Le compte à rebours lancé avec près de 350 milliards F CFA de financement
Le Sénégal a, à partir d’hier, 4 ans et 364 jours pour la réalisation du second Compact du Millennium Challenge Corporation (MCC), notamment le Sénégal Power Compact, avec une enveloppe financière d’environ 350 milliards de francs CFA. Le compte à rebours a été déclenché par le chef de l’Etat Macky Sall.
Après son premier Compact du programme américain Millennium Challenge Corporation (MCC) en 2004, le Sénégal a bénéficié d’un second Compact de la part des autorités américaines. ‘’Quand on parle de Compact, en langage clair, il faut savoir que c’est un don. Ce n’est pas une dette. Le premier Compact de 540 millions de dollars était consacré à la construction d’infrastructures routières dans une bonne partie du Sénégal, au Nord, au Sud, mais également dans les systèmes d’irrigation dans la vallée du fleuve Sénégal, notamment dans le département de Podor. Et aussi une étude sur les réformes foncières en milieu agricole. Ceci a permis l’amélioration du niveau de vie de nos populations, à travers ces deux secteurs-clés du développement, à savoir les infrastructures et l’agriculture’’, explique le chef de l’Etat Macky Sall.
Il procédait, hier, au lancement du second MCC Sénégal Power Compact. Avec ce second Compact, signé le 10 décembre 2018, le gouvernement américain renouvelle, selon le président Sall, ‘’sa solidarité’’ au peuple sénégalais par un don de 550 millions de dollars dédiés à un autre secteur vital, stratégique. Il s’agit de l’électricité.
‘’Pour magnifier l’esprit de partenariat qui anime nos relations, nous avons décidé d’investir dans ce projet 50 millions de dollars comme contribution du Sénégal, portant ainsi le MCA Sénégal à 600 millions de dollars, soit près de 350 millions de francs CFA. La mise en œuvre de ce Compact va contribuer à améliorer sensiblement nos performances en matière de fourniture d’électricité et à relever le taux d’accès en milieu rural aux paysans’’, poursuit-il.
Exécuter le projet selon les meilleurs principes
Concrètement, ce Compact permettra, d’après le chef de l’Etat, à travers ces trois composantes, de moderniser et de renforcer le réseau de transfert de la Senelec, d’accroître l’accès à l’électricité dans les zones rurales et urbaines, et de contribuer au renforcement de capacités des acteurs du secteur de l’électricité, grâce aux réformes qui seront engagées.
‘’Au total, c’est plus de 12 millions de Sénégalais qui seront impactés par ce projet dont 1,8 million qui pourront accéder à l’électricité, contribuant de façon déterminante à mon objectif d’accès universel à l’électricité à l’horizon 2025. Il n’y a pas moyen de demander des extensions pour les délais qui nous ont été fixés. Il s’agira de consommer les ressources dans les délais, voire avant. En tant que représentant de nos peuples, notre responsabilité est de faire en sorte qu’il soit exécuté selon les meilleurs principes, en toute transparence, en toute diligence et pour une efficacité optimale’’, fait savoir le président de la République.
Ce Compact comprend, selon l’ambassadeur des Etats-Unis au Sénégal, un investissement d’environ 320 milliards de francs CFA du gouvernement américain et 30 milliards de francs CFA du Sénégal. ‘’Ce Compact comprend des investissements dans les infrastructures électriques, une réforme institutionnelle dans la gouvernance, la réglementation et l’exploitation pour un secteur de l’énergie durable et moderne, au bénéfice du Sénégal d’aujourd’hui et de demain. Les bénéficiaires de ce projet sont notamment les propriétaires de boutiques qui ont besoin d’éclairage ; les étudiants à Ndioum qui ont besoin de lumière pour leurs longues nuits studieuses ; les mères et les pères en Casamance et dans d’autres zones, et les fermiers et les producteurs agricoles qui aspirent à moderniser leurs moyens de production’’, dit Tulinabo S. Mushingi.
Pour atteindre les objectifs de ce programme qui sont de moderniser le domaine de l'électricité et de créer des opportunités économiques tangibles pour des millions de Sénégalais, le président-directeur général (PDG) par intérim du Millennium Challenge Corporation (MCC) a souligné que la phase de mise en œuvre sera ‘’tout aussi, sinon plus exigeante’’ et nécessitera le même niveau d'engagement, de collaboration et de leadership. ‘’Dans la perspective d’un Sénégal émergent, il est difficile pour nous d’imaginer un meilleur catalyseur et moteur d’un développement économique inclusif du Sénégal autre qu’un secteur de l’électricité efficace, performant, en pleine croissance et réducteur de pauvreté. L'accès à l’électricité fiable et abordable a un impact direct sur un bon nombre d'objectifs prioritaires que le Sénégal a dans le Plan Sénégal émergent, notamment la multiplication-croissance des investissements privés et la réalisation de l'accès universel à l'électricité’’, estime Mahmoud Bah.
Le secteur privé invité à jouer un rôle clé dans le processus
D’après lui, ces investissements permettront au Sénégal d'atteindre les objectifs ‘’impressionnants’’ du gouvernement visant à accroitre la fiabilité et l'accès à l'électricité et à établir une base ‘’moderne et efficace’’ sur laquelle le système électrique du pays pourra se développer. ‘’Au fond de ces objectifs, nous estimons que le secteur privé doit jouer un rôle clé dans nos efforts, si nous espérons pérenniser nos succès et les voir s’étendre de manière soutenable dans le futur. Les investissements du Compact, au-delà des multi-millions de dollars d’infrastructures telles que les câbles de transmission sous-marins, les lignes électriques à haute tension, les transformateurs ou même les réformes structurelles et institutionnelles, au-delà de toute cette technicité, il s’agit de l’amélioration des conditions de vie de nos frères et sœurs sénégalais’’, renchérit-il.
Ainsi, M. Bah encourage tous les responsables de ce programme à continuer à faire preuve d'audace dans les efforts, pour mettre en œuvre des réformes qui assureront la pérennité des investissements stratégiques dans les infrastructures. Et aussi à veiller à ce que la population et les entreprises du Sénégal puissent pleinement profiter des avantages d'un domaine de l'électricité amélioré, élargi et bien gouverné. Le PDG par intérim du MCC a également rappelé que le partenariat entre les deux pays remonte à la création du MCC, en 2004, l’année à laquelle le Sénégal a été sélectionné comme l'un des premiers pays éligibles au Compact MCC.
‘’Le premier Compact a réellement stimulé une croissance économique inclusive, en catalysant la productivité agricole du Sénégal. Il a élargi l'accès aux marchés et aux services, grâce à des investissements stratégiques dans les routes et les réseaux d'irrigation dans la vallée du fleuve du Sénégal et la région de la Casamance’’, relève M. Bah.
Ce dernier trouve que le succès du premier Compact les a amenés à un deuxième fond Compact, notamment le Sénégal Power Compact, signé en décembre 2018. ‘’L'investissement du gouvernement américain de 550 millions de dollars dans ce programme MCC, était ambitieux dès le départ. Chaque projet et activité ont été conçus pour atteindre notre objectif commun de réduire la pauvreté à travers une croissance économique inclusive. L’investissement supplémentaire de 50 millions de dollars du gouvernement du Sénégal dans ce Compact, témoigne également de l’engagement ferme de votre pays’’, note-t-il.
Macky Sall : ‘’Le besoin en chemin de fer est un besoin vital pour l’Afrique, au-delà du Sénégal’’ Le chef de l’Etat a aussi souligné, lors de cette rencontre, que l’interconnexion des villes africaines reste un challenge. ‘’Nous réagissons dans les mêmes délais à votre note verbale du 23 août dernier, sollicitant les besoins en infrastructures du Sénégal. Au premier rang de ces besoins, figure le projet prioritaire de reconstruction de la ligne ferroviaire Dakar – Tambacounda - Bamako et ses connexions secondaires pour un linéaire de 650 km pour la première phase pour laquelle le dossier technique et financier est déjà disponible. Le besoin en chemin de fer est un besoin vital pour l’Afrique, au-delà du Sénégal. Nous avons besoin d’interconnecter les pays, de développer le commerce intra-africain et de faciliter les échanges’’, dit-il. |
MARIAMA DIEME