RESILIENCE SOCIALE FACE A LA COVID-19
Les guides touristiques réclament leur part du Crédit hôtelier et étalent leurs maux
Le secteur du tourisme est assurément l’un des secteurs les plus touchés par la pandémie de Covid-19. Dans cette galère, certains acteurs souffrent plus que d’autres, ayant été oubliés par l’Etat du Sénégal, dans le cadre de la riposte contre la pandémie. Il s’agit des guides touristiques qui se sont rassemblés hier à Mbour, face à la presse, pour réclamer leur part.
Les guides touristiques réclament leur part du fonds Force Covid-19 distribué aux acteurs économiques du Sénégal. Ils ont fait face à la presse, hier, à Mbour. Lors de cette rencontre, le président de l’Association nationale des guides de tourisme au Sénégal (ANGTS) a laissé entendre : ‘’Quand la crise a continué, le chef de l’Etat a mis de nouveau 50 milliards pour aider à la relance du tourisme. Des guides se sont organisés en GIE, d’autres en associations pour être financés dans leur projet. Jusqu’à présent, ils n’ont pas encore de réponse. D’autres encore ont demandé, à titre personnel, un prêt de survie, dans le cadre de ce fonds. Nous ne demandons pas de l’aide ; nous ne demandons pas de la charité. On ne nous a jamais entendus, quand le tourisme marchait. C’était d’ailleurs le contraire, puisque c’est nous qui donnions de l’argent.’’
Mody Wellé d’ajouter : ‘’Le président de la République a très tôt compris les enjeux qui allaient découler de la crise sanitaire. C’est pourquoi, dans un premier temps, il a mis sur la table le Fonds de résilience dont quelque 15 milliards qui avaient été attribués au Crédit hôtelier et touristique. Sur cette somme, le ministère du Tourisme avait attribué, à chaque guide, un prêt de 500 000 F’’. Mais leur principal problème réside dans leur statut.
En effet, ‘’à l’heure actuelle, il n’y a plus de touristes. Il n’y a donc plus de travail pour nous et plus de revenus. Etant donné que la plupart des guides sont des travailleurs indépendants, le Crédit hôtelier et touristique a décidé d’attribuer 8 milliards aux entreprises, afin de les aider à faire face à leurs salaires et à leurs charges. Les guides sont des travailleurs indépendants par essence. Donc, ils se donnent des salaires et ils ont des charges’’, indique Mody Wellé qui se demande pourquoi ils sont exclus du crédit hôtelier.
De plus, il souligne la nécessité de rouvrir les frontières, pour une relance effective de leurs activités. ‘’Les Etats n’ont pas d’état d’âme, mais que leurs intérêts. Novembre prochain devra marquer la reprise du tourisme au Sénégal. Certains secteurs (restaurants, transports, etc.) ont ouvert et d’autres l’ont fait partiellement. Mais il n’en est pas encore de même pour le tourisme. Parce que, pour venir au Sénégal, il faut avoir un motif impérieux’’, renseigne-t-il.
De ce fait, les guides touristiques considèrent qu’au regard de l’évolution de la vaccination dans le monde, ‘’les gens qui sont vaccinés et qui disposent d’un test négatif devraient être admis au Sénégal. Et nous espérons que, d’ici novembre, les touristes qui voudraient venir au Sénégal pourront le faire. Encore que les plus optimistes parmi les spécialistes pensent que l’ouverture formelle des frontières et la reprise totale de l’activité touristique se fera à l’horizon 2023. Donc, d’ici 2023, tout le monde subira la crise et déjà, nous les guides, nous sommes quasiment morts. Et si le gouvernement nous laisse encore, on sera sur le bord de la route. C’est pourquoi nous lançons un appel aux autorités pour qu’on nous écoute et qu’on nous aide’’.
Selon lui, ‘’les guides sont les ambassadeurs de la destination et ont joué un grand rôle dans les actions sociales : construction et équipement de classes en zone rurale, construction de forages, de puits, de dispensaires et dons de médicaments, etc. Ils s’attendent à un geste de la part de l’Etat, d’autant plus que c’est le président Sall lui-même qui a mesuré très tôt les conséquences de la crise sur l’économie et le tourisme, et qui a mis cet argent à la disposition du secteur. Les mesures prises par le chef de l’Etat concernent tous les acteurs et n’excluent personne’’.
‘’5 milliards du Crédit hôtelier pour acheter des animaux, en particulier des éléphants’’
Par ailleurs, Mody Wellé et compagnons ont égrené d’autres préoccupations. Mody Wellé : ‘’L’autre revendication : c’est de mettre les guides dans les délégations qui vont dans les marchés émetteurs et les foires. Au Sénégal, il n’y a presque plus de charters espagnols et se sont les guides espagnols qui vont à la Fierra à Madrid et qui ramènent des touristes ici.’’
Du coup, ajoute-t-il, ‘’90 % des touristes espagnols qui visitent le Sénégal viennent par le fait des guides. Ce ne sont pas les agences de voyages qui les emmènent, mais les guides qui les démarchent pour les faire venir. Et à ce titre, ils doivent être aidés’’.
Ensuite, indique-t-il, pour redynamiser le parc de Niokolo-Koba, ‘’nous demandons de prélever au moins 5 milliards du Crédit hôtelier pour acheter des animaux, en particulier des éléphants dans la sous-région et repeupler le parc’’. Il souligne que ‘’cela nous ramènera des milliers de touristes. Et, du coup, même les touristes qui viendront en Gambie passeront au parc. Parce qu’actuellement, la première excursion vendue en Gambie, c’est la réserve de Fathala. Nous savons donc les leviers par lesquels on peut faire venir les touristes au Sénégal’’.
IDRISSA AMINATA NIANG
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