La région Nord endémique
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A l’instar de la communauté internationale, le Sénégal a célébré, ce 28 septembre, la Journée mondiale de lutte contre la rage. C’est le village de Taba Darou Salam, dans la commune de Diama (département de Dagana) qui a été choisi pour abriter la cérémonie officielle. Un choix qui n’est pas fortuit, puisque la région de Saint-Louis enregistre assez souvent des cas de rage humaine comme animale.
Au regard de la situation épidémiologique au Sénégal, la rage sévit de façon endémique et pose avec acuité un problème majeur de santé publique, surtout dans la région de Saint-Louis. D’ailleurs, l’édition 2021 de la célébration de la Journée mondiale de lutte contre la rage s’est tenue dans le village où le dernier foyer de cette maladie zoonotique fut enregistré l’année dernière.
Pour le représentant du ministère de l’Elevage et des Productions animales, entre 1995 et 2018, les services vétérinaires ont rapporté 101 cas de rage animale dont 70 cas de rage canine. Et pour répondre au défi de contrôle de la maladie, le département a entrepris, entre 2011 et 2018, au titre du Programme de renforcement de la protection zoosanitaire financé par le Budget consolidé d’investissement, la vaccination et le contrôle de la population des chiens errants qui constituent une menace permanente pour les populations.
‘’La rage est endémique dans la zone. Dans les statistiques, on note une trentaine de morsures de chiens enragés. C’est une maladie importante qu’on doit prendre en considération et l’éradiquer complètement. Malheureusement, les populations ne semblent pas mesurer la dangerosité de la maladie. Pour rester coller au thème de l’édition 2021 qui est de sensibiliser pour sauver des vies, nous sommes venus ici pour leur rappeler la maladie et les mesures à prendre pour l’éviter’’, a expliqué le chef de Service départemental de l’élevage, Makhtar Barro.
Les populations invitées à respecter la santé des chiens
A l’en croire toujours, pour l’éradication de la rage en 2030, il faut que les populations changent de fusil d’épaule et adoptent un autre comportement envers les animaux, surtout les chiens. ‘’Le chien comme la volaille sont souvent traité avec négligence, alors qu’ils peuvent être vecteurs de la maladie. Durant la cérémonie, nos interventions ont été axées sur la sensibilisation du bien-être des animaux et comment bien les traiter. Vu la réaction des populations venues en masse, on croit dur comme fer que la sensibilisation de cette journée va porter ses fruits, car les chiens autant que les autres animaux domestiques doivent être bien pris en compte dans toute leur dimension’’, a-t-il ajouté.
C’est dans ce contexte que le docteur François Diouf de l’UGB, par ailleurs encadreur du One Health Innovation Club de l’université Gaston Berger de Saint-Louis, a invité les différents départements ministériels à conjuguer leurs forces pour gérer les zoonoses. Avant de revenir sur les signes cliniques de la rage et des gestes à observer, en cas d’attaque. ‘’Les symptômes peuvent varier selon les espèces, mais ils sont le plus souvent caractérisés par un changement de comportement, puis des troubles divers. Il s’agit de l’incoordination motrice, de la paralysie, des cris anormaux, de l’agressivité, de la salivation abondante, des morsures de personnes ou d’objets inanimés. Chez les carnivores, on peut noter une procidence de la paupière (corps clignotant). En cas de morsure, il faut se rapprocher des services de santé ou de l’Institut Pasteur de Dakar pour un traitement antirabique. Il faut également éviter le contact étroit avec des chiens et chats domestiques non-vaccinés, faire porter au chien un collier et une muselière, et éviter tout contact avec les chiens errants’’, a signalé le Dr Diouf.
De plus, l’enseignant à l’UGB a rappelé qu’il n’existe aucun traitement efficace contre la rage, après l’apparition des symptômes.
Ibrahima Bocar SENE (Saint-Louis)