Les éclairages de la mairie
Dans un communiqué, la Direction de l’information et de la communication (Dircom) de la Ville de Thiès a pris la parole concernant le montant de la réalisation de la statue de Lat Dior.
A Thiès, la polémique enfle sur le coût de la statue de Lat Dior Ngoné Latyr Diop. Depuis quelque temps, des informations relayées par des médias et les réseaux sociaux font état d’un coût de 70 millions de francs CFA pour sa réalisation. Hier, le maire Babacar Diop a publié un communiqué pour démentir de telles allégations.
‘’Nous tenons à apporter les précisions suivantes : le montant exact consacré à la réalisation de cette œuvre d’art est de 44 338 500 F CFA TTC, soit 36 357 570 F CFA hors TVA’’, renseigne-t-il.
Le communiqué renseigne que le projet a été attribué à la suite d’une recommandation de la Direction centrale des marchés publics (DCMP) qui avait instruit le maire Babacar Diop de lancer le marché par une demande de renseignements et de prix à compétition ouverte (DRPCO). Conformément à la réglementation en vigueur au Sénégal, la mairie a inscrit le marché dans son plan de passation des marchés avant de procéder à son lancement.
La mairie de Thiès renseigne que ‘’la fonderie d’art ALD Bara de Diourbel avait proposé, pour la conception et la réalisation de trois sculptures monumentales en bronze pour la ville de Thiès (la statue de Lat Dior, le buste de Léopold Sédar Senghor et le buste de Mamadou Dia) 45 millions de F CFA. Le paiement a été réparti en trois tranches : une avance de 18 millions au démarrage des travaux, 13 500 000 en mi-travaux et enfin le reliquat de 13 500 000 F CFA le jour de la livraison’’.
Conformément au Code des marchés publics, la ville de Thiès, selon son directeur de communication Ousseynou Massarigne Guèye, ne pouvait satisfaire cette offre après que le maire de Thiès a saisi la Direction centrale des marchés publics qui lui a recommandé de lancer le marché par une DRPCO. ‘’La mairie de la ville ne dispose pas d’argent dans ses caisses. Les fonds de la ville sont logés au Trésor public et gérés par le percepteur municipal, inspecteur du Trésor du ministère des Finances, qui est le garant de la légalité et de la conformité des dépenses des collectivités locales’’, précise M. Guèye. Il souligne que cet avis d’appel d’offres a permis ‘’aux sculpteurs de l’espace UEMOA de concourir dans les mêmes conditions que les Sénégalais’’.
De ce fait, renseigne le collaborateur du maire, ‘’Siriki Ky, artiste burkinabé, a réalisé et livré l’œuvre d’art’’. ‘’Il a travaillé sur fonds propres. Il n’a pas encore été payé par la ville de Thiès après le service effectué’’, ajoute M. Guèye qui précise que ‘’Siriki Ky a réalisé le monument de Sembène Ousmane de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar’’.
Ces précisions faites, le Conseil de ville de Thiès regrette ‘’la propagation de chiffres inexacts, susceptibles de déformer la réalité des faits et de semer la confusion dans l’opinion publique’’.
La mairie de rappeler son engagement pour la transparence dans l’exécution des projets. Elle invite l’ensemble des citoyens à se référer aux informations officielles pour éviter toute interprétation erronée.
‘’Beaucoup de Thiessois pensent que les priorités sont ailleurs’’
Toutefois, au sein de la population, plus largement, les avis sont partagés sur l’opportunité de faire un tel investissement. "Rendre hommage à Lat Dior Ngoné Latyr Diop est un acte noble, mais cela ne doit pas se limiter aux éloges ou à la glorification du passé tout en laissant de côté, pendant ce temps, les véritables problèmes qui affectent la vie des Thiessois", indique le président du mouvement Thiès d'abord, Habib Vitin. Même s’il salue "l'initiative louable de Monsieur le Maire pour l'érection d'une statue en l'honneur de Lat Dior Diop, notre héros national et symbole de la résistance".
Néanmoins, il ajoute : "Si la mémoire du héros de la lutte anticoloniale est saluée, les messages du maire et du président de la République semblent déconnectés des préoccupations quotidiennes des habitants. Les défis urgents n’ont malheureusement pas trouvé de réponses concrètes lors de cet événement. Si nous voulons être dignes de son héritage, nous devons nous demander : que faisons-nous aujourd'hui pour prolonger son combat, non pas contre des forces coloniales, mais contre les défis modernes auxquels nous faisons face ?’’
‘’Aujourd'hui, poursuit-il, notre combat est différent, mais tout aussi noble. Il s'agit de libérer nos jeunes du poids du chômage, de redonner leur dignité aux familles en difficulté et de bâtir une Thiès où chacun peut réaliser ses aspirations".
À ce titre, Me Vitin juge ‘’inconcevable qu’avec tous les moyens déployés ailleurs, nos élèves se retrouvent dans l’incapacité de continuer leur parcours académique à cause de l’insuffisance de bourses".
Il demande également le recours à la préférence nationale dans la réalisation des projets de la ville. "Notre pays regorge de talents et de compétences, que ce soit dans les domaines artistiques, techniques ou culturels. Confier cette œuvre à des artistes et artisans sénégalais serait une manière de valoriser notre savoir-faire", dit-il.
NDEYE DIALLO (THIÈS)