET L'AFRIQUE : Un ‘’Reset’’ face aux nouveaux défis géopolitiques
Ghana : Le Parlement suspendu pour une durée indéterminée à cause d'un différend juridique
Turquie  : L’attaque armée d’un bâtiment de l’industrie de la défense fait cinq morts et vingt-deux blessés près d’Ankara
Mali : Pas de liberté provisoire pour l'économiste Etienne Fakaba Sissoko
ELECTIONS AU TCHAD : Succès Masra hésite encore à participer aux élections législatives
DIPLOMATIE SENEGALAISE : Les errements de la tutelle
Cameroun : Face aux rumeurs, le gouvernement communique sur l'état de santé du président Paul Biya
EXIGENCE DE LA CARTE DE SÉCURITÉ SOCIALE : Le calvaire des Sénégalais vivant au Maroc
FRAPPES ISRAÉLIENNES À BÉZIERS : Des Libano-Sénégalais parmi les victimes
DEUX ATTAQUES REVENDIQUÉES PAR LE JNIM SECOUENT BAMAKO : Un nouveau chapitre de violence jihadiste au Mali
EXTRÉMISME VIOLENT : Confidences et analyses sur les facteurs de radicalisation des jeunes au Bénin
ISRAËL: Découverte à Gaza des corps de six captifs du 7 octobre, la centrale syndicale décrète une «grève générale»
Burkina Faso : Une partie des paramilitaires russes de la Brigade Bear quittent le pays
Drame en RDC