Publié le 12 Jul 2023 - 19:47
PAPA MAHAWA DIOUF (PORTE-PAROLE BBY)

''Nous avons une coalition très forte constituée de leaders politiques aguerris''

 

Le directeur général de l’Agence sénégalaise de promotion touristique (ASPT), par ailleurs porte-parole de Benno Bokk Yaakaar, indique que les membres de l'Alliance pour la République et leurs alliés de la coalition Benno Bokk Yaakaar se rangeront dernier le candidat qu'aura choisi Macky Sall pour l'élection du 24 février 2024. Papa Mahawa Diouf   répond sèchement à Ousmane Sonko qui dit qu'il n'y aura pas d'élection sans lui. Il invite l'État à ne ménager aucun effort pour faire respecter l'État de droit. Dans cet entretien accordé à ''EnQuête'', M. Diouf, qui salue la démocratie sénégalaise, croit ferme que Khalifa Sall et Karim Wade recouvreront leurs droits civiques. Entretien !

 

Le président Macky Sall a finalement annoncé qu’il ne participera pas à l’élection présidentielle de 2024. N’êtes-vous pas surpris par une telle décision, après l’intense lobbying fait par la base et les responsables pour qu’il brigue un deuxième quinquennat ? 

 Le président Macky Sall, à travers son adresse à la Nation du 3 juillet dernier, a fait plonger notre modèle démocratique dans une nouvelle dimension, par la puissance de son discours, par la justesse de ses mots et par le rappel édifiant et éclairé du contexte dans lequel nous sommes. Il a séduit tous les démocrates du monde et tout le peuple sénégalais a exprimé de plusieurs manières sa satisfaction. Cela ne nous surprend pas de l’homme Macky Sall. Il faut se souvenir qu’en 2018 déjà, il avait choisi, lorsque le contexte politique le dictait selon son propre jugement, de renoncer à tous les mandats électifs qu’il avait obtenus de son parti d’alors, le PDS (Parti démocratique sénégalais) pour aller reconquérir en allant à la rencontre du peuple sénégalais, d’abord la mairie, mais aussi conquérir la présidence de la République, le suffrage universel et la confiance des Sénégalais.

Donc, ce n’est pas la première fois que l’homme d’État exceptionnel, l’homme politique Macky Sall montre à la face du monde son rapport avec le pouvoir. Il l’a écrit dans son propre livre : ''Il y a deux façons de comprendre la mission politique. Il y a une perspective jouissive du pouvoir et il y a une perspective sacerdotale du pouvoir.’’ À travers cette adresse à la Nation, il montre que sa perspective à lui, c’est bien la perspective sacerdotale d’un homme au service de son peuple et de son pays.

Une telle décision est commentée dans le monde entier. Cela montre l’importance du Sénégal sur l’échiquier continental, mais aussi cela témoigne des appréhensions qu’a fait naître une troisième candidature qui aurait pu entrainer le pays dans un autre cycle de violence. N'est-ce pas ?

 Le Sénégal a une longue tradition démocratique et électorale. Les Sénégalais votent depuis plusieurs siècles. Ils ont l'habitude de débattre de tous les sujets, que ce soit dans le domaine social, politique ou économique et de façon féconde. Le Sénégal a aussi un modèle de démocratie d'opinion que toute la planète nous envie. Et surtout, nous avons maintenant depuis plusieurs décennies une tradition de transmission démocratique du pouvoir sans violence et surtout dans une continuité de l'État.

Le président Macky Sall s'inscrit donc dans la tradition de ceux qui ont bâti ce pays, qui l’ont doté de cette forme de culture démocratique, cette culture du dialogue, du consensus et du fait que le Sénégal transcende tout, y compris nos propres personnes.

Le président l'a dit lui-même, au-delà de sa personne, il s’agit du Sénégal. Il a conforté cette tradition et a amené cette culture démocratique dans une nouvelle dimension. Les acteurs politiques, les acteurs sociaux à travers le monde et les observateurs ont salué cette posture puisqu'en vérité, il faut le rappeler il avait le droit de se présenter. La question juridique ne se posait pas. Il a choisi lui-même de ne pas être candidat, parce que c'était son choix depuis 2019. Il l'avait déjà dit dans son livre, il l'avait déjà dit à plusieurs reprises et il n'a fait que conforter son statut d’homme d’honneur et de principe.

Aujourd'hui, n’y a-t-il pas un risque d’assister à un éclatement de la coalition Benno Bokk Yaakaar, d’autant que les partis alliés ont le champ libre pour choisir, chacun en ce qui le concerne, son candidat ?

 Le président Macky Sall est à la tête de la plus grande coalition en termes de taille dans l'histoire du Sénégal, une coalition qui a la plus grande longévité en termes de durée d'existence. S'il a pu le réussir, c'est d'abord parce que lui-même, dans sa culture du management, il est dans la gouvernance inclusive. Il partage des stratégies, co-construit un gouvernement avec ses alliés et co-dirige les différentes institutions avec ses alliés. Il est dans la concertation permanente. Cet esprit de BBY s'est magnifié le lundi 10 juillet avec brio parce que toute la coalition s'est dressée comme un seul homme, après avoir salué la posture républicaine profondément démocratique et profondément ancrée dans la tradition démocratique sénégalaise du président Macky Sall.

Benno Bokk Yaakaar lui a redonné totalement la confiance en lui donnant les prérogatives de choisir le porte-étendard qui sera notre candidat aux élections de février 2024. C'est dire qu’on peut faire confiance aux hommes et aux femmes qui composent cette coalition, qui mettent au-devant d'abord le Sénégal, le projet de développement du pays, avec une vision du président Macky Sall et un projet politique clair qu’est le Plan Sénégal émergent, qui a donné des résultats dans le pays que personne ne conteste. 

Comment parachever l'œuvre, comment poursuivre l'ambition d'un Sénégal émergent en 2035, avec quel programme pour continuer cette vision ? C'est à cela qu'adhère la coalition et qu'elle a exprimé. Donc, nous sommes parfaitement confiants quant à la consolidation des acquis de l’œuvre du président Macky Sall et de son gouvernement, en ce qui concerne la coalition BBY.

Avec cette décision du président Sall, on va assister inéluctablement à une reconfiguration du champ politique. Comment la voyez-vous et quel rôle BBY va pouvoir jouer, avec cette nouvelle donne ?

Nous avons une coalition très forte, constituée de leaders politiques aguerris, d'hommes d'État expérimentés qui connaissent le Sénégal et surtout de véritables patriotes qui aiment leur pays et qui mettent au-devant le Sénégal avant toute considération. Nous sommes convaincus que la coalition continuera de jouer son rôle de support politique à un projet qui n'a comme objectif et comme intérêt unique que de servir le peuple sénégalais.

Jusqu'à présent, BBY ne tient pas son candidat. N’êtes-vous pas piégé par les contraintes de temps ?

Il faut juste patienter quelques heures, voire quelques jours. Ça ne va pas tarder ; vous connaîtrez bientôt notre candidat.

Les ‘‘apéristes’’ sont-ils suffisamment préparés pour faire bloc autour de la personne qui sera désignée par Macky Sall pour porter la candidature de la formation politique ?

 Oui, je vous l’ai dit, la coalition s'est rencontrée, s’est mobilisée et a donné confiance au président Macky Sall pour choisir ce candidat et tout le monde sera uni autour de ce candidat. Et ce, après avoir salué sa posture républicaine et profondément démocrate, cette posture de grandeur.

Est-ce qu'il doit être membre fondateur de l'Alliance pour la République (APR) ?

Ce qui est important, c'est la confiance de la majorité présidentielle qui a donné au président carte blanche pour pouvoir justement choisir un candidat pour notre coalition.

Pensez-vous que Khalifa Sall et Karim Wade vont recouvrer leurs droits civiques ?

Oui. Je pense qu'il y a eu un processus qui a été engagé dans le cadre du dialogue. Nous pouvons faire confiance aux acteurs qui vont poursuivre ce processus jusqu'au bout.

Quelle appréciation avez-vous du Dialogue national et de ses résultats ?

La culture du dialogue est une culture profondément ancrée au Sénégal. Ça fait partie de l'ADN de notre modèle démocratique du Sénégal, cette culture du ‘’disso’'. Il l’est encore davantage sous le régime du président Macky Sall parce que justement, dans son ADN de mode de gouvernance, la démarche inclusive est permanente. La concertation est permanente au plan politique, c'est une réalité. Sur le plan de la gouvernance des affaires publiques aussi, c'est une réalité. On se souvient des concertations sur l'enseignement supérieur. C'est justement toutes les réformes qui ont eu lieu dans ce secteur. On se souvient également des concertations sur l'éducation nationale, les concertations sur l'utilisation future des ressources issues des hydrocarbures. Donc, les concertations avec les acteurs de façon inclusive sont une démarche chez lui.  En 2016, il y a eu un dialogue national, il y a eu même une journée dédiée au dialogue national.

Donc, ce n'est pas la première fois que le président appelle tous les acteurs de la vie publique de la société civile, les chefs religieux, tous les acteurs importants de la vie du tissu social, économique, politique et public du pays pour discuter de la chose publique. 

Donc, qu’il le fasse aujourd'hui, ce n’est pas une nouveauté. Le dialogue a permis d'ouvrir des perspectives sur le plan social, économique et politique.

Nous saluons également ce style de gouvernement marqué par l'empreinte du président Macky Sall, de ce souci permanent de la démarche inclusive de discuter avec les autres, de ne jamais se dire : ''Le monopole de la vérité, je le porte seul.'' C'est ça l’ADN de Macky Sall et c'est important de le relever à l'occasion de ce dialogue que nous saluons de vive voix.

Ousmane Sonko accuse les participants au dialogue d’avoir concocté un deal pour l’écarter de l’élection présidentielle de 2024. Quelle réponse apportez-vous à cette accusation ?

La politique de la chaise vide, de la pyromanie permanente, de la menace, de la bravade, du chaos, ce n'est pas ça le Sénégal. Ces acteurs-là dont il parle ont compris qu'en démocratie, on défend son opinion et on accepte que les autres puissent penser autrement. C'est autour de la table qu'on discute pour préserver ce que nous avons tous en commun, le Sénégal. Les autres qui ont considéré qu'il valait mieux couper le bébé en deux, ils n'ont pas de projet pour le bébé en question. Ils sont tombés dans le piège de l'antidémocratie, de la tyrannie. Et ça, ça ne marche pas. Le Sénégal, ce n'est pas la démonstration de puissance. Je pense que ces hommes-là se trompent de pays. Car nous avons un modèle de démocratie particulier et il faut saluer tous les acteurs politiques, de l'opposition comme du pouvoir, qui ont accepté d'échanger sur leurs convergences et leurs divergences, et retenir des points qui permettent de faire améliorer le modèle de développement sénégalais, la marche du Sénégal vers le progrès.

Le gouvernement Sénégal dénonce une couverture médiatique ''tendancieuse'' de l’actualité politique au Sénégal par la chaîne de télévision France 24. Qu'est-ce que cela vous inspire ?

Les Sénégalais ont tous observé la déclaration de monsieur Birame Soulèye Diop qui a accusé un chef d'État voisin, Alassane Ouattara, d'avoir assassiné un de ses dauphins pour pouvoir avoir un troisième mandat. Il a également appelé à être vigilant quant à la volonté du président Macky Sall d'empoisonner ses dauphins. C'est de cela qu'il s'agit. Comment de cette expression-là, France 24 peut en tirer des conséquences pour dire que M. Diop a juste donné son avis sur la déclaration du président (au sujet du troisième mandat) ? C'est un traitement mensonger et extrêmement tendancieux. Donc, les rappeler à l'ordre par l'autorité en charge de cette question ne peut pas susciter d'émotion outre mesure.

France 24 est un média comme les autres. Dans d'autres pays qui n’ont pas le même modèle de démocratie d'opinion comme le nôtre, ils ont été virés manu militari. Les journalistes du ‘’Monde’’ et de ‘’Libération’’ ont été expulsés du Burkina Faso. Au Mali, RFI et France 24 sont suspendus. En Guinée, le correspond de RFI et de l'AFP avait été suspendu également. Nous ne sommes pas dans ça. Mais si un média connu commet des fautes inacceptables en posant des allégations mensongères…

Voulez-vous vous dire que ce média français a un objectif caché… ?

Non. C'est un média qui a commis une faute comme tout autre média. Et l'autorité en charge de la question est tout à fait en droit de le rappeler à l'ordre. C'est aussi simple que ça. Il n'y a pas autre chose. Nous parlons de faits concrets. C'est inhabituel. F24, quand même, reste une chaîne sérieuse. De tels errements ne sont pas à son image.

Pour revenir sur l'élection présidentielle à venir, Sonko dit que s'il n'y participe pas, il y aura le chaos. Qu'en pensez-vous ?

Ousmane Sonko a l'habitude de proférer des menaces. Il menace systématiquement tout le monde. Je pense que ça révèle quelques dysfonctionnements chez lui. Il faut qu'il arrête de penser que les gens ont peur. Les Sénégalais iront aux élections le 25 février 2024 avec ou sans Sonko. Ils choisiront leur nouveau dirigeant dans le respect des lois et des règlements. La citoyenneté sénégalaise est achevée. Les pères fondateurs ont travaillé à bâtir une nation debout et vivante. La République du Sénégal a les moyens et se donnera les moyens de se défendre contre les forces occultes.

 Nous appelons aussi les Sénégalais à un sursaut citoyen. Il n'est pas normal que certaines organisations de la société civile n'arrêtent pas Ousmane Sonko, lorsqu'il fait des déclarations de ce genre. Qu'est-ce que ça signifie, ''si ce n'est pas moi, c'est le chaos'' ?

Le président Macky Sall avait bel et bien le droit d'être candidat, mais il fait le choix de ne pas l'être. Il a honoré ce choix, d'abord parce qu'il n'est pas question qu'il se dédise. Deuxièmement, il dit : ''Je ne suis pas exceptionnel. Il y a plusieurs autres gens qui peuvent diriger et servir le Sénégal.’’ Lorsqu'on est à ce niveau de vision, on ne dira jamais ''si je ne participe pas, ce sera un chaos indescriptible''. Le peuple attend Sonko fermement. Nous appelons l'État à ne ménager aucun effort et à réunir toutes les ressources républicaines pour faire respecter l'État de droit et les institutions.

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