Des réactions plutôt nuancées
Le ministre de la Culture a annoncé que soutenir les cultures urbaines restent une des priorités de sa politique en 2013. EnQuête a requis l'avis d'acteurs concernés qui apprécient la nouvelle avec nuance.
S'achemine-t-on vers la fin des clashes entre le ministère de la Culture et les acteurs des cultures urbaines. Ceux-ci se sont toujours dit ''marginalisés'' par les autorités de ce pays. Le mouvement hip-hop l'a bruyamment manifesté l'année dernière lors de la tenue de ses 72h. En conférence de presse hier au Grand-Théâtre, le ministre de tutelle Abdou Aziz Mbaye a promis de miser lourd sur ce secteur.
''Les cultures urbaines marchent et font bouger l'économie créative malgré l'absence des autorités pour les soutenir'', a-t-il admis. Le ministre compte rectifier le tir, a-t-il déclaré : ''Je pousse ceux qui avancent.'' Et comment, en commençant par nommer un des membres de ce mouvement dans son cabinet en la personne de la danseuse professionnelle Gacirah Diagne qui gère la troupe Kaay Fecc. Mme Diagne est d'ailleurs un membre incontournable dans l'organisation des 72h du hip-hop et dans l'évolution du b-boying au Sénégal. ''J'ai choisi quelqu'un qui pourrait parler à tout le monde et se faire écouter'', a expliqué M. Mbaye. Il a vu juste d'après le rappeur Xuman qui confie que ''le ministre a choisi quelqu'un qui s'y connaît''.
Cependant, interrogés par EnQuête hier, des artistes ont émis sur des tonalités mitigées. Si certains saluent l'initiative d'intégrer avec force les cultures urbaines dans la politique de la tutelle, d'autres émettent quelques réserves. ''C'est une bonne chose de penser aux cultures urbaines'', a dit le graffeur Docta. Surtout que ''c'est une première'', a souligné le patron d'Africulturban Matador, alors que pour Xuman, c'est là ''une reconnaissance''.
Moins enflammé, Simon estime qu'''on n'espérait pas mieux''. Son confrère Malal Talla de lâcher : ''L'idée vient de Y'en a marre et non pas du ministre.'' ''C'est bien qu'il nous ait écouté'', a-t-il ajouté. S'ils s'accordent tous à dire que l'initiative est louable, ces acteurs culturels ont des points de vue divergents quant à son effectivité. Matador pense que ''c'est un pas et il va falloir aller plus loin''. Fou Malade, lui, suggère de ''créer des organes décentralisés vers qui les jeunes porteurs de projets pourraient s'adresser pour des subventions''.
BIGUE BOB et AÏCHA WALY DOUMBIA
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