Le financement des bourses familiales prend du plomb dans l’aile
Le financement de la protection sociale est très difficile voire très compliqué. L’annonce a été faite hier lors d’un atelier de revue sectorielle de la protection sociale. La réflexion est engagée pour trouver des financements.
Pour aider les populations sénégalaises engluées dans la pauvreté, le président de la République Macky Sall a lancé la bourse de sécurité familiale. Un projet qui consiste à offrir 25 mille francs, à la fin de chaque mois, à des familles vivant dans l’extrême pauvreté. Mais aujourd’hui, le financement de cette protection sociale pose problème, alors que le niveau de pauvreté du pays reste toujours élevé et stagne, depuis 2006. Ousmane Basse, de la direction générale à la protection et à la solidarité nationale (DGPSN), renseigne que cette ambition fait face à d’énormes difficultés. ‘’Les cadres juridiques ne sont pas encore finalisés et le budget n’est pas mobilisé. A cela s’ajoute le manque de ressources humaines et de synergie entre acteurs. Il y a aussi la faiblesse des instruments de suivi, le déficit de communication et l’ensemble de mécanisme de régulation du secteur’’, a-t-il listé, hier, lors d’un atelier de revue sectorielle de la protection sociale.
‘’C’est vrai que le financement pose problème. Je peux donner comme exemple celui des bourses de sécurité familiale. Les 200 mille bénéficiaires vont consommer 20 milliards du budget sénégalais, l’année prochaine ; 30 milliards, si nous allons vers 300 mille bénéficiaires. Ce qui fait qu’il est très difficile aujourd’hui de pouvoir rassembler toute cette somme pour faire face à cette protection. C’est la raison pour laquelle le Président nous avait demandé de mettre en place la carte sur l’élaboration de la caisse autonome de protection sociale universelle’’, a reconnu la déléguée générale à la DGPSN, Docteur Anta Sarr Diako, en écho aux remarques d’Ousmane Basse. La déléguée générale d’ajouter qu’ils s’attellent à trouver un financement qui fera face à la bourse de sécurité familiale, au besoin, avec les partenaires : ‘’Nous sommes en train de faire l’actualisation de la stratégie nationale de protection sociale qui n’a pas été renouvelée, depuis 2010’’.
Donc, cette revue a été initiée pour avoir un plan de financement qui permette de faire une extension de cette protection sociale aux secteurs informels, de renforcer les salaires. Mais aussi de faire cette extension au monde rural. Cette revue initiée pour la première fois au Sénégal constitue, pour Docteur Anta Sarr Diako, un cadre de concertation pour assurer le suivi de la mise en œuvre de la stratégie nationale de protection sociale. Car, ‘’80% de la population n’ont pas une bonne couverture sociale’’. L’objectif est, à terme, d’avoir un budget adéquat pour pouvoir financer convenablement les différents projets et programmes pour tendre vers une protection sociale de qualité qui doit sortir toutes les couches vulnérables de la pauvreté.
Ainsi, parmi les recommandations qui sont sorties de l’atelier, il y a l’harmonisation des interventions et des outils de suivi, l’organisation de la régulation du secteur, le développement des partenariats public-privé, et surtout l’élaboration d’une stratégie de financement durable.
VIVIANE DIATTA