Publié le 31 Aug 2022 - 22:29
RECHAUFFEMENT CLIMATIQUE

Le rapport du GIEC indexe l’homme

 

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a publié son sixième rapport d’évaluation. Il présente les connaissances les plus avancées et récentes sur le réchauffement climatique, tout en soulignant la responsabilité de l’homme, sans oublier les cinq principales conclusions à retenir.

 

Les scientifiques qui accordent une grande importance aux degrés d’incertitude en attribuent systématiquement à leurs résultats. C’est pourquoi les précédents rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) qualifiaient l’influence de l’homme comme "extrêmement probable". Néanmoins, le 6e rapport du GIEC, grâce à l’avancée des connaissances sur le climat et des données disponibles aujourd’hui, a désigné cette fois-ci l’influence de l’homme sur le réchauffement climatique de la planète comme “sans équivoque”.

Dans ce dernier rapport, on peut lire : “Les augmentations observées des concentrations de gaz à effet de serre depuis environ 1750 sont, sans équivoque, causées par les activités humaines.” Car, d’après les scientifiques à l’origine de l’ouvrage, la quasi-totalité des causes du réchauffement climatique peut être attribuée aux activités humaines, responsables d’environ +1,1°C de réchauffement, depuis la période 1850-1900. C'est la première fois, dans un rapport du GIEC, où le réchauffement est attribué sans équivoque aux activités humaines.

‘’Il est estimé que les facteurs naturels tels que les éruptions volcaniques ou encore les changements dans l'orbite de la Terre ont une contribution au réchauffement de la planète qui avoisine le zéro. Ce serait donc l’homme qui a entraîné, à un rythme sans précédent depuis au moins 2 000 ans, le réchauffement climatique que nous connaissons aujourd’hui. Le réchauffement climatique est sur le point d’atteindre +1,5°C’’.

Cinq scénarii d’évolutions socio-économiques différents

Le dernier rapport du GIEC fait état de cinq scénarii d’évolutions socio-économiques différents (SSP, de l'anglais Shared Socio-Economic Pathways), avec chacun un taux d’émissions de gaz à effet de serre différent. Mais peu de ces scénarios semblent présager un avenir optimiste pour la planète. Il s’agit d’un monde caractérisé par une forte coopération internationale donnant la priorité au développement durable, par la poursuite des tendances actuelles, par la compétition entre pays, une croissance économique lente, des politiques orientées vers la sécurité et la production industrielle, et peu soucieuses de l’environnement, par de grandes inégalités entre les pays et au sein des pays (avec une minorité responsable de l’essentiel des émissions de gaz à effet de serre (GES) et la grande partie de la population restera pauvre et vulnérable au changement climatique) et, enfin, par le développement traditionnel et rapide des pays en voie de développement avec une forte consommation d’énergie. La hausse du niveau de vie permettra d’augmenter la capacité d’adaptation grâce au recul de l’extrême pauvreté’’, rapporte le document.

‘’Il est possible, à 83 % de chance, de se maintenir sous le seuil des +1.5°C, d’ici 2100’’

En outre, à l’exception du scénario le plus optimiste, qui nécessiterait une chute drastique des émissions de gaz à effet de serre grâce à une transformation immédiate des habitudes de la population mondiale, le seuil de 1.5°C de réchauffement pourrait être atteint dès 2030, soit 10 ans plus tôt que la précédente estimation du GIEC.

D'ores et déjà, renseigne le document, ces 10 dernières années ont été 1,1°C plus chaudes comparé à la période 1850-1900. Néanmoins, tout n’est pas perdu, le GIEC laisse tout de même entrevoir quelques espoirs pour notre planète, en annonçant qu'il est possible, à 83 % de chance, de se maintenir sous le seuil des +1.5°C, d’ici 2100, si l’humanité émet au maximum 300 gigatonnes de dioxyde de carbone (CO2).

Le rapport insiste également sur les dangers de la montée du niveau de la mer qui est engendrée, entre autres, par la fonte des calottes glaciaires.

En effet, en raison du réchauffement climatique, les 14 niveaux d’espaces gelés les plus bas enregistrés depuis les années 1980 correspondent aux 14 dernières années. La fonte des calottes glaciaires entraîne inévitablement une hausse du niveau de la mer qui continuera à augmenter pendant des siècles, voire des millénaires.

‘’Depuis 1900, le niveau de la mer a déjà augmenté de 20 cm et pourrait connaître une autre augmentation de 20 cm en plus d'ici 2050, voire d'un mètre d'ici 2100. Ce rapport devrait faire froid dans le dos à quiconque le lit. Il montre où nous en sommes et où nous allons avec le changement climatique : dans un trou qu’on continue de creuser. Comme le rappelle le GIEC dans son dernier rapport, les territoires d'outre-mer et plus globalement les îles, sont les premiers touchés par cette montée des eaux. Les villes de faible altitude, comme Lagos au Nigeria, pourraient devenir totalement inhabitables d’ici 2100. Ainsi, les communautés côtières connaîtront une multiplication des invasions d’eau salée, des inondations, des dégâts causés aux infrastructures’’, soutient le document.

L'inquiétante hausse des émissions de méthane

Dans le 6e rapport du GIEC, un chapitre particulier est consacré au méthane (CH4). Les émissions de méthane sont en hausse, elles ont augmenté de 6 %, ces dix dernières années et de 156 % depuis 1750. C’est un constat alarmant, selon le rapport, car bien que ce gaz persiste moins longtemps dans l’atmosphère que le dioxyde de carbone (CO2), il a un pouvoir de réchauffement bien supérieur.

En effet, il est estimé que sur une période de 20 ans, une tonne de méthane a un pouvoir de réchauffement 84 fois plus élevé qu’une tonne de dioxyde de carbone (CO2). Les quantités de méthane (CH4) émises dans l’atmosphère sont d’autant plus alarmantes lorsque l’on sait qu’elles sont responsables, chaque année, de la mort prématurée de 255 000 personnes.

Bien que 40 % des émissions de méthane (CH4) soient naturelles, le reste est émis par les activités humaines. Plus précisément, les émissions de méthane (CH4) issues de l'activité humaine sont dues à l’élevage de bétail, la combustion de la biomasse, les biocarburants, les décharges et les déchets, la production, le transport et l’utilisation des énergies fossiles. ‘’Il devient donc primordial de baisser drastiquement nos émissions de méthane (CH4), d’autant plus que si cela est fait, on pourra espérer des résultats positifs sur l’environnement plus immédiats qu’avec le dioxyde de carbone (CO2)’’.

Ainsi, le rapport insiste sur l’efficacité décroissante des puits de carbone. ‘’Un puits de carbone, expliquent les rédacteurs, est un réservoir naturel ou artificiel qui absorbe et stocke le carbone de l'atmosphère grâce à des mécanismes physiques et biologiques. Les forêts sont généralement des puits de carbone, c'est-à-dire des endroits qui absorbent plus de carbone qu'ils n'en rejettent. Elles retirent continuellement du carbone de l'atmosphère grâce au processus de photosynthèse. L'océan est un autre exemple de puits de carbone, absorbant une grande quantité de dioxyde de carbone de l'atmosphère. Certains processus, comme la combustion du charbon, libèrent plus de dioxyde de carbone dans l'atmosphère qu'ils n'en absorbent. Ainsi, même dans les scénarii les plus optimistes, il est estimé que la capacité de stockage des puits de carbone est susceptible de diminuer. Pire encore, ils pourraient relâcher dans l'atmosphère le dioxyde de carbone (CO2) qu’elles contiennent’’, lit-on dans le rapport.

Cinq manières à travers lesquelles on peut limiter l’empreinte écologique

La résolution des plus grands défis environnementaux, d’après le rapport, nécessitera de profonds changements dans les politiques et pratiques commerciales. Mais il s'avère que les actions personnelles peuvent également aider. Il existe des solutions qui peuvent être adoptées dans la vie quotidienne de la population, pour réduire l’impact personnel sur l'environnement. Ainsi, il est suggéré plusieurs manières à travers lesquelles on peut limiter l’empreinte écologique.

Il faut notamment opter pour un fournisseur d'énergie 100 % renouvelable, pour participer à un monde plus vert, tout en économisant sur les factures d'électricité ; adopter le recyclage en donnant une seconde vie à des déchets ; participer activement à la transition écologique, réduire l’empreinte numérique  en prenant les bonnes habitudes ; pouvoir limiter l’empreinte carbone liée à l’utilisation des équipements électroniques ; privilégier les transports écologiques  en optant pour les transports en commun ou un moyen de transport écologique comme un vélo électrique ou une voiture électrique ; limiter l'impact environnemental des déplacements, compenser les empreintes carbones  en soutenant un projet environnemental comme le projet Gandhi ; participer à limiter les émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère.

CHEIKH THIAM

 

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