Faire une IA qui nous ressemble
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Le grand défi, selon les experts, c'est de développer des outils qui nous ressemblent, en vue de prendre en charge les véritables préoccupations de nos sociétés.
Plus concrètement, Assane Ndoye Niang est revenu sur les nombreuses opportunités que peut offrir l'IA dans la prise en charge de problématiques majeures qui concernent au premier plan des pays comme le Sénégal. Il déclare : “Prenons l'exemple de la santé. L'IA a déjà fait ses preuves. Elle a réussi à faire des diagnostics justes sur des patients malades depuis trois ans et sur lesquels les médecins avaient du mal à trouver la pathologie.”
Revenant sur le procédé, il explique : “On a pris le dossier médical du patient, on donne les données à l'IA pour lui demander sur cette base de quelle pathologie souffre le patient. Et l'IA a détecté la pathologie en quelques secondes. Après vérification, on voit qu'effectivement, c'était exact. Toujours en santé, l'IA a permis de créer des formules pour la création de vaccins sur la base de ses connaissances dans le domaine de la biologie. C'est une véritable révolution que nous sommes en train de vivre dans tous les secteurs.”
Ceci n'est qu'à titre illustratif, selon M. Niang. L'IA est désormais au cœur de toutes les matières. Dans le domaine de l'agriculture, explique-t-il, il existe des machines qui fonctionnent à base d'IA. “Sur la base des coordonnées géographiques, la machine peut être programmée à semer l'ensemble du périmètre. Elle n'a besoin de personne pour faire ce travail. L'IA peut aussi aider dans l'identification de la fertilité des terres et la détermination des cultures appropriées. Ce sont des outils qui existent déjà ; je ne parle même pas d'avenir, c'est maintenant que ça se joue”.
Un défi de souveraineté et de sécurité
Comme dans beaucoup de secteurs, le Sénégal reste pour le moment un grand consommateur. Pas un développeur. Ce qui pose, de l'avis du technicien Touré, un vrai problème de souveraineté, mais aussi de sécurité. “Pour être souverain, il faut avoir son propre modèle basé sur nos réalités, mais cela demande des investissements importants. Sinon, on sera à la solde des autres et ça ne nous met pas en sécurité. Je donne un exemple concret. Si le ministre de l'Intérieur utilise le modèle ChatGPT par exemple, toutes les données traitées seront remontées dans les serveurs américains. Idem quand tu utilises d'autres IA. Ils ont donc tout. Ils n'ont même plus besoin d'envoyer des espions. Beaucoup font la ruée, mais ils ne comprennent pas le danger qui les guette. Oui, c'est bien de recourir à l'IA, il sera de plus en plus difficile de s'en passer, si l’on veut être compétitif. Mais il faut prendre conscience que l’on confie tous nos secrets aux autres. D'où l'intérêt d'œuvrer pour plus de souveraineté dans ce domaine”.