L’AFD octroie un financement de plus de 450 millions FCFA
La mise en œuvre de la stratégie nationale pour un développement sobre en carbone requiert d’importants investissements. A cet effet, le Sénégal a signé, hier, une convention de partenariat avec l’Agence française de développement.
La course à la réduction des émissions de gaz à effet de serre s’accélère. Les prévisions alarmantes du dernier rapport du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) semblent avoir un écho retentissant. Selon les scientifiques, en 2030, la planète aura atteint le seuil des +1,5° C, soit dix ans plus tôt que les prévisions.
Hier, le Sénégal et l’Agence française de développement (AFD) ont signé une convention de partenariat dans le cadre de l’initiative ‘’Deep Decarbonization Pathways au Sénégal’’ (les voies de la décarbonisation en profondeur). Il s’agira d’asseoir une co-construction de trajectoires de développement sobres en carbone et résilientes au changement climatique. Cela, conformément aux orientations définies dans l’Accord de Paris, à l’horizon 2050.
Selon le ministre de l’Environnement et du Développement durable, l’atteinte des objectifs de cet accord nécessite la mise en place d’un cadre de coopération en matière de transfert de technologie et un renforcement de capacités pour soutenir les pays les plus vulnérables. Ainsi, durant trois ans, l’AFD va accompagner financièrement (à hauteur de 460 000 000 F CFA) la mise en place de la stratégie nationale d’un développement sobre en carbone. ‘’Au regard des tendances actuelles, notre marge de manœuvre pour atteindre l’objectif de l’Accord de Paris sur le climat se réduit de jour en jour. Cette situation ne nous laisse guère indifférents. Au contraire, elle nous incite à plus d’ambition, à plus d’action pour contrer les menaces qui planent sur nos pays et rendre nos économies plus résilientes’’, soutient Abdou Karim Sall.
Ayant comme feuille de route la Contribution déterminée au niveau national (CDN), le Sénégal prévoit investir 5 220 milliards de francs CFA dans le domaine de l’atténuation et 2 580 milliards de francs CFA dans l’adaptation. D’ici 2023, la centrale à gaz devrait remplacer celle à charbon, en plus du mix énergétique (énergies solaire et éolienne) en cours. A ces initiatives, s’ajoute le transport de masse ‘’extrêmement sobre en carbone’’ qui sera matérialisé par le Bus Rapid Transit (BRT) et le Train express régional (TER).
En plus du Sénégal, le Nigeria va également bénéficier de cette convention de partenariat. Et le directeur de l’AFD d’ajouter que ‘’très vite, le Sénégal et le Nigeria ont été identifiés comme les deux pays où les conditions sont mieux réunies pour lancer ce programme, au vu du positionnement du pays comme l’un des leaders régionaux sur les problématiques liées au climat et au changement climatique. Cela s’est aussi traduit par la mise à jour de la CDN. La démarche du Sénégal quant à l’application de l’Accord de Paris est ambitieuse, car le projet de construire des trajectoires bas carbone et résiliente est assez rare sur le continent africain’’.
Le programme implique le ministère des Energies, et une équipe de scientifiques nationaux et internationaux va se pencher sur les études d’une trajectoire de développement bas carbone. L’AFD aura pour partenaire Enda Energie. Trois entités vont mener les opérations : une entité de coordination avec Enda Energie pour l’animation du projet, cinq groupes de travail thématique et un comité de supervision codirigé par les ministres sénégalais et nigérian de l’Environnement. L’initiative ‘’Deep Decarbonization Pathways au Sénégal’’ est financée dans le cadre de la ‘’Facilité 2050’’ mise en place par l’AFD en décembre 2017. Elle vise à accompagner les pays en voie de développement dans leurs efforts de développement sobre en carbone. La facilité a déjà impacté 30 pays dont un africain : l’Afrique du Sud.
EMMANUELLA MARAME FAYE