Pape Cheikh, tu retrouves finalement ''ta maison'', la 2Stv, après bien des allers-retours. Cela te fait quoi ?

 

Bien, comme d’habitude. Je ne connais que le travail. Je suis ravi de retourner à 2Stv. Cela fait du bien d’être chez soi. Aujourd’hui, je pense qu’au Sénégal, on n’a encore presque rien fait en matière de télévision, et même en radio. Donc, je suis dans la mouvance pour relever le défi. C’est-à-dire être à la hauteur de tout ce qui se fait dans les grandes chaînes de télévision. Et cela est possible au Sénégal. Cependant, il faut, pour cela, une bonne équipe, un matériel adéquat et moderne, des plateaux modernes et des responsables qui peuvent comprendre que ce que nous faisons, nous animateurs, c’est un métier d’art.

 

 

 

Après ton départ de 2Stv à deux reprises, y retourner n'a-t-il pas été difficile pour toi ?

 

Non. Cela n’a pas été difficile du tout. Il y a un staff de professionnels qui gère une grande partie de ma carrière. Après l’aval de Bougane Guèye (directeur général du groupe D-Media comprenant notamment la radio Zik Fm), avec qui je bosse et qui sait ce que je vaux, j’ai accepté sans problème la proposition de la direction de 2Stv. L’équipe avec laquelle je travaille a étudié aussi la question et on a décidé de foncer.

 

 

 

Pape, comment se sont passées les retrouvailles ?

 

C’est comme on l’a montré à la télévision. Tu étais sur place toi. Je vais raconter pour tes lecteurs. On était tous excités et ravis. Cela faisait longtemps qu’ils (les responsables de la 2Stv) souhaitaient que je retourne. On en a parlé à plusieurs reprises, on s’est vus et revus. J’ai pris le temps aussi de réfléchir. Par la suite, j’ai quitté TFM et je me suis dit, puisque je réfléchis à l’idée de retrouver la 2Stv et que je suis un homme de télé, pourquoi ne pas reprendre ma place. Voilà et tout est reparti.

 

 

 

Et ton départ de TFM n’a pas été difficile ?

 

Non, même pas. Cela a coïncidé avec la fin de mon contrat et comme je l’avais expliqué, je suis agent permanent du groupe D-Média. Partout où je vais pour bosser, je signe des contrats de prestations seulement. Tu sais, moi je ne me prends pas la tête. J’ai mis donc fin à ce que je faisais tout simplement à TFM. Humainement, j’ai eu à avoir de très bons rapports avec le personnel. Tu sais, un lieu de travail, souvent, c’est une vie de famille qui s’y tisse. C’est tout ce qui me fend le cœur quand je décide d’arrêter de travailler quelque part.

 

 

 

Que penses-tu du ''copier-coller'' entre les radios et les télés au Sénégal ?

 

Je pense que les Sénégalais ont la paresse de créer, c’est dans tous les domaines. Quand quelque chose marche chez toi, il y a toujours un autre qui tente de reprendre l’idée. Du coup, les gens qui consomment ne se retrouvent même plus. Je dis qu’il nous reste beaucoup à faire. On doit prendre la peine de sortir des sentiers battus et éviter le ''déjà vu''.

 

 

 

Comment changer cela, à ton avis ?

 

Il faut les hommes qu’il faut à leurs places, ''the right man at the right place''. Même si on copie, il faut bien concocter. Il y a des hommes talentueux au Sénégal, donnons-leur la possibilité de faire valoir leur talent et assez de liberté, ainsi que les moyens qu’il faut pour impressionner le public.

 

 

 

A propos, que penses-tu des deux candidats à la présidentielle ?

 

Moi, je suis anti-politique. Que ce soit Wade ou Macky, je pense que ce qui s’est passé ces derniers jours devra les réveiller à jamais et leur permettre de comprendre la situation des populations. Les Sénégalais ne sont plus fous. On n'acceptera plus que notre pays soit géré n’importe comment. Les Sénégalais sont fatigués. Les gens ne mangent plus normalement au Sénégal. Moi, quand je finis à la radio, c’est une foule qui m’attend devant la radio tous les jours. La demande sociale montre que les gens sont fatigués. Il nous faut des autorités qui privilégient davantage le côté social.

 

 

 

Ils te disent quoi, par exemple, ces gens ?

 

''Je suis malade, je n’ai pas de quoi payer mon ordonnance ; le loyer, mon mari ne travaille plus ; l’inscription de mes enfants ; je n’ai pas où habiter...'' Il peut arriver que je dise à mes collègues que notre radio est devenue un dispensaire. Ils peuvent m’attendre de 8h à 17h. Même nous les salariés, on est fatigués.

 

 

 

Que dirais-tu au prochain président à ce propos ?

 

Quelle que soit la situation et même s’il s’endette gravement en tant que pays pauvre, sa préoccupation première doit être la demande sociale, avec les denrées de première nécessité, la santé et l’éducation. C’est important.

 

 

 

Juste une curiosité, il se dit que Salam Diallo est ton frère. Qu'en est-il exactement ?

 

Salam est griot de par sa mère, donc, forcément, on peut être parents. N’est-ce pas ? C’est un cousin à mon père.