Macky Sall reste l’homme politique le plus médiatisé au Sénégal en dépit d’un contexte social mouvementé. Selon le Baromètre de notoriété au Sénégal (Barnos) du mois d’avril 2013 effectué par le Cabinet Afrique communication, le président de la République arrive en tête (5,8%), suivi de Karim Wade (5,1%) et Idrissa Seck (5%). Toutefois, Macky Sall et le fils de l’ex-président de la République ont perdu respectivement de 5 et 0,1% par rapport au mois de mars, là où Idrissa Seck gagne 2,4% et une place importante. Les événements qui ont permis à Macky Sall de se hisser au premier rang, selon le Barnos, sont plus liés à ses activités présidentielles qu'à ses actes politiques. Il s’agit de la fête de l’indépendance, des conseils des ministres décentralisés à Kolda et à Tambacounda, de la crise dans l'enseignement, de la préparation de la campagne agricole.

 

Autres sujets ayant fait les choux gras de la presse, c’est le maintien de la pénalisation de l’homosexualité réaffirmé en conseil des ministres, les déclarations d’Idrissa Seck contre le gouvernement et l’arrestation de Karim Wade dans le cadre de la traque des biens supposés mal acquis, entre autres. Ces éléments «ont donné l’occasion à Macky Sall de naviguer entre eaux calmes et eaux troubles». On remarquera par ailleurs que «le Barnos de ce mois d’avril est atypique». Car, «hormis les sportifs, qui y occupent les dernières places du top 10, tous ceux qui y figurent ont un lien avec deux affaires qui ont défrayé la chronique» : à savoir «l’enrichissement illicite et l’intervention d’Idrissa Seck». Lequel a évoqué «les difficultés des Sénégalais en critiquant la démarche du gouvernement pour remédier aux difficultés des citoyens» résumé dans «la fameuse expression ''Rewmi doxul'' (le pays ne fonctionne pas)».

Autre «déclaration» de l’ancien Premier ministre qui a attiré l’attention de la presse, c’est le fait d’avoir «démenti ce que le régime de Macky Sall a toujours défendu depuis son accession au pouvoir, c'est-à-dire que les caisses de l’Etat étaient vides». «Chiffre à l’appui (418 milliards au départ de Wade dans les caisses de l’Etat), Idrissa Seck a donné des sources qui en ont convaincu plus d’un», relève le Barnos. Naturellement, «cette sortie du président de Rewmi a créé des remous au sein de la coalition Benno Bokk Yaakaar». Plusieurs responsables de l’Alliance pour la République, parti de Macky Sall, sont alors montés au créneau en qualifiant Idy de «déloyal».

 

Cette bataille par presse interposée a permis à Oumar Guèye, par ailleurs responsable de Rewmi, de faire son entrée au Barnos, occupant la 4e place avec 2,7% de notoriété. Le ministre de l’Assainissement et de l’Hydraulique, qui a été «débarqué de Rewmi après le limogeage du directeur général de la SDE (…), a affirmé, lors d’une conférence de presse, son soutien au gouvernement» dont le bilan est selon lui «élogieux». Le Pcr de Sangalkam a, à cette même occasion, «réaffirmé son appartenance à Rewmi» non sans fustiger «l’attitude d’Idrissa Seck d’appartenir à une coalition et de la critiquer».

 

Macky-Karim, l’«autre «front»

 

Au moment où le torchon brûle à Rewmi, un «autre front» s’ouvre : c’est celui opposant Macky Sall et Karim Wade. «En état d’arrestation et séjournant désormais à Rebeuss le temps que l’instruction soit menée, Karim Wade a fait la une des journaux», note le Barnos. Une situation qui a permis à celui qui est «souvent démonté et parfois pris comme symbole de la renaissance du Parti démocratique sénégalais (PDS)», d’engranger un taux de notoriété et de conforter sa place de deuxième position du classement du Barnos d’avril qu’il occupe depuis deux mois. La cinquième place est occupée par le PDS qui, selon le Barnos, s’est illustré avec un taux de notoriété de 1,9%. «Faisant dans la résistance, explique le document, l’ancien parti au pouvoir a mobilisé des milliers de personnes lors de sa marche de contestation contre l’arrestation de Karim Wade et compagnie.

 

La mobilisation du PDS a surpris les plus optimistes et ses actions contre le régime de Macky Sall se sont soldées par des succès parfois retentissants». Leur leader, Abdoulaye Wade, en retraite à Versaille à Paris, caracole à la sixième place de ce Barnos, avec un taux de 1,6%. L’ex-chef de l’Etat, l’absent le plus présent de la scène politique, aura tout fait pour épargner son fils de la prison. «Entre incitation à la révolte, menaces et correspondances, l’ancien président de la République du Sénégal s’est débrouillé du mieux qu’il a pu pour défendre son fils», écrit le Barnos. Me Wade aura exprimé «toute sa déception envers Macky Sall chez qui il avait espéré une autre démarche, vu le chemin qu’ils ont parcouru ensemble et les relations spécifiques qu’ils ont entretenues» au Pds.

 

Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, le procureur spécial près la Cour de Répression de l’Enrichissement illicite (CREI), Alioune Ndao, qui pilote le dossier, y voit sa cote augmenter en occupant la dixième place de ce top 10 avec 1,2% de taux notoriété. Il intègre ainsi «pour la première fois ce classement depuis neuf mois» ; ce, «malgré l’ancienneté des dossiers qui sont soumis à ses compétences». Et le Barnos de supposer «que les choses s’accélèrent au niveau de la CREI et que les personnes mises en accusation ont été arrêtées pour permettre à la procédure judiciaire de suivre son cours». Les trois avant-dernières places sont occupées par les lutteurs. Il s’agit de Gouye Gui, (7e avec 1,4%) vainqueur sur Ness de l’écurie Pikine, de Papa Sow de l'écurie Fass (8e avec 1,2%) tombeur de Baye Mandione de l’écurie Thiaroye et de Ness (9e avec 1,2%). Le Barnos constate que la grande soirée de lutte organisée à l’occasion de la fête de l’indépendance a porté ces lutteurs à la une des quotidiens. Le «surpoids» présenté par ces lutteurs lors de leur face-à-face avait particulièrement suscité beaucoup de commentaires.

 

DAOUDA GBAYA

 

 

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