C'est en 2005 que Siteu a fait ses débuts dans la lutte, à travers des tournois de quartier communément appelé Mbappat (lutte simple). Originaire du village sérère de Dionewar, Siteu a grandi dans le populeux quartier de Diamaguène de la banlieue de Dakar. Âgé aujourd'hui de 24 ans, ce pensionnaire de l'écurie Lansar que d'aucuns considère déjà comme une terreur des arènes, est en passe d'inscrire son nom dans les annales de la lutte sénégalaise.

Siteu ! Le nom sonne plutôt étrange. Bizarre même. Il serait tiré d'une sourate du Coran. Mais nous avons appris d'un de ses proches que ce nom d'emprunt est tiré de son vrai prénom qui est Moustapha. En effet, dans certains villages sérères, ceux qui s'appellent Moustapha sont souvent appelé Sitapha. De Sitapha, viendrait le surnom Siteu. Et c'est le nom que porte celui que certains considère déjà comme une terreur des arènes sénégalaises. Pourtant, rien ne le prédestinait à une carrière de lutteur. Lui rêvait de rester derrière sa machine, la mesure autour du cou et répondre fièrement au titre de ''Maître tailleur''.

En effet, couturier de son état, Siteu confie qu'être lutteur ne lui a jamais traversé l'esprit. Même pas en rêve. ''Je n'avais jamais imaginé intégrer l'arène'', dit-il. Et même s'il avoue avoir un peu taquiné la lutte, il précise que ''c'était un simple passe-temps''. ''Je ne me souciais guère des résultats obtenus. Ma philosophie à l'époque, c'était que ça passe ou ça casse. La couture primait sur la lutte'', se souvient le tailleur.

Seulement, au fil des combats, Siteu se découvre des talents de lutteurs. Il enregistre plus de succès que de revers. Mais cela ne suffit pour le convaincre de ses capacités à devenir un professionnel de la lutte avec frappe. Parce que, pour lui, il n'est pas question d'abandonner la couture d'étoffes. Ses proches amis ne l'entendent pas de cette oreille. D'ailleurs, ils voient en lui un futur champion de lutte. Mais c'est finalement le lutteur Ness, chef de file de l'écurie Lansar, qui l'a suivi avec attention, qui le convainc. Siteu intègre alors l'écurie Lansar.

Après une première victoire sur un lutteur du nom de Mbaye 20 ans, Siteu commence à prendre goût à la chose. La mayonnaise a pris... Sa carrière s'emballe dans l'arène et le lutteur et accumule les victoires. Et la défaite subie contre le très redouté Mame Balla ne l'ébranle pas. Siteu est suivi partout où il va par une cohorte de fans. À lui seul, il arrive à remplir un stade. Question popularité, il déclare que ''ce n'est pas mystique, c'est plutôt un fait divin''.

''Je vise le sommet''

Disciple de Serigne Sidy Mbacké, Siteu jure, la main sur le Coran, qu'il n'est pas un drogué, comme le susurrent certains. À ses détracteurs il rétorque : ''Je ne bois même pas du thé. Le café Touba me suffit, c'est ça ma drogue''. Du reste, les racontars, il s'en moque : ''Quand aux gens, on ne peut pas les empêcher de parler. Mais je vais être indulgent avec eux et leur pardonner''. Avec un riche palmarès de 9 victoires, en seulement trois saisons, Siteu ne se prend pourtant pas la tête. Il a battu entre autres lutteurs Zoss 2, Frazier, Nakha Nakha, Feu Rouge, Narou Sogass et tout dernièrement Malaw Séras. Le protégé de Ness avance sans s'imposer l'impossible.

Plutôt rangé côté jardin, Siteu ne courre pas, à ce qu'il dit, les demoiselles. L'enfant de Diamaguène ne compte pas se marier de sitôt. Il à d'autres chats à fouetter : ''Je vise le sommet'', martèle-t-il. Le poulain de Max Mbergane est un vrai dure à cuire, a l'allure et la détermination pour faire douter le plus téméraire de ses adversaires. ''Je ne fuis devant personne'', renchérit-il, celui qui admet s'être arrêté en classe de Cm2. ''J'étais plus versé dans l'apprentissage coranique''.

Khady FAYE

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