Publié le 4 Jan 2023 - 22:36
RAPPORT DE LA COUR DES COMPTES

Pas de poursuites judiciaires tous azimuts, selon le gouvernent

 

Hier, au sortir de la rencontre à laquelle il a convié la Société civile, pour discuter de la suite à donner au rapport de la Cour des comptes, le chef du gouvernement a parlé de désinformation et manipulation dans ce scandale qui secoue la République. Il a signifié qu’il n'y aura de manière exclusive des poursuites judiciaires et une répression tous azimuts. Il annonce toutefois l’ouverture d’informations judiciaires.

 

À la faveur de la publication du rapport de la Cour des comptes relatif à la gestion du Fonds de riposte et de solidarité contre les effets de la Covid-19, les concertations entre le gouvernement et la société civile, prévues depuis la Déclaration de politique générale (DPG), ont débuté, hier.  Après avoir écouté les membres de la société civile, le Premier ministre a d'abord rassuré que leurs interventions seront intégrées à la réflexion sur la mise en œuvre concertée des recommandations de la Cour des Comptes en vue de l’amélioration du système de gouvernance des ressources publiques. Puis, Amadou Ba s’en est pris à ceux qui pensent que la Cour des comptes est un justicier qui oblige l’Etat à engager des poursuites pénales. ‘’L’audit est un outil de gestion et non de répression’’, a dit l’ancien argentier, dénonçant ‘’la désinformation et la manipulation de l’information’’.

Il note que la Cour des Comptes travaille sur la base d’une méthodologie d’audit ‘’très rigoureuse’’ dans le respect des référentiels juridiques, techniques et éthiques. Or, poursuit M. BA, ‘’ beaucoup de réflexions hâtives sont formulées en s’affranchissant des modalités légitimes et des règles légales d’administration de la preuve pour leur substituer des opinions’’. Amadou Ba dénonce ainsi la ‘’dénaturation des propos et l’extrapolation des faits’’ qui sont devenues, en effet, monnaie courante, grâce à l’utilisation malveillante des réseaux sociaux. ‘’On note chez nous comme dans d’autres pays, une certaine obstination à vouloir réduire la complexité d’un problème à la propre croyance d’une personne ou d’un groupe qui ont tendance à privilégier l’ignorance, le déni, les accusations gratuites et les justifications fondées sur les croyances, ce qui est le prélude à la désinformation et à la manipulation comme mode de communication politique’’, fulmine-t-il.

Pour lui, face à la complexité des problèmes qui nous préoccupent, ‘’il est surprenant, dans une république, de voir des acteurs s’improviser tour à tour juges, enquêteurs, détectives, historiens, économistes, climatologues, virologues, experts en terrorisme ou spécialistes des questions internationales ’Badou meuneu lepp !’, on aurait dit chez nous’’. ‘’Lorsqu’une juridiction épingle des fonctionnaires ou des personnalités proches du pouvoir, elle acquiert comme miracle une forte légitimité’’, constate Amadou Ba. En revanche, dit-il, lorsque la même juridiction soupçonne une personnalité de l’opposition, ‘’on met en doute l’indépendance de la justice et la probité de ses magistrats. Cela donne matière à réflexion’’.

Le PM souligne, à cet effet, qu’être républicain et démocrate dans un État de droit, c’est respecter avant tout les institutions et se soumettre au droit, tout en continuant à les améliorer.

‘’La critique systématique est contre-productive’’

‘’La critique systématique, simpliste, nourrie à l’esprit vindicatif est contre-productive’’, a-t-il soutenu. D'après Amadou Ba, l’attention est souvent dévoyée pour se focaliser sur les poursuites pénales, en occultant les 85 recommandations formulées par la Cour des Comptes pour améliorer le fonctionnement de notre administration. Et pourtant, souligne-t-il, c’est cela la signification et la finalité d’un rapport d’audit. ‘’Je puis comprendre la forte passion exprimée par une certaine partie de la population pour engager rapidement les poursuites pénales contre les auteurs de faits présumés de fautes de gestion. Je pense que cette passion du reste normale, exprime un fort besoin de justice sociale et d’égalité’’, poursuit le PM. Qui, cependant, précise : ‘’C’est la satisfaction de ce besoin qui sera la réponse à cette exigence-là et non exclusivement les poursuites judiciaires et la répression tous azimuts’’.

La Cour des Comptes a adressé des recommandations au Garde des sceaux, Ministre la justice tendant à l’ouverture d’une information judiciaire sur les faits susceptibles d’être qualifiés de délits ou crimes. La Chancellerie déclare qu'elle étudie les recommandations en vue de leur mise en œuvre selon les règles et procédures idoines.

‘’Nous n'avons pas à élever le ton de la voix’’

Citant Warner Egger, Amadou Ba note qu’il est sain de se poser des questions, mais, il est malsain d’y apporter des réponses trop rapides et stéréotypées. L’ancien argentier relève que la justice juge les faits et les croyances quelle que soit leur importance. ‘’Nous devons exploiter le contenu du rapport et non pratiquer le déni, de crainte que cela démolisse notre système de croyances’’, dit-il. Et de poursuivre non sans railler : ‘’Si ce que nous alléguons est vrai, nous n’avons pas besoin de perdre notre sang-froid, de gaspiller notre intelligence et notre énergie pour promouvoir l’ignorance, d’élever le ton de la voix, de menacer ou d’user de violence pour démontrer la véracité de ce que nous tenons comme vrai’’.

 Tout compte fait, Amadou Ba rassure qu’autant le Gouvernement s’est engagé à recourir à l’audit de la Cour des Comptes et à rendre public le rapport, autant, il s’engage à mettre en œuvre les recommandations en cohérence avec les plans et programmes en cours d’exécution.

Dans la suite logique de cet exercice, il a promis de tenir informer la société civile de l’évolution de la mise en œuvre de l’ensemble des recommandations formulées par la Cour des Comptes.

Au-delà de cette séance ayant porté, principalement, sur la Cour des Comptes, il a proposé de convenir d’un rendez-vous mensuel de concertation sur les questions d’intérêt général de l’heure.

BABACAR SY SEYE

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