''Beaucoup de tabous difficiles à faire disparaître''
Comment expliquez-vous le fait que Pada ait pu être déclaré village sans paludisme ?
En 2007, il y a eu 13 cas de décès dans le village. Les populations se sont levées et ont dit : plus jamais ça. Les médecins ont pris des engagements en réunissant la communauté et ont fait des réunions de sensibilisions sur la maladie. Nous avons prôné l’utilisation des moustiquaires imprégnées et ces moustiquaires ont pu protéger les populations contre le paludisme. Nous avons même mis en place un comité de surveillance qui veille à ce que les gens puissent attacher les moustiquaires la nuit. Ces efforts conséquents ont fait que Pada a fait zéro cas de palu en 2008. Donc ce résultat a montré que si les populations s’engagent, si les moustiquaires sont disponibles et si la lutte pour mener à bien l’environnement est bien menée, nous pourrons avoir des résultats satisfaisants.
Avec une région qui présente, dans l'ensemble, un taux de prévalence élevé (7%), cette distinction n’est-elle pas contradictoire ?
Tambacounda compte plus de 700 000 habitants, donc Pada est juste un bon exemple et a même relevé en quelque sorte le défi de la région qui a un taux extrêmement élevé. Donc, cet exemple peut être démultiplié partout afin qu’ensemble, l’on puisse avoir une baisse drastique du paludisme. Mais malheureusement, tel n’est pas le cas et nous usons de tout ce que l’on peut pour faire reculer la maladie.
Quelles sont les difficultés auxquelles font face vos districts ?
Les districts sanitaires de Tambacounda sont confrontés à d’énormes difficultés. Le personnel de santé est vraiment insuffisant et n’est pas motivé. Parfois, on affecte des médecins dans la région et un ou deux ans après, ils veulent repartir alors qu’ils sont ici pour faire leur travail. Il y a beaucoup de tabous qui sont difficiles à faire disparaître, par rapport à la santé de la reproduction, à la planification familiale, avec l’utilisation de la médecine traditionnelle. Ce qui fait que le recours aux soins n’est pas une réalité. Beaucoup d’accouchements se font dans les maisons. Il y a aussi les mariages et les grossesses précoces qui sont des réalités à ne jamais bannir dans cette région. C’est ce qui explique un peut le fort taux du VIH (2%) avec les infections contrairement à la moyenne nationale qui est de 0,7%. Parce qu’aussi Tamba est une zone carrefour. Nous avons une région avec un habitat dispersé et sur le plan infra structurel, c’est extrêmement difficile. Les routes ne sont pas en bon état. Les relations avec les personnes sont difficiles. Il y a aussi la pauvreté. Donc le ministère de la Santé doit apporter des solutions mais il faut que tout le monde y mette du sien.
Enquête