La Cosydep tire la sonnette d’alarme
Plusieurs évènements sont prévus durant l’année scolaire 2023-2024. La Coupe d’Afrique des nations de football, les élections de représentativité des centrales syndicales, la campagne et l’élection présidentielle du 25 février, pour ne citer que ceux-là. La Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (Cosydep) y voit autant de sources de perturbation d’une année scolaire stable. Elle invite à prendre les dispositions nécessaires à la stabilisation de l’année scolaire en cours.
La Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique est soucieuse des potentielles perturbations qui risquent d’arriver durant cette année scolaire. Les acteurs de l’éducation regroupés dans cette organisation tirent la sonnette d’alarme. ‘’Deux mois après la rentrée scolaire, à la veille de l’élection de représentativité des centrales syndicales, à un mois de la Coupe d’Afrique de football et à deux mois du démarrage de la campagne pour l’élection présidentielle, le bureau du Conseil d’administration s’est réuni pour apprécier la situation scolaire et universitaire, réaffirmer des recommandations et dégager des perspectives.
Constatant la dégradation progressive du climat scolaire avec les alertes des acteurs, les grèves d’avertissement des syndicats d’enseignants, les manifestations d’élèves, la fermeture prolongée des universités combinée au réchauffement du front social, la Cosydep exprime ses vives inquiétudes face aux menaces sur l’année 2023-2024’’, indique la coalition dans un communiqué parvenu à ‘’EnQuête’’.
Selon elle, cette situation pourrait être endiguée grâce à quatre solutions : la maitrise des facteurs endogènes, l’anticipation sur les facteurs exogènes, la mise en œuvre des réformes annoncées et la résolution de la crise universitaire. ‘’Maitriser les facteurs endogènes, c’est faire de sorte qu’aucune perturbation majeure ne vienne de l’intérieur du système scolaire et universitaire. C’est aussi adresser résolument les questions susceptibles de constituer des sources de perturbations par la prise en charge des déficits récurrents et des besoins pressants (enseignants, infrastructures, mobilier, supports…). C’est surtout trouver des réponses immédiates et adéquates aux problèmes conjoncturels soulevés (amplification des classes complexes, surcharges horaires, itinérance de professeurs, diminution de crédits horaires dans certaines disciplines, fermeture d’établissements sous le poids de l’âge ou de phénomènes naturels…)’’, souligne le bureau du conseil d’administration.
Ainsi, estiment Cheikh Mbow et ses collaborateurs, les efforts déployés dans l’amélioration des conditions salariales, l’évolution positive des taux d’admission aux examens doivent être entretenus par l’instauration d’un dialogue inclusif, permanent et fécond.
C’est pourquoi la Cosydep recommande de ‘’résorber les déficits récurrents signalés (enseignants, infrastructures, mobiliers) et planifier les besoins en intrants induits par la mise aux normes des établissements ; de veiller à la tenue régulière des réunions sectorielles et au fonctionnement des comités de suivi des accords entre syndicats et gouvernement tels que préconisés par les dispositions des protocoles ; de faire preuve, de la part des autorités éducatives, de disponibilité et d’accessibilité envers le système en dépit des agendas politiques et de renforcer la synergie au sein de chaque catégorie d’acteurs afin de faciliter le dialogue et la collaboration des parties prenantes’’.
Prévenir les répercussions du jeu des acteurs politiques sur le fonctionnement de l’institution scolaire
Par ailleurs, le BCA estime qu’il est nécessaire de se prémunir des facteurs exogènes en travaillant à prévenir les répercussions du jeu des acteurs politiques sur le fonctionnement de l’institution scolaire et universitaire.
Dans cette optique, précise le document, il est nécessaire de rester vigilant face aux remous dans de nombreux secteurs de la vie économique et sociale, mais aussi au déroulement de tout autre évènement à forte attraction populaire.
Dès lors, il appelle ‘’la communauté éducative à rester vigilante face à toute velléité d’agitation extérieure pouvant affecter le système éducatif, les acteurs politiques à décliner leur ambition pour l’éducation tout en l’épargnant des rivalités politiciennes, les candidats à l’élection présidentielle et les leaders d’opinion à lancer des messages publics pour une union sacrée autour de la protection et de la sécurité des écoles, des élèves, des étudiants et de leurs enseignants’’.
Pour toutes ces raisons, la Cosydep estime qu’il faut nécessairement engager les réformes annoncées, en allant dans le sens de diligenter les réponses aux demandes des communautés pour des curricula conformes aux réalités nationales et intégrant les langues nationales, un organigramme institutionnel cohérent et rationnel, un dispositif efficace et inclusif pour le respect des engagements nationaux, régionaux et internationaux (obligation scolaire de dix ans, une année de préscolarisation obligatoire, Cesa 2025, Agenda 2030)’’, indique la source.
Sur ce, le BCA demande d’’’évaluer la mise en œuvre des décisions issues des concertations sur l’enseignement supérieur (CNAES), sur l’éducation et la formation (Anef), mais aussi l’option université virtuelle du Sénégal, de lancer publiquement le processus annoncé de réforme des curricula, d’adopter un organigramme institutionnel conforme aux engagements et permettant de rationaliser la mise en œuvre de la politique éducative et de renforcer les sous-secteurs et questions sous dotés tels que les Daaras, l’alphabétisation, les offres alternatives destinées aux hors écoles, le numérique, la petite enfance…’’.
Ces trois dernières années, l’université a été fermée à trois reprises
Dans la foulée, la Cosydep juge que la décision de fermer les universités pour quelques raisons que ce soient ne peut tenir devant le caractère inaliénable du droit à l’éducation. ‘’Au contraire, fait savoir le BCA, le maintien des étudiants loin du campus risque d’entrainer de graves conséquences en termes de perte sur le temps d’études, d’abandons massifs, de tentations qui les éloignent des espaces d’éducation et de formation’’.
Pour rappel, ces trois dernières années, l’université a été fermée à trois reprises (2020 avec le Covid, 2022 avec les Législatives, 2023 avec les manifestations politiques), entrainant des télescopages de cohortes d’étudiants, perturbant ainsi régulièrement le calendrier universitaire. Cette décision est d’autant plus incompréhensible que les récentes données démographiques montrent que l’écrasante majorité de la population est jeune (76 % ont moins de 35 ans et un Sénégalais sur deux a moins de 19 ans)’’.
De ce fait, tenant compte des conséquences qui peuvent découler de la situation qui sévit dans les universités, en particulier à Cheikh Anta Diop, la Cosydep condamne la destruction de biens et équipements d’écoles ou d’universités, tout en constatant que bon nombre d’institutions et d’espaces commerciaux ayant subi des dommages, ont pu se remettre en prenant des dispositions adéquates, l’État ne saurait manquer de solutions. Il rappelle que même dans les pays en crise, l’État assume ses responsabilités en tant que garant de l’exercice des droits et des libertés.
Donc, il recommande ‘’d’ouvrir les campus sociaux et pédagogiques des universités publiques du Sénégal, comme réclamé par les étudiants et les syndicats du supérieur, de mener une enquête objective pour évaluer l’ampleur des dégâts, identifier les motivations profondes des auteurs et de considérer l’enseignement à distance juste comme une modalité qui complète l’enseignement en présentiel sans le remplacer systématiquement’’.
IDRISSA AMINATA NIANG (Mbour)