Un "lobby" dirigé par le PCR indexé
Les réserves foncières de la communauté rurale de Yène sont en voie d'extinction, se sont écriées les populations locales, lors d'une grande marche dimanche. Selon elles, même le marigot de la localité, zone classée, a été morcelé.
Sous la direction du mouvement "Sopi ak Dialaw", les populations de Toubab Dialaw, Yène Gudji, Yène Digue, Ndiatakh, Kell, Todd, entre autres villages, ont marché dimanche dernier contre la bradage des terres de la zone. Les marcheurs ont désigné du doigt le président de la communauté rurale (PCR), le professeur Gorgui Ciss et ses collaborateurs, comme auteurs. De l'avis de Amadou Diagne Ndir, initiateur de la manifestation : "Aujourd'hui, nous sommes venus manifester notre opposition pour marquer de façon nette notre désaccord par rapport à ce qui se passe à Yène où nous avons l'impression de vivre dans une jungle sans loi. Le PCR s'est créé ses propres lois, a mis en place sa propre organisation et est en train de façon hallucinante de dilapider et de vendanger les terres".
Le président du mouvement de défense des intérêts de la population signale que les actuels dirigeants de la communauté rurale de Yène sont en train de se faire des milliards avec la spoliation des réserves foncières de la zone. "Là où nous nous trouvons, il y a un lotissement de 1 500 parcelles qu'ils sont en train de faire. Faites le calcul : c'est-à-dire 1 500 parcelles par deux millions cinq francs, on parle dans ce cas de milliards de francs Cfa. Il y a aussi un lotissement un peu plus en avant, à Ndoukhoura, de 300 parcelles. Sur la colline, ils font un lotissement de 200 parcelles. Et on ne reste pas une semaine sans que ce ne soit des délibérations tous azimuts. Voilà ce que Yène est en train de vivre."
De plus, M. Ndir soutient qu'"il ne se passe pas une semaine sans qu'il y ait un scandale foncier. Hier (samedi, Ndlr), un nommé Daouda Niang a eu des problèmes avec un monsieur et a été à la gendarmerie pour une histoire de sept hectares. Il n'y a pas une semaine, la famille de Coumba Ndoye a été dépossédée de 25 hectares de terre qu'on a vendus et des gens se sont partagés l'argent en ayant 37 millions de francs chacun. Il y a un mois, un des leurs est allé répondre pour une affaire portant sur deux cent cinquante millions. Un autre s'est acheté un appartement à 320 millions de francs à Nice en France. Ce qui se passe à Yène dépasse l'entendement".
A en croire le protestataire, les méthodes du président de la communauté rurale seraient toutes simples : "Le PCR, à travers les soi-disant commissions villageoises, se cache et utilise ces commissions-là comme boucliers ; ce qui est du reste illégal parce qu'elles n'ont aucun mandat." Pour M. Ndir, "il est tant d'arrêter ce qui se passe à Yène et l'Etat doit prendre ses responsabilités à travers le sous-préfet, le gouverneur et nous interpellons le président de la République Macky Sall''. D'ailleurs, il ne demande ni plus ni moins qu'un audit du foncier afin de savoir "comment des gens qui n'avaient pas une chambre à Yène il y a dix ans, puissent aujourd'hui construire des châteaux, se payer des ranchs avec des bœufs à six millions la tête et en vivant comme des princes".
Il faut savoir qu'une pétition a été initiée par les plaignants et devrait être déposée auprès du sous-préfet. Car, dit M. Ndir, "les délibérations, c'est (le sous-préfet) qui les valide. Un lotissement ne peut être valable si le cadastre ne l'approuve pas, si l'urbanisme ne l'approuve pas. Il n'y a pas un lotissement qu'ils sont en train de faire qui soit dans la légalité". Amadou Diagne Ndir avertit que si rien n'est fait pour rectifier le tir, ses camarades et lui réagiront de ''façon différente".Malgré nos multiples tentatives, le président de la communauté rurale de Yène, le professeur Gorgui Ciss, est resté injoignable.
Le marigot de Yène morcelé
Ce qui écœure le plus les marcheurs, c'est le morcellement du marigot de Yène Todd. "Ils sont en train de lotir sur des marigots et des marécages. Ce lotissement n'a pas été approuvé par le cadastre ni par l'urbanisme. L’État doit prendre ses responsabilités au lieu que dans dix ans on crie aux inondations si des gens sont installés dans des marigots". En fait, le marigot de Yène Todd, qui doit accueillir plus de 2 000 parcelles bornées par la communauté rurale, fait partie des mares temporaires comme celles de Rufisque-Bargny et de Toubab Dialaw. Lesquelles constituent des ZICO (zones d’importance pour la conservation des oiseaux dont les mouettes, les goélands, les aigrettes et les petits limicoles qui sont en voie de disparition). En outre, le marigot de Todd est une zone non ædificandi et, selon des spécialistes en environnement, il devrait bénéficier du statut d’aire protégée dans la mesure où il renferme une richesse en biodiversité et des grandes potentialités économiques.
PAPE MOUSSA GUÈYE
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