SAINT-LOUIS - MAGAL DE TOUBA
Les chauffeurs et les rabatteurs imposent leur loi aux pèlerins
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Les talibés mourides ont pris d’assaut les différents sites de départ de la vieille ville, à quarante-huit heures du grand Magal de Touba. Profitant du rush des clients, des rabatteurs et des chauffeurs véreux ont augmenté les tarifs, au grand dam des pèlerins. A la gare routière de la commune ou dans les garages ‘’clando’’, il faut débourser un peu plus que le prix normal pour trouver une place à bord des taxis ‘’7 places’’, mini-cars ou bus en partance pour la ville sainte de Touba.
Le 18 Safar à Touba est un moment spécial qu’aucun talibé mouride ne veut rater pour rien au monde. Raison pour laquelle ceux de Saint-Louis convergent, depuis quelques jours, vers les lieux de départ pour la cité de Cheikh Ahmadou Bamba. A la gare routière de la commune, sac à dos ou valise à la main, les talibés jouent des coudes et se disputent même quelquefois pour trouver une place dans les véhicules en partance pour la ville sainte. Un rush qui n’est pas sans conséquence, puisque les talibés ont vu les prix des billets flamber. Une hausse dénoncée par les clients qui la jugent anormale et injustifiée.
‘’Depuis presque une semaine, les rabatteurs et les chauffeurs malhonnêtes ont mis en place des méthodes peu orthodoxes pour augmenter le tarif des billets du Magal. Rien n’est toléré. Le plus petit sac à dos est facturé cher. On impose aux parents de payer les places des petits enfants ou de descendre des bus. Ils ne font rien pour faciliter le voyage aux talibés. Mais les chauffeurs et les rabatteurs, en bons musulmans, doivent comprendre que le Magal est une question de jours’’, a fustigé Thiané Mbaye, à bord d’un bus sur le point de partir.
A Diamaguène, derrière l’école Boly Diaw, la dame Awa Pène, tenant une fillette de 6 ans à la main, assimile le comportement des chauffeurs à de la pure méchanceté. ‘’En complicité avec les chauffeurs des bus et minibus, les ‘coxeurs’ abusent de la situation de rush de la clientèle. Les exagérations qu’ils font dans les garages, sont très loin des enseignements de Serigne Touba. Ils n’ont pas de pitié envers les talibés. Quelles que soient les stratégies mises en branle, la hausse des tarifs ne les rendra jamais riches. En temps normal, le billet Saint-Louis – Touba s’élève à 3 000 F en bus. Mais aujourd’hui, il faut débourser entre 5 000 et 7 000 F. C’est vraiment regrettable, entre frères musulmans. Les chauffeurs et les rabatteurs doivent savoir raison garder et imiter Mame Bamba pour l’amour qu’il avait envers son prochain’’, a-t-elle lancé.
Les regroupements de chauffeurs appellent au respect des tarifs homologués
Malgré les nombreuses complaintes sur l’augmentation abusive du prix du billet vers Touba, les milliers de talibés soutiennent pourtant que rien ne les empêcherait de rallier la ville sainte. ‘’Les tarifs ont monté sans raison, mais pas question de rater le grand Magal de Touba. C’est l’instant idéal que nous, talibés, avons pour communier et prier avec nos guides religieux. Un bon talibé mouride ne ménagera aucun effort pour répondre à l’appel de Serigne Touba, Khadimou Rassoul. Si le billet était à 15 000 F, les talibés mourides sont prêts à débourser, parce que le 18 Safar passe avant tout, pour eux. Mais cela ne dédouane pas les chauffeurs qui veulent se remplir les poches sur le dos des fidèles, surtout en cette période de Covid-19 où toutes les activités sont au ralenti’’, s’est plaint Masta Dieng.
Pointés du doigt par les talibés d’être les seuls responsables de leur souffrance sur les lieux de départ, les chauffeurs de bus et de mini-cars rejettent avec la dernière énergie les accusations. A en croire certains d’entre eux, la hausse des tarifs est justifiée et compréhensible. ‘’A l’aller, on fait le plein, mais pour revenir chercher les clients dans les régions, on est obligé de rouler à vide. Donc, il faut que les voyageurs nous comprennent, sinon on ne va pas s’en sortir après le Magal. Aucun transporteur ne travaille pour ensuite se retrouver avec des dettes de carburant’’, a tenté d se justifier le chauffeur Aliou Dème.
Pourtant, les responsables de syndicats et de regroupements de chauffeurs de Saint-Louis invitent, depuis plusieurs jours, leurs membres à respecter les tarifs normaux pour le Magal de Touba. ‘’Les chauffeurs sont mis en garde et nous veillerons à ce que tout se passe dans l’ordre. Aucune dérive ne sera tolérée. Magal ou pas Magal, les billets ne doivent pas être augmentés comme on veut. Nous sommes régis par des textes à respecter et à faire respecter. C’est pourquoi on les invite à ne pas le faire, mais aussi à ne pas faire de surcharge. Maintenant, ce qui se fait dans les garages ‘clandos’ ou occasionnels, on ne peut pas le contrôler’’, a signalé le président du Regroupement des chauffeurs de Saint-Louis, Birane Seck.
Ibrahima Bocar SENE (Saint-Louis)
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