Enfin un parti normal ?
Apparemment, le théorème était connu de tout le monde sauf des responsables et dignitaires du Parti démocratique sénégalais : la lucidité finit toujours par atteindre les victimes et/ou rescapés de cataclysmes qui réussissent à sauver leur peau. En l'occurrence, la défaite d'Abdoulaye Wade à la présidentielle du 25 mars a constitué un vrai séisme pour les pontes de la mouvance présidentielle alors que le chef inamovible leur promettait cinquante ans de règne. Après avoir subi la folle dictature d'Abdoulaye Wade pendant plusieurs décennies, les principaux cadres du parti prennent enfin leur courage à deux mains et décident d'affronter leur ex-mentor, au grand jour. Courage ? C'est peut-être un peu trop flatteur ! Pape Diop, Mamadou Seck, Ousmane Masseck Ndiaye, Moustapha Guirassy, Fatou Younouss Aïdara et consorts auraient sans doute été affublés du statut de héros si seulement ils avaient osé affronter un Wade au faîte de sa puissance, impitoyable contre tous ceux qui remettent en cause sa conception anachronique du pouvoir en général, partisan en particulier. Mais le choix de la facilité l'a toujours emporté au détriment d'une volonté normale de faire face à un épicier dont l'unique perspective n'a jamais dépassé les frontières de l'agenda personnel. Il fallait faire semblant d'être en phase avec le vieux leader et profiter encore et toujours des prébendes qu'offre la proximité avec lui. Les fameuses servitudes du pouvoir !
Aujourd'hui, la donne a radicalement changé. La fin du cycle Wade en phase d'accélération libère un vrai espace politique pour ceux des «libéraux» qui ont encore en eux la flamme de l'action politique citoyenne au service exclusif de la Nation et de la Démocratie. Et qui envisagent de résister à deux tentations : la transhumance vers les prairies marrons et blanches de Macky Sall, ou la jonction avec d'autres pôles libéraux dont celui d'Idrissa Seck.
MOMAR DIENG