L'ARTP prône une canalisation légale du secteur
Le développement fulgurant, ces dernières années, de la téléphonie mobile avec ses dérivés (paiements électroniques) appelle à davantage de réglementation du secteur des télécommunications au Sénégal. C'est ce que souhaitent fortement des acteurs du secteur dont l'Autorité de régulation des télécommunications et postes (ARTP) qui a dans ce sens initié hier à Dakar une séance de réflexion sur les services à valeur ajoutée (SVA).
Selon les statistiques révélées par le directeur général de l'ARTP, Abou Lo, le nombre de fournisseurs SVA présents sur le marché et déclarés auprès de ses services, est passé de 29 en 2008 à 72 au 31 décembre 2012. ''293 numéros courts ont été attribués aux fournisseurs de SVA et aux opérateurs des télécommunications dont 35 numéros courts vocaux à six (6) chiffres et 258 numéros courts à cinq (5) chiffres pour des services SMS/MMS. Les flux de trafics échangés sur les réseaux sont devenus de plus en plus importants. Pour les services SMS surtaxés, le volume de trafic enregistré sur les plates-formes de services des opérateurs a été multiplié par 9 entre 2008 et 2012 et atteint 20,3 millions de SMS au 31 décembre 2012'', a ajouté M. Lo.
De son avis, si la loi 2011-01 du 24 février 2011 portant code des télécommunications régit les SVA, l'essor de la téléphonie mobile a crée l'émergence d'une nouvelle réalité. Il s'agit d'''une multitude de services proposée via les réseaux des opérateurs titulaires de licence, allant notamment des services SMS surtaxés aux services sur serveurs vocaux. Les services à valeur ajoutée sont devenus aujourd’hui des services supports indispensables aux activités de certaines entreprises spécialisées dans le domaine du mobile banking, du paiement de facture, du tracking et de la géolocalisation'', a énuméré le DG de l'ARTP. Il a indiqué que ''ces services innovants ont bouleversé nos habitudes et facilité la réalisation de certaines tâches quotidiennes des citoyens sénégalais''. D'où la nécessité de revisiter le cadre réglementaire législatif pour éviter l'anarchie, autrement dit : ''Adapter le dispositif de régulation pour accompagner l’innovation et le développement de l’activité de fourniture de services à valeur ajoutée, en vue d’assurer une meilleure croissance du secteur et encadrer davantage les relations entre les opérateurs de téléphonie et les fournisseurs de SVA'', a dit Abou Lo. Cependant, les acteurs conviennent que la balle est dans le camp du gouvernement en charge de légiférer.
La touche de la Bceao
Dans cette perspective, Bwaki Kwassi, directeur des Systèmes et moyens de paiement de la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (Bceao) a annoncé l'élaboration d'un protocole d'accord entre la banque centrale et les différentes agences de régulation des pays de l'Uemoa. ''On est en train de négocier avec l'ARTP pour créer une plate-forme sous-régionale en vue de mieux réglementer le secteur et d'améliorer le cadre de compétitivité. On est en train de discuter pour mettre en place un cadre de collaboration de sorte que les aspects financiers soient pris en charge par la Banque centrale et les aspects techniques par les ART (Autorité de régulation des télécoms)'', a-t-il expliqué.
PAIEMENTS VIA LA TÉLÉPHONIE MOBILE Contexte favorable à son essor dans l'Uemoa Le contexte socio-économique de l'Uemoa est favorable au développement des paiements via la téléphonie mobile, a déclaré Bwaki Kwassi, directeur des Systèmes et moyens de paiement de la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (Bceao). S'appuyant sur des chiffres éloquents, il a souligné que le taux de bancarisation strict Uemoa est de 10%, dont 6,7% au Sénégal. Et parlant de forte pénétration de la téléphonie mobile, il a noté qu'elle est de 38% dans l'Union, et 93,6% au Sénégal à fin juin 2013. Et le taux de bancarisation élargi Uemoa (SFD/EME/MB) est de 20,21% de l'espace dont 28,5% au Sénégal. Selon toujours les chiffres de la Bceao, l'Afrique de l'Ouest comptabilise 6 millions de souscripteurs, dont 1,3 million au Sénégal. Et pour un nombre d'opérations de 19 millions, avec 3,9 millions réalisées au Sénégal, la valeur totale des opérations est estimée à 100 milliards F Cfa et le nombre de distributeurs à 11 000 (environ 2 500 au Sénégal). Mais si la zone Uemoa entend faire des services financiers par téléphonie mobile le levier de l'inclusion financière, il faudra adapter des stratégies conformes aux réalités socioculturelles de la sous-région, a avisé Jean François Sène, directeur de Tigo Business. ''Pour parler d'émergence, il faut des agrégateurs de contenus et des fournisseurs qui vivent de leur métier. Nous ne sommes pas des Américains, l'analphabétisme ne doit pas être un frein, il nous faut enlever ces œillères qui nous empêchent de voir la réalité en face. Il faut mettre les télécoms au service des acteurs économiques et des populations'', a-t-il insisté. |
Matel BOCOUM