Les derniers honneurs au Général Belal Ly
Que faut-il retenir de l’homme ? Le militaire ou l’Imam ? Dans les deux séquences de sa vie, le général Amadou Bélal Ly aura été constant dans un sacerdoce : le service à son prochain.
Mardi, après une cérémonie de levée du corps empreinte d’émotion à l’hôpital Principal de Dakar, sa prière mortuaire a été faite en ''sa'' mosquée du Point E peu après la prière de la mi- journée devant une grande foule, personnalités connues comme anonymes, toutes confondues dans le partage d’éloges qu’ils faisaient à un grand homme. Peu de personnes pouvaient retenir leur émotion quand le ''command car'' de la gendarmerie, ouvrant un impressionnant cortège, s’est ébranlé vers 14 heures en direction de Kébémer, sa dernière demeure, auprès de ses parents. Le général fut un patriarche qui a eu une vie bien remplie et à la fin de laquelle, on peut dire que c’est l’un des acteurs d’une des périodes-phares de la vie politique sénégalaise qui a tiré sa révérence. L’armée lui a rendu les honneurs et son cercueil a été porté par des officiers supérieurs de l’armée et de la gendarmerie pour le transporter là où il a dévoilé un autre pan de sa vie : l’allégeance à Allah et à son prophète. Imam spartiate et très rigoureux dans la discipline lors des prières, il vouait un culte au respect des dogmes et dirigeait ses ouailles qui se sentaient en sécurité en rang serrés derrière lui.
Lors des premiers actes de la cérémonie, à l’hôpital principal comme en ''sa'' mosquée – dont il a contribué à la construction- les témoignages ont été unanimes. Rigoureux, discret, mais père fouettard quand il le fallait, la confusion de ses rôles étonnait. Né en 1925 à Podor, le général Amadou Bélal Ly a fait ses études au Prytanée militaire de Saint-Louis avant que la seconde guerre mondiale n’éclate. Il s’engage alors à la fin du conflit, à 18 ans, dans les rangs de l’armée française et fait les campagnes d’Indochine et d’Algérie. Par son bagout, sa discipline et son effort, il gravit les échelons. Amadou Bélal Ly intègre les forces armées sénégalaises au moment des indépendances en 1960. De deuxième classe (1er RTS) il atteindra les deux étoiles. Il sera – malgré lui - des acteurs des événements de 62, alors qu’il est aide de camp du président Senghor et que la dualité au sommet du pouvoir amène la plus grave politique du Sénégal, deux ans après son accession à la souveraineté. Mais les frontières bruissent et le monde vit la guerre froide. Un fringant officier du nom de Amadou Bélal Ly va s’en aller vers ce que l’Histoire retient comme ''le maquis du PAI'', dans le département de Kédougou. Plus tard, alors que le PAIGC lutte contre le Portugal pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert, il est gouverneur de Casamance, organise l’administration et accueille des centaines de réfugiés. Pour la postérité, un important ''square'' de Ziguinchor porte son nom. Il redeviendra aide de camp du président-poète avant de prendre sa retraite en 1981 avec ses deux étoiles.
Depuis, il se consacrait à son chapelet...