Des voies et moyens de rattraper le retard industriel
À l'issue de leur troisième congrès tenu les 6 et 8 mars dernier à Dakar, les économistes africains se disent préoccupés par la faiblesse des gouvernances politique, institutionnelle, économique et sociale prévalant en Afrique et qui neutralisent tout effort de développement.
Dans une déclaration ayant sanctionné leur 3è congrès axé sur le thème «Industrialisation et convergence économique en Afrique», les économistes africains constatent les ''limites, voire les échecs des politiques d’industrialisation menées en Afrique qui ont abouti à une désindustrialisation du continent au cours de ces trois dernières décennies'', mais aussi ''la fragilité de la croissance économique de la dernière décennie, fondée sur des exportations de produits primaires''. Ce déficit industriel est, selon eux, ''l’une des principales causes de l’appauvrissement, de l’instabilité et de l’accroissement du retard de développement de l’Afrique sur les autres continents''. Cela, ''en dépit de l’abondance des ressources naturelles dont elle regorge''.
Partant de ce constat, les économistes africains réitèrent donc l'urgence pour l’Afrique ''d’utiliser les cinquante prochaines années pour rattraper son retard historique de développement sur les autres continents et devenir partie-prenante des décisions concernant la gouvernance mondiale''. En outre, ils se disent convaincus que ''les ambitions légitimes d’émergence, à des horizons variés, exprimées par les différents pays africains, ne peuvent se réaliser que par les voies de l’industrialisation et de l’intégration régionale''.
Pour ce faire, ils recommandent à l’Union africaine et aux CER d'''ériger la stabilité politique et la solidité institutionnelle, fondées sur la gouvernance démocratique, comme première des priorités''. C'est qu'il est nécessaire de ''prévenir à tout prix l’instabilité et les violences nationales ou régionales de toute nature''. Aussi enjoignent-ils les institutions sous-régionales africaines ''de tirer des leçons des échecs passés des politiques d’industrialisation suivies depuis 1960, de mettre en place et d'appliquer de nouvelles politiques conçues par des Africains''. Sur ce, ils estiment que ''les CER devront mettre en place des conditions d’attractivité et de compétitivité, notamment l'efficacité gouvernementale, la qualité de l’administration publique, la transparence, la recevabilité et la lutte contre la corruption pour ce qui est de la gouvernance politique''.
S'agissant de la gouvernance économique et financière, ''la densité et la qualité des infrastructures, l'efficacité des différents marchés, la stabilité macroéconomique, l'innovation technologique, la sophistication des marchés des capitaux et la protection des industries nationales naissantes, entre autres'', pourront servir à la relance de l'industrie africaine.
Au titre des déterminants de l’industrialisation en Afrique, les CER doivent enfin ''planifier la diversification des productions, des exportations et des destinations sur la base de l’accroissement de la valeur ajoutée manufacturière''... Le congrès des économistes africains s'est tenu du 6 au 8 mars à Dakar, en partenariat avec la Commission de l'Union africaine (UA), la Commission économique des Nations-unies pour l'Afrique (CEA) et le gouvernement sénégalais.
ASSANE MBAYE
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