Le maître coranique abusait des mineures dans la chambre de son épouse
En prison depuis 2021, Malick Ba dit ‘’Ousmane’’ a fait face aux juges de la Chambre criminelle du tribunal de Dakar. Maître coranique de son état, l’homme âgé de 51 ans est accusé de détournement de mineures, de pédophilie et de viol. Les victimes sont toutes âgées de moins de 16 ans. Elles étudiaient dans son école coranique sise à Tivaouane Peulh.
M. D. Sylla, K. Ndiaye et F. Sall n’oublieront jamais leur passage à l’école coranique de Malick Ba dit ‘’Ousmane’’. Toutes les trois disent avoir été victimes d’abus sexuels. Elles ont indexé leur maître coranique comme étant celui qui a souillé leur corps. Avec candeur, chacune des filles est revenue sur sa mésaventure. Ce, en présence de leurs parents.
‘’Je connais cet accusé. Il était mon maître coranique. Il me violait quand j'étais élève dans son école. Il a abusé de moi à plusieurs reprises. Et chaque fois, il s’assurait que son épouse soit absente. Quand il m’appelait dans sa chambre, c'était soit pour lui préparer le petit déjeuner soit pour nettoyer la pièce. Il se déshabillait (...) Il profitait de ces moments pour me violer. Il me jetait sur le lit et brandissait un couteau (...) Parfois, il m’entraînait en brousse pour me violer. Il n’hésitait pas à menacer de me tuer’’, a raconté M. D. Sylla.
Alors que le public était assommé par la déclaration de la mineure, F. Sall s’est avancée lentement vers le micro. Ses propos ont provoqué une stupéfaction chez l’assistance. ‘’Il me demandait d'aller lui faire sa chambre et en profitait pour me violer (...) Il me remettait une pièce de 100 F, mais je la jetais à chaque fois. Il s’assurait que sa femme soit partie au marché’’, a soutenu F. Sall.
Âgée de 11 ans, K. Ndiaye a subi le même sort que F. Sall et M. D. Sylla. ‘’J'étais son élève. Il avait l'habitude de me conduire dans sa chambre pour me violer. Ce, en l'absence de son épouse (...)’’, dit-elle.
Des accusations que le comparant a contestées avec véhémence. Malick Ba, la cinquantaine révolue, dit être victime de cabale. Selon lui, c’est un complot ourdi par la mère de M. D. Sylla. Sa ‘’maman a voulu prendre les enfants et les inscrire à l'école française, alors que leur père voulait qu'ils étudient dans mon daara. C'est la dame qui est derrière tout ça et c'est elle qui a influencé les autres parents’’, a-t-il lancé dès l’entame de ses propos.
Si à l’enquête il avait reconnu qu’il sollicitait les filles pour qu’elles nettoient sa chambre, il a réfuté cette allégation hier, à la barre. Selon lui, il habitait dans cette maison avec ses enfants et ses deux épouses.
Mais, ses propos sont battus en brèche par le père de M. D. Sylla. Entendu à titre de renseignement, il a déclaré : ‘’Ma femme est venue un soir me voir pour m'aviser des actes du maître coranique. Ça m'a tellement surpris puisqu'on a toujours eu de bons rapports. Je n'ai jamais été au courant de cette décision de ma femme de récupérer les enfants et de les inscrire à l'école française.’’
Quant à la sœur de F. Sall, elle a renseigné qu’elle a été informée des agissements de l’accusé par M. D. Diatta. À l’en croire, cette dernière était venue voir sa petite sœur en la suppliant de ne rien dire, sinon Oustaz allait la tuer. ‘’Elle tremblait en ce moment-là. Toutes les deux m'ont avoué que le maître coranique abusait d'elles. J'en ai parlé à ma mère’’, a témoigné la grande sœur de F. Sall. Ce que la gamine M. D. Diatta a corroboré à la barre.
Le parquet requiert 10 ans de réclusion criminelle contre l’accusé
Les parents des filles n’ayant rien réclamé en guise de dédommagement, le maître des poursuites a pris la parole pour ses réquisitions. ‘’Pour le viol, il y a trois mineures qui accusent leur maître coranique. Le certificat médical révèle des actes d'attouchements et de frottements sur les petites lèvres. Cela établit le chef de pédophilie. Ce qui pose problème ici, c'est l'imputabilité. Les déclarations des mineures corroborent sur le fait que c’est leur maître coranique, Malick Ba, qui est l'auteur d'actes de pédophilie commis sur elles. Il faut l'en déclarer coupable. Il est leur maître coranique, une personne ayant autorité sur elles’’, a affirmé le représentant du ministère public qui a requis 10 ans de réclusion criminelle contre le maître coranique. Selon lui, ce dernier ne mérite pas la clémence du tribunal.
Maître Abdoulaye Tall a sollicité l’acquittement de son client, d’autant plus que, dit-il, les certificats médicaux des filles parlent d’hymens intacts.
L’affaire mise en délibéré, la décision sera rendue le 7 janvier 2025.
MAGUETTE NDAO