Les travailleurs annoncent une grève les 13 et 14 septembre
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Les membres du syndicat démocratique des travailleurs de la santé section Aristide Le Dantec ont fait, hier, un douloureux diagnostic de l’état actuel de l’hôpital. Ils dénoncent la vétusté des bâtiments, la situation précaire des prestataires, le non-respect des engagements de l’Etat, entre autres maux et annoncent une grève de deux jours en septembre.
Le syndicat démocratique des travailleurs de la santé section Aristide Le Dantec (SDTS) a fait face à la presse, hier, à l'hôpital Aristide Le Dantec. Les syndicalistes dénoncent l'état dans lequel se trouve l'hôpital qui, selon le secrétaire général dudit syndicat, était une référence dans la sous-région. ''L'hôpital ne respecte plus les normes sanitaires, pour une bonne administration des soins de qualité'', regrette Abdoulaye Dione. Qui souligne la nécessité de réactiver le projet de reconstruction qui date de 2005. Ceci, malgré la finalisation de la rédaction et de la révision du projet d'établissement de l'hôpital, selon les recommandations du ministère de la Santé et de l'Action Sociale et de la Banque Mondiale.
Abdoulaye Dione fait remarquer que l'hôpital croule sous le poids de son âge et trouve dans un état de délabrement inquiétant. Les bâtiments sont vétustes et risquent d'être un danger public pour les malades et le personnel soignant. Il interpelle directement le président de la République Macky Sall qui est venu dans l’hôpital, en 2014, lors de l'inauguration de l'unité de cardiologie et avait promis à la population et au personnel soignant la réhabilitation de l'hôpital Aristide Le Dantec.
Cette promesse, constate-t-il, tarde à se concrétiser. ‘’Pendant ce temps, l'État construit d'autres hôpitaux qui n'ont pas de personnel, ni d'équipements. Tout cela, c'est de la politique politicienne. Nous savons ce que le président de la République est en train de faire. La subvention que nous recevons est insuffisante, sachant que la couverture maladie universelle nous doit 503 millions FCFA. C'est paradoxal, alors que l'Etat a les moyens'', fustige M. Dione. Qui pointe le manque de volonté manifeste de l'Etat.
Face à cette situation, les travailleurs comptent dérouler un plan d'actions pour freiner ''la tentative de liquidation de leur outil de travail et descendre sur le terrain’’. Ils menacent de faire face pour que l'hôpital retrouve son lustre d'Antan. Ils refusent que l'hôpital soit liquidé.
Incohérences
Le secrétaire général du syndicat démocratique des travailleurs de la santé, affilié à la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal/ FC, Cheikh Seck annonce une grève générale, les 13 et 14 du mois prochain, dans tout le pays. ‘’Ça sera les premiers jalons que nous allons poser. En ce moment, ils sont préoccupés par la campagne et ils collectent des fonds. Nous ferons face à eux. Soit, nous acceptons de nous plier ou bien nous sortons du système. Comme nous n’avons pas choisi de fuir, de démissionner, nous n’avons pas une autre alternative’’, dit-il.
Le syndicaliste est d’avis qu’ils ne peuvent pas être victimes deux fois, sachant qu’avec la Covid, ils se sont investis, sans moyen. Il dénonce une clientèle politique casée dans les hôpitaux, pour tout contrôler. ‘’Il faut que cela s’arrête. Nous parlons au Président Macky Sall. Nous sommes à vos côtés camarades. Ce problème n’est pas seulement celui de l’hôpital Le Dantec. C’est la même situation dans tous les hôpitaux du Sénégal. Dalal Jamm est transformé à un hôpital Covid. On prend 105 milliards FCFA, on les met sur une seule marge ; on oublie les autres. C’est extrêmement grave. Qu’est-ce qu’il y a derrière ? Est-ce qu’ils ne sont pas en train de se servir de la santé pour s’enrichir ?’’, se demande-t-il.
Cheikh Seck fait remarquer que 27 milliards FCFA ont été rapidement débloqués pour le plan Orsec. Et il se dit surpris d’entendre un investissement de 21 milliards FCFA, pour la construction d’un autre hôpital à Matam, alors que Ourossogui et Matam disposent déjà de structures sanitaires.
‘’ Nous n'avons pas de mammographie. C'est une honte pour l'État’’
Ainsi, Abdoulaye Dione souligne que l'hôpital Aristide le Dantec demeure et doit rester au service des couches les plus vulnérables. ''Nous n’avons qu'un seul scanner qui tombe toujours en panne. Nous n'avons pas de mammographie. C'est une honte pour l'État. Nos recettes vont ailleurs, car, nous ne pouvons pas faire certaines analyses. Un Etat sérieux qui respecte sa population ne doit pas procéder ainsi. Nous avons les meilleurs tarifs, car nous œuvrons dans le social, mais, nous ne sommes pas considérés'', regrette-t-il.
Le secrétaire général du (SDTS) section Dantec note ainsi une rupture de produits d'aide de diagnostic. Alors que l'État a l'entière responsabilité de mettre cet hôpital dans les meilleures conditions.
D’ailleurs, dans la gestion de la Covid, l’hôpital Aristide le Dantec n’a reçu que 50 millions FCFA, là ou d’autres structures de même dimension reçoivent plus : Dalal Jamm 250 millions FCFA et Fann 225 millions FCFA. Il y voit une injustice et une aberration inqualifiable, lorsqu’ils savent que l’essentiel des cas sociaux sont pris en charge à l’hôpital Aristide Le Dantec.
Par ailleurs, il dénonce la situation des prestataires qui, selon lui, traîne depuis quinze ans. Ces derniers, dit-il, sont des diplômés et font presque tout le travail. ‘’Soucieux, de leur situation, ils sont au nombre de 543, nous avions réclamé l’audit de la masse salariale et le recrutement des prestataires diplômés dans la fonction publique, pour alléger l’hôpital de sa masse salariale exorbitante. Certains sont là depuis quinze ans ou plus’’, souligne-t-il.
Le secrétaire général du (SDTS), Cheikh Seck, ajoute que, dans la fonction publique, il y a 8 000 fonctionnaires, alors qu’ils sont 137 000. ‘’A l’hôpital Aristide Le Dantec, il y a plus de 1000 agents et plus de 500 prestataires. A l’hôpital Idrissa Pouye de Grand Yoff, nous sommes 800 agents et nous ne faisons pas 300 fonctionnaires’’, s’offusque-t-il.
Revenant sur la déclaration de la Commission médicale de l’établissement (Cme) qui a souligné la non-qualification d’une partie du personnel, Abdoulaye Dione note que cette dernière a une part de responsabilité liée à son non implication dans la gestion des ressources humaines. ‘’Les consultations privées et actes privés que font certains professeurs et médecins illégalement dans un service public, avec la complicité de la Cme, participent à la baisse des recettes et au mauvais fonctionnement de l’hôpital. Ils n’ont qu’à assumer leur responsabilité sur la situation que traverse l’hôpital’’, souligne-t-il.
AIDA DIENE