«Les plus grandes entreprises du pays sont aux Mourides»
Pour le vice-président de la Commission communication du comité d'organisation, les moyens qui permettent l'organisation du Magal sont des bienfaits de Serigne Touba.
Quel bilan tirez-vous du forum sur l'apport du Mouridisme au développement économique du pays ?
Quand on parle de développement, nous ne faisons pas seulement allusion au développement économique du pays. Il est aussi question d'éducation, de santé, de civisme, des questions environnementales et sociales, etc. Le forum a été une occasion pour la commission communication de jeter les jalons d'un débat sur la participation du mouridisme au développement du Sénégal, dans le vrai sens du terme. À travers ces débats, il a été démontré que les mourides s'investissent dans tous les domaines d'activités de l'économie nationale. D'ailleurs, les plus grandes entreprises du pays sont pilotées par des disciples de Serigne Touba et 80% d'entre eux ne maîtrisent même pas la langue française. Ce sont souvent des gens formés, dans les Daaras, aux valeurs cardinales du travail et du patriotisme. L'idée est que les Africains ne doivent pas demeurer d'éternels consommateurs, ils doivent produire et communiquer sur leur identité. Il est temps que le monde entier sache que nous avons un système de vie référentiel, qui doit servir d'exemple dans un monde caractérisé par une crise des valeurs. C'était cela l'objectif de ce forum.
Quelles sont les dispositions prises pour un bon déroulement du Magal de Touba?
Le Magal est prévu le 1er janvier 2013. La Commission communication et le Comité d'organisation s'activent depuis quatre mois dans le cadre des préparatifs de cet événement, qui va polariser et rassembler toutes les familles religieuses du pays pendant quatre jours. C'est une occasion pour leur permettre de s'exprimer, de faire des témoignages sur les rapports entre les différentes confréries du pays. Le Magal réunit également bon nombre de citoyens sénégalais venus de tous les coins du pays et de la diaspora. À cette occasion, des plateaux télévisés seront organisés. Depuis deux semaines, toutes les télévisions du pays sont à Touba pour enregistrer des émissions au cours desquelles sont diffusés les enseignements de Serigne Touba dans tous les domaines de la vie active. Ce travail se fait sous la supervision du porte-parole du Khalife, Serigne Cheikh Bassirou Mbacké.
Y aura-t-il des invités exceptionnels cette année ?
Il y a des invités de marque qu'on attend dans le cadre du Magal. Il s'agit d'une forte délégation venant de Tchétchénie, une autre de la République islamique d'Iran et composée de plusieurs savants dans différents domaines. Le Magal accueille aussi un grand guide spirituel à la tête de la communauté Khadria du Nigéria, estimée à plus de 15 millions de disciples. Des délégations en provenance de Turquie, de Libye, du Maroc sont également attendues. Elles viennent non seulement pour assister au Magal, mais pour apporter leurs contributions. Tout cela est aujourd'hui possible grâce à l'ouverture d'esprit du comité d'organisation. La cellule de communication est en train de confectionner des supports de communication dont des brochures qui retracent la vie et l’œuvre de Serigne Touba en Anglais, Français et Arabe, des flyers... Elle va éditer également un journal intitulé «La voix de Touba» et qui va paraître durant tout le Magal, pour vulgariser les enseignements tirés du forum, portant sur le mouridisme et l'ensemble des autres activités entreprises jusque-là.
Quels budget et moyens pour mener toutes ces activités ?
Le budget est énorme mais il sera quand même supporté. Tout le monde sait comment Touba fonctionne. Vous savez que la construction de la mosquée Massalikul Djinane nécessite beaucoup de milliards de francs Cfa. Quand on a lancé la collecte des fonds, le Khalife, à lui seul, a mis sur la table la rondelette somme de 3,400 milliards, en attendant. Quelqu'un qui investit une telle somme dans une mosquée ne se gênerait pas de mettre plus pour accueillir et entretenir ses invités pendant quatre jours.
En gros, à combien s'élèverait le budget pour un tel événement ?
Le comité d'organisation du Magal est composé de sous-commissions : Santé, Social et hygiène, Communication et culture, Relations extérieures, etc. Chacune d'elles dispose de son propre budget pour exécuter ses activités. Pour l'instant, nous ne pouvons pas communiquer sur tout cela. Je peux juste vous dire que pour la communication, par exemple, nous avons besoin d'assez de fonds pour imprimer tous nos supports de communication, les affiches de Serigne Touba qu'on expose le long de la route, de Dakar à Touba... Tout cela nécessite de l'argent mais il n'est pas de la culture mouride de mettre sur la place publique tout ce que le Magal nécessite comme dépenses.
Les Sénégalais et/ou talibés mourides de la diaspora vous aident-ils ?
Tout ce que je peux dire, c'est que le Khalife général des Mourides fait travailler son porte-parole qui, à son tour, fait travailler le comité d'organisation. Il met à notre disposition tout ce que nous demandons comme moyens. D'où est-ce qu'il tire ces moyens et comment il les obtient ? Cela ne nous intéresse pas. Mais nous considérons que ce sont les bienfaits de Serigne Touba.
Des cas d'accidents sont notés lors du Magal de Touba. Est-il prévu une campagne pour sensibiliser les pélerins et usagers ?
La question a été soulevée lors du premier CRD (NDLR : Comité régional de développement). Il y avait même un responsable des sapeurs pompiers qui avait relevé que la plupart des accidents étaient causés par les motos Jakarta. Partant de ce constat, il avait proposé d'interdire à ces motos d'emprunter la route pour aller à Touba. Mais nous pensons que ce n'est pas une solution, car chacun rallie Touba en fonction de ses propres moyens de transport. C'est pourquoi l'important reste de communiquer avec les populations sur les risques de ces accidents, sur la prudence et la discipline sur la route. Une campagne allant dans ce sens est en cours. Nous allons apposer des affiches de Bambey à Touba à cet effet.
PAR ASSANE MBAYE
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