Publié le 16 Mar 2013 - 06:15
PROFIL D'IBRAHIMA MBAYE

 Un artiste complet

Ibrahima Mbaye est peu connu par le grand public. Ce comédien est pourtant l'un des meilleurs de sa génération. Aujourd'hui, il interprète le rôle du roi Christophe qui n'était jusque-là jouée que par le grand et défunt Douta Seck. Profil d'un artiste qui ose.

 

Les artistes ont généralement peur des rôles historiques, dit-on. Ce n'est pas le cas d'Ibrahima Mbaye. Depuis feu Douta Seck, aucun comédien sénégalais ne s'est mis dans les habits du roi Christophe, héros d'Aimé Césaire dans son œuvre ''La tragédie du roi Christophe''. Le rôle semblait être taillé pour l'homme Douta Seck et son interprétation lui a valu un succès et une renommée mondiale.

 

Aujourd'hui, le comédien Ibrahima Mbaye de la troupe de Sorano a repris le flambeau et avec brio. Il a séduit les spectateurs hier lors de la générale presse de ''La tragédie du roi Christophe''. L'homme, de petite taille, apparence frêle et petits yeux, force le respect. Aux allures de baye-fall, il est simple et d'abord facile. Ce qui le pousse peut-être à se définir comme ''un kaw kaw'' (campagnard). Et il le dit à qui veut l'entendre. ''Moi je suis un kaw kaw. Je suis fils de walo walo et petit-fils de Walo de Nder à Rosso. Je ne suis pas un complexé'', confie Ibrahima Mbaye d'un ton fier. Même si son accent est loin d'être celui d'un campagnard et sa diction, claire et limpide.

 

Sur les planches de Sorano hier et dans les habits du roi Henri, il n'a laissé personne indifférent. Il a su capter l'assistance et transmettre ses moindres émotions et sentiments aux spectateurs. ''La première fois que j'ai vu Ibrahima dans ce rôle, j'étais fasciné'', a témoigné le PCA du théâtre Daniel Sorano, Alioune Badara Bèye, dramaturge et président de l'Association des écrivains du Sénégal (AES). Il est témoin de l'histoire pour avoir vu Douta Seck et Ibrahima sur scène pour les mêmes figurations. Sa notation en dit assez : ''Ibrahima Mbaye est allé au-delà de l'interprétation. Il est dans l'incarnation'', explique M. Bèye.

 

''Présenter un autre Christophe''

 

Loin de singer Douta Seck, Mbaye s'est voulu original. Christophe n'est certes pas comme les autres personnages qu'il interprète depuis plus de deux décennies mais il y est allé avec sa touche personnelle. ''Il nous fallait présenter un autre Christophe. Un Christophe vrai. On ne peut avoir un Christophe à la valeur de Douta'', selon le metteur en scène de la pièce Jean-Pierre Leurs. Cela tombe bien pour Ibrahima Mbaye qui a osé reprendre un titre déjà joué à merveille par un grand comédien. ''Les difficultés que j'ai eues avec ce rôle sont celles réelles qu'un comédien peut trouver'', à l'en croire. L'écoute apportée au personnage principal et à l'auteur sont peut-être les secrets de son succès naissant.

 

Ibrahima Mbaye a démarré dans le quatrième art en 1992. Il est comédien en herbe encore élève à Saint-Louis. Né à Dakar, Ibrahima Mbaye a quitté les bancs en classe de Première pour l'École nationale des arts (ENA) section art dramatique, en 1994. Il a comme formateurs Mamadou Diop et Abdou Ndièguène. C'est dire et avec le talent aidant...

 

L'émotion Lumumba

 

Mais Ibrahima Mbaye a l'air dispersé. Il cherche souvent dans sa mémoire des dates. Ainsi ce monogame de 3 enfants, qui se voit polygame, prétend oublier jusqu'à son âge. ''Mon âge ? Demandez à ma femme, je ne sais plus'', répond-il sur un ton badin mais sérieux. Mais il se souvient au quart de tour du rôle qui l'a le plus marqué dans sa carrière. Celui de Lumumba dans ''Une saison au Congo''. Tout advient au festival d'Alger, quand un des anciens compagnons du défunt Premier ministre du Conga Kinshasa, Patrice Lumumba, est venu le toucher, sans rien lui dire car tenaillé par l'émotion. S'ensuivra, bien après, une discussion entre Ibrahima Mbaye et son futur partenaire. ''Le monsieur m'a dit, expliqué comment était Lumumba et je voyais dans son récit mes moindres faits et gestes'', se souvient-il. Comédien passionné, Ibrahima Mbaye, qui a grandi sous l'ombre de sa grand-mère, serait cultivateur. Et kaw kaw dans son Walo de lignée.

 

Bigué BOB

 

 

AVERTISSEMENT!

Il est strictement interdit aux sites d'information établis ou non au Sénégal de copier-coller les articles d' EnQuête+ sans autorisation express. Les contrevenants à cette interdiction feront l'objet de poursuites judiciaires immédiates.

 

 

Section: 
HOMMAGE À AMADOU SOW : La lumière d’un artiste célébré à la galerie Vema
‘’RÉINVENTER L’ÉCONOMIE : SOLUTIONS DE L’ESS FACE AUX DÉFIS CONTEMPORAINS’’ : Alioune Ndiaye signe son 100e livre
ASSAINISSEMENT À THIÈS : Un projet pilote pour améliorer la gestion des boues de vidange
LANCEMENT DU PROGRAMME D’EXCELLENCE SENETECH : Une formation d’avenir au service des arts et de la culture
Afro-Américains
Nollywood week 2025
TROISIÈME ÉDITION DU SALON ¨AFRIQUE À CŒUR’’ : La culture africaine s’invite à Nantes, avec le Ghana à l’honneur
Itinéraires artistiques de Saint-Louis
REPORTERS SANS FRONTIÈRES : Un appel au respect des médias
PROJECTION PRESSE DU FILM “LITI LITI” : Une rétro sur Guinaw-Rails à l’épreuve du Train express régional
JOURNÉE MONDIALE DU THÉÂTRE Arcot retrace l’histoire de Nder et célèbre la dignité féminine
FESTIVAL STLOUIS’DOCS 2025 Plus de 50 films de 24 pays seront à l’honneur
‘’FRANCOPHONIE SUR AK SEN NDOGOU’’ : Les arts en scène, pour l’éducation
Mouvement Naby Allah
EXPOSITION EDUC’ART : La Casamance expose et l’environnement s’impose
CONTE SUR SCÈNE : ‘’Génies’’ en spectacle à Dakar
‘’HÉRITAGES VIVANTS’’ AU MONUMENT DE LA RENAISSANCE : Cuba, Colombie et Venezuela affirment leur africanité
GRAND PRIX DE L'ÉDITION AFRICAINE 2024 : Les éditions Jimsaan doublement consacrées à Paris 
CHRONIQUE - RÉFORME DU CODE DU TRAVAIL AU SÉNÉGAL : Un enjeu crucial pour le développement socioéconomique
LE GALA INTERNATIONAL DU COURT MÉTRAGE À NANTES : Un pont pour le cinéma sénégalais