''Piétons de Dakar'', un miroir édifiant
C’est en ''match retour'' d’une autre exposition intitulée ''Piétons de Paris'' (en avril) que l’expo ''Piéton de Dakar'' a été organisée par l’Institut français au Sénégal. Mettant en scène les regards croisés d’une poignée de photographes basés dans la capitale sénégalaise, elle été officiellement ouverte hier, lors d’une vernissage à la Galerie du Manège.
Sandaga, Corniche Est, Ouakam, Mermoz, HLM, Almadies… C’est le Dakar du quotidien, simple et sans artifice qui a servi de sujet à Mamadou Gomis, Omar Victor Diop, Antoine Tempé, Mactar Ndour et Cie qui, au bout de deux mois et à travers le jeu de milles objectifs, zooms et lentilles, ont réalisé l’exposition ''Piétons de Dakar''.
Servie sur un plateau ''argentique'', ces photographies illustrent des regards plutôt que des lieux physiques. Il s’agit d’attirer l’attention sur un détail, de rendre la sensation d’un déjà-vu, d’exprimer un sentiment d’appartenance dans lequel se retrouve tout Dakarois.
C’est pourquoi on retrouve un capharnaüm de support : installation vidéo, projection, canevas rétro-éclairé, reconstitution de symboles (Tangana, ligne à linge, mur tagué à la bombe de peinture...) ''Piétons de Dakar'' est plus qu’une expo, c’est un procédé littéraire sorti de l'unidimensionnalité, une ''mise en abyme'' de Dakar dans Dakar. Comme le reflet d’un miroir sur un autre.
Elle se veut la réplique dans le cadre du tandem Dakar-Paris, de l’exposition ''Piétons de Paris'' organisé en avril 2013. Ce projet itinérant avait déjà parcouru plusieurs villes d’Afrique et proposait un panorama de la photographie française, sous un angle à la fois patrimonial et contemporain. Faisant suite aux réactions du public devant ces images (notamment de l’enthousiasme du maire de Dakar, Khalifa Ababacar Sall), l’idée était alors venue à l’Institut français de donner l’opportunité à des photographes sénégalais de montrer leur vision des trottoirs et de l’environnement urbain de Dakar.
''Piétons de Dakar'' appelle donc le visiteur à l’étonnement, au ravissement. Utilisation d’objectif Fisheye, surexpositon (techniques de traitement d’images), rétro éclairage et saturation outrancières des couleurs riment avec accumulation des éléments visuels ou, au contraire, dénuement du cliché. On voit le Dakar ''solitaire'' d’une nuit sans lune au détour d’un coin sans électrification côtoyer la foule bourdonnante d’un marché à midi pile. Bref, on voit Dakar, on sent Dakar, on vit Dakar ! À visiter sans attendre.
Sophiane Bengeloun