Les acteurs de la pêche exigent le respect des engagements
L'Association des pêcheurs artisanaux à la ligne de Saint-Louis (Apals) a tenu, hier, un point de presse à la place Pointe-à-Pitre (ex-Chaumière) pour exiger de British Petroleum (BP) le respect des accords signés avec les populations de la langue de Barbarie. Les professionnels de la pêche à la ligne soupçonnent la compagnie anglaise de vouloir se dérober de ses engagements concernant l’installation de récifs artificiels pour pallier leur manque à gagner.
Entre les pêcheurs artisanaux à la ligne de Saint-Louis (Apals) et la compagnie British Petroleum (BP), on ne parle plus le même langage. Depuis plusieurs mois, les acteurs de la pêche dénoncent avec véhémence leur interdiction de pêche dans la zone de Diattara, qui abrite la plateforme gazière du GTA. Pourtant, pour leur trouver des alternatives, la compagnie anglaise s’était engagée, devant les autorités, à réaliser des récifs artificiels au large de Saint-Louis.
Malheureusement, les membres de l’Association des pêcheurs artisanaux à la ligne de Saint-Louis fustigent les manquements déjà notés dans le processus d’installation. Pour le porte-parole de l’Apals, la dernière sortie de BP montre à suffisance ses intentions de ne pas respecter ses engagements. ‘’BP et ses partenaires, dont Kosmos Energy, ont confirmé la signature d’un contrat pour le développement d’un récif artificiel unique au large de Saint-Louis, en lieu et place des six récifs initialement promis. Raison pour laquelle nous dénonçons fermement cette décision, qui constitue une violation flagrante des engagements pris par BP et Kosmos Energy lors des précédentes négociations. Ces récifs devaient servir à compenser l’impact écologique massif des activités d’exploitation gazière du projet GTA sur nos côtes, déjà lourdement affectées par la dégradation de nos écosystèmes marins et l’accaparement de Diattara, le plus grand récif naturel de Saint-Louis’’, a dénoncé Mamadou Sarr.
Très remontés contre BP et ses partenaires, les pêcheurs et les femmes transformatrices de la langue de Barbarie soutiennent que l’interdiction de la zone de Diattara les a anéantis moralement et financièrement. ‘’La réduction à un seul récif artificiel met en danger l’avenir de la pêche artisanale à Saint-Louis ainsi que la survie de milliers de familles qui dépendent de cette activité. Pire encore, nous avons entendu qu’il sera largué à quatre kilomètres de Saint-Louis. Qu’ils sachent que nous ne sommes pas d’accord. Nous leur rappelons que ces récifs sont essentiels pour la préservation des ressources halieutiques gravement menacées par l’exploitation gazière dans la région. Depuis 2019, la communauté des pêcheurs s’était engagée de bonne foi dans les discussions, espérant des actions concrètes de la part de BP et Kosmos Energy pour protéger nos moyens de subsistance et l’environnement marin. Malheureusement, aujourd’hui, nous nous sentons trahis par ces derniers’’, a râlé Ndèye Meissa Dièye.
D’ailleurs, les acteurs de la pêche de Saint-Louis rappellent à qui veut les entendre qu’ils exigent une réponse immédiate des autorités compétentes et des entreprises concernées pour rectifier cette situation. Sinon, ils se réservent le droit de prendre toutes les mesures nécessaires pour défendre leurs intérêts et ceux de leur communauté. ‘’Nous savons nous battre et nous ne resterons pas les bras croisés à attendre sagement notre mort et celle de nos familles. Si rien n’est fait, nous n’écartons pas de descendre sur la plateforme, quitte à nous faire tuer. Mais avant d’en arriver à ce stade, nous interpellons BP et ses partenaires à respecter les accords signés avec les communautés impactées’’, a déclaré Mamadou Sarr.
‘’Nous demandons instamment à BP et ses partenaires de respecter leurs engagements initiaux et d’honorer la promesse de construire les six récifs artificiels, comme prévu. Toute autre décision serait perçue comme un mépris total des droits des pêcheurs artisanaux de Saint-Louis et une atteinte grave à la protection de notre écosystème marin’’, a soutenu le porte-parole du jour. Avant d'inviter les compagnies exploitantes à mettre en place un programme de compensation juste et préalable, incluant une indemnisation pour les pertes de revenus et l'accès à des alternatives de pêche durables.
IBRAHIMA BOCAR SENE SAINT LOUIS