Mugabe fatigué mais obligé de rester au pouvoir
Robert Mugabe, 88 ans, est fatigué mais ne veut pas se retirer du pouvoir, de peur que son parti n'implose, a affirmé dimanche le quotidien indépendant The Standard, citant un ex-ministre de la Défense du président du Zimbabwe.
Le journal cite Enos Nkala, ministre de la Défense de M. Mugabe dans les années 1980 mais devenu très critique ces dernières années. Les deux hommes ont eu un entretien privé à Bulawayo (sud), la deuxième ville du Zimbabwe, selon le journal. "D'après nos discussions, Mugabe a dit qu'il était fatigué et voulait prendre sa retraite mais ne pouvait pas le faire sinon la ZANU-PF (le parti présidentiel, ndlr) mourrait", a déclaré M. Nkala, cité par The Standard.
"Il ne peut pas partir quand le parti est dans cet état. Ce qui le retient c'est la gestion et l'encadrement de la ZANU-PF pour éviter qu'elle n'implose", a-t-il ajouté. "C'est facile pour les gens de dire +M. Mugabe doit partir, Mugabe doit partir, mais la plupart ne savent pas qu'il est la colle faisant tenir ensemble le pays", a ajouté M. Nkala, en insistant sur les délicats problèmes posés par la succession du vieux président et qui, s'ils ne sont pas réglés avec soin, pourraient entraîner le pays dans "le chaos de la guerre civile".
Le porte-parole de la présidence zimbabwéenne n'était pas joignable dans l'immédiat pour commenter ces déclarations. Robert Mugabe est au pouvoir depuis l'indépendance de son pays en 1980. Son âge, ainsi que des séjours en Asie, alimentent régulièrement des rumeurs sur son état de santé et des spéculations sur sa succession, dans un pays meurtri par la violence politique. Depuis 2000, chaque élection présidentielle s'est accompagnée de violences, qui ont failli dégénérer en guerre civile en 2008, si l'opposant de longue date Morgan Tsvangirai n'avait accepté de se retirer du deuxième tour et de former un gouvernement de cohabitation qui fonctionne avec difficulté depuis début 2009.