‘’Le gouvernement a mis de l’argent, mais il y a des difficultés…’’
A l’occasion de la pose de la première pierre du centre de recherches et d’essais de Médina Yéro Foula et le lancement des travaux du centre universitaire et l’espace numérique ouvert (ENO) de Kolda, le vendredi 15 mai dernier, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Mary Teuw Niane, a accordé un entretien au journal EnQuête. Il est revenu sur les montants mobilisés pour les infrastructures tout en reconnaissant les difficultés pour achever certains travaux. Il a répondu à ceux qui accusent l’Etat de créer de nouvelles entités sans rien faire pour les anciennes.
Vous êtes dans la région de Kolda pour lancer les travaux du centre universitaire de Kolda. Quelle est sa particularité ?
Le Président Macky Sall veut que la carte universitaire du Sénégal devienne une réalité dans la région de Kolda d’ici deux ans. Car Kolda est une région universitaire. Et nous pensons qu’avec ces projets importants, la région du Fouladou pourra bientôt sortir de l’ornière. Parce que le centre universitaire va enseigner les filières liées à l’agropastoral, à la psychologie, à la philosophie et au management. Et tout cela, ce sont des filières bien en ancrage avec le Plan Sénégal Emergent. Et l’université virtuelle évidemment qui est là depuis maintenant deux ans, entre aussi dans cette perspective.
A quand le démarrage des travaux du centre universitaire de Kolda ?
L’entreprise qui a gagné les travaux nous a annoncé que dès le 18 mai (Ndlr aujourd’hui), elle procédera aux travaux pour les fondations de l’Espace Numérique Ouvert de Kolda.
Depuis l’arrivée au pouvoir du Président Macky Sall, l’on constate qu’il y a plusieurs projets qui ont été lancés, mais les travaux sont toujours inachevés. Une situation qui a poussé d’ailleurs les étudiants de l’université Assane Seck de Ziguinchor à descendre dans la rue. Est-ce qu’aujourd’hui toutes les mesures sont prises pour que le centre universitaire de Kolda ne soit pas aussi victime de cette situation-là ?
Les travaux qui ne sont pas achevés, ce sont des travaux qui ont démarré autour des années 2006 2007 et 2008. Ces travaux, particulièrement à l’université de Ziguinchor, sont pilotés aujourd’hui par l’agence de construction de bâtiments et édifices publics créée en 2011. Auparavant, il a fallu résilier plusieurs fois les contrats avec les entreprises. Parce que les travaux n’étaient pas pilotés par cette agence. Donc, ce sont des chantiers à problèmes et nous essayons de les terminer à travers cette agence. Ce que je peux vous dire, c’est que le ministère de l’Enseignement supérieur, à travers le budget consolidé d’investissement, a assuré la couverture financière pour terminer tous les chantiers. Parce que l’argent est disponible.
C’est une question de management et de gestion liée à l’attribution de ces chantiers qui malheureusement nous échappe. Mais nous faisons le maximum pour terminer les chantiers en question. D’ailleurs, il y a beaucoup de chantiers déjà terminés. Mais il y en a encore qui restent. Par exemple à Ziguinchor et à Bambey où la bibliothèque n’est pas encore terminée. Il reste aussi le bâtiment de l’Institut supérieur technique (IST) à l’université de Thiès, l’auberge des jeunes et le palais des congrès à Thiès ainsi que le bâtiment de la Faculté de Médecine Pharmacie Odontologie de Dakar. Donc, il n’y a pas que Ziguinchor qui est concerné par ces retards dans l’achèvement des travaux déjà entamés. C’est beaucoup d’institutions. Le gouvernement a mis de l’argent, mais il y a des difficultés à ce niveau que l’Agence de construction de bâtiments et édifices publics essaie de surmonter.
Est-ce que le bornage sur le site du centre universitaire de Kolda a été fait. Parce qu’il semblerait qu’un problème se soit posé entre la commune de Kolda et celle de Dioulacolon ?
Le bornage a été fait. D’ailleurs, l’entreprise a fait le terrassement. Donc, nous pouvons dire que les choses vont aller normalement. Les travaux de construction du centre universitaire de Kolda s’articulent autour de la construction d’unité de recherche et de la formation comprenant deux amphithéâtres. Un bloc pédagogique, un bloc administratif et un centre médico-social. Le montant du marché est de 879 millions 800 177 francs CFA. Le délai d’exécution prévisionnel est de douze mois. En ce qui concerne les travaux de l’espace numérique ouvert, le montant est de 299 millions 306 228 francs. Le délai d’exécution prévisionnel est de huit mois.
Avant de créer un centre universitaire à Kolda, est-ce que vous avez pris langue avec les populations de la région qui réclament une université digne de ce nom ?
Vous savez, le Sénégal procède étape par étape. Quand vous n’avez pas encore des structures universitaires dans une région comme Kolda, créer deux unités de formation et de recherches et qui ne sont pas des unités de formation et de recherches bateau, c’est extrêmement important. L’une des filières, c’est l’agro-silvopastoral, c’est plein dans les potentialités économiques de cette région. La seconde filière, C’est la psychologie. Faites le tour des universités sénégalaises, il n’y a pas de filières complètes de formation dans les métiers de psychologie. Donc, la région de Kolda va devenir le pôle de formation dans les métiers de la psychologie dans notre pays. Et ceci évidemment montre combien de fois le président de la République Macky Sall attache de l’importance à cette région de Kolda. J’appelle toutes les populations à faire leurs ces projets, à les accompagner et à se dire que le président de la République est en train de respecter ses promesses à travers ces projets dont les travaux sont en cours. Une raison supplémentaire de l’accompagner et de l’appuyer pour que le plan Sénégal Emergent (PSE) puisse réussir.
Peut-on savoir comment le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche va gérer les nouveaux chantiers ?
Ces nouveaux chantiers, pour le ministère de l’Enseignement supérieur, sont gérés de deux manières. Le centre universitaire et l’espace numérique ouvert de Kolda, c’est l’agence de construction qui en est maître d’œuvre délégué. Par contre, pour le centre de recherches et d’essais de Médina Yéro Foula, c’est la nouvelle direction de maintenance construction des établissements d’enseignement supérieur qui est une direction du ministère qui en est maître d’œuvre.
Pour tous ces chantiers, il y a la couverture financière. Et nous suivons les travaux puisqu’il ne doit pas y avoir des difficultés dès lors que l’entreprise sait que si elle effectue des travaux et fait les décomptes, elle sera payée. C’est ça qui fait que nous avons bon espoir. L’autre chose aussi, c’est que nous allons surveiller de manière rapprochée ces chantiers-là. Je suis là au démarrage et je vais être là à chaque trimestre. Le gouverneur, le préfet et le service de l’urbanisme sont là pour suivre les travaux. D’ailleurs, l’agence a mis un technicien pour que nous puissions assurer une surveillance et faire des alertes si nécessaire.
Certaines personnes disent qu’il n’y a pas d’efforts qui aient été faits pour les universités existantes. Qu’en dites-vous ?
Ceci est faux. Parce que dans le cadre du renforcement de la carte universitaire, le gouvernement ne fait pas que créer de nouvelles universités ou des espaces numériques ouverts entre autres. Il s’occupe aussi des institutions existantes. A l’heure où je vous parle, tous les marchés des cinq (5) universités sont attribués et la DCMP a donné son accord. Ces marchés concernent cinq (5) lots pour la réhabilitation des amphithéâtres à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD). Les amphithéâtres, les bâtiments de l’office du Bac, l’auditorium et le rectorat de l’Ucad.
Ces marchés sont attribués et les travaux vont démarrer incessamment. Des chantiers ont aussi été ouverts pour les extensions de l’université de Ziguinchor, de Thiès, de Saint-Louis et Alioune Diop de Bambey. C’est un montant de l’ordre de vingt-sept milliards de nos francs que l’Etat du Sénégal met sous la forme d’un prêt provenant de la Banque mondiale pour construire de nouveaux bâtiments ou pour réhabiliter les bâtiments existants. Donc, c’est un effort sans précédent dans l’effort global que le président de la République, Macky Sall, est en train de faire pour que notre enseignement supérieur puisse évidemment répondre à la demande de nos bacheliers et bachelières.
EMMANUEL BOUBA YANGA (KOLDA)