Publié le 11 Dec 2013 - 08:09
ENTRETIEN AVEC EL HADJI WACKLY, CHARGÉ DE MISSION A LA PRÉSIDENCE

‘’Si je savais que Macky Sall est minoritaire…’’

 

Récemment nommé chargé de mission à la Présidence de la République, El Hadji Wack Ly est l’un des rares anciens libéraux à intégrer le cercle restreint du président Macky Sall. Dans cet entretien accordé à EnQuête, ce néo-apériste  décline sa feuille de route, se prononce sur la vague de démissions au Palais, les élections locales, entre autres.

 

Vous avez été nommé chargé de mission à la Présidence il y a quelques jours. Est-ce un retour d’ascenseur à votre soutien à Macky Sall quand il était en difficulté à l’Assemblée nationale ?

Où est-ce que vous avez pris l’information ?

C'est ce qui se dit, de bonnes sources...

Ce n’est pas une dette que le président Macky Sall me doit, encore moins un retour d’ascenseur. Loin de là. La vie d’un homme est fait de haut et de bas. Quand on est un homme politique, on doit s’attendre à tout. Le meilleur comme le pire. Si le président de la République a senti la nécessité de me nommer chargé de mission à la Présidence, il pense que je peux lui apporter quelque chose dans la mission que lui a confiée le peuple sénégalais.

Quelle est précisément votre mission ?

On va me confier des missions  politiques, de terrain, de communication. Pour faire comprendre aux populations les chantiers du chef de l’Etat et le programme Yoonu Yokkute.

Vous arrivez à la Présidence au moment où des collaborateurs du président Macky Sall démissionnent. C’est le cas de Jacques Diouf, Moubarack Lô...

En tant qu’enseignant, on m’a appris la déontologie. J’appréhende ma mission actuelle différemment avec celle du député que j’étais. Un député est indépendant d’esprit. Ce qui est différent d’un chargé de mission. Je suis au service  du peuple ; j’applique les directives du président. Mais chacun à sa dignité.

Les démissionnaires dénoncent de multiples frustrations...

J’ignore les raisons de leur démission, mais il faut savoir que nous sommes 13 millions de Sénégalais. Je peux dire : ‘’Je mérite le poste de ministre’’, un  autre peut dire :‘’Je mérite le poste de conseiller’’. Je ne pense pas être le mieux armé pour occuper le poste de directeur de cabinet ou de chargé de mission. L’important, c’est de connaître son rôle tout en restant  digne et constant.

 Le président de la République a lancé un appel pour un grand pôle présidentiel. Ces alliés de Macky 2012 y voient une porte ouverte à la transhumance

Tout dépend de ce que l’on entend  par transhumance. Quand on parle de transhumant, il s’agit d’une personne qui, après avoir insulté pendant des années un adversaire politique,  lui tresse des lauriers,   une fois au pouvoir. Je ne serai jamais de cette race. J’ai toujours assumé mes positions par rapport à la ligne qu’a voulu prendre le PDS. Nous avons tellement eu de divergences que tout le monde s’attendait à ce que je quitte le parti. 

En lançant cet appel, Macky Sall semble avoir peur de perdre les élections à venir

Il n’y a pas un président dans le monde qui ne cherche pas à asseoir sa suprématie sur les autres partis politiques. Cet argument à mon avis ne tient pas. Si je savais qu’il est minoritaire, je n’irais pas jusqu’à le soutenir. Il n'y a aucune raison aujourd’hui pour que l’APR, en tout cas la majorité, ne sorte pas vainqueur des prochaines élections locales.

L’opposition a dénoncé le report des élections locales. Elle soupçonne des soubassements  politiques

Les législatives ont été décalées, personne n’a réagi. Les élections locales sont l’affaire des populations. Ce report permet d’appliquer l’acte 3 de la décentralisation  mais aussi la parité. Bien que je sois  contre la parité, c’est la première fois qu’on l’applique à la base.     

Le Pr. Ismaël Madior Fall, président de la commission de pilotage, a pourtant déclaré que l’acte 3 de la décentralisation n’implique pas un report

Moi, je suis politique, Ismaël Madior Fall, quoique doué dans son domaine, n’est pas en politique. Toutes les décisions sont politiques. Même les décisions économiques sont politiques. Lui (Madior Fall), c’est un expert, il donne des avis techniques. Le reste, ce n’est pas son problème.

On a dénombré beaucoup de marchés de gré à gré depuis l’accession de Macky Sall au pouvoir. Cette pratique avait pourtant été dénoncée sous le régime de Wade

Je ne pense pas qu’il y ait plus de gré à gré qu’avant. Du moins si l’on en croit le porte-parole du gouvernement. Si on doit suivre la procédure et traîner les handicaps, mieux vaut aller vers le gré à gré. Cela ne signifie pas qu’on encourage la magouille et la corruption. Evidemment, il peut y avoir magouille dans des appels d’offres. J’en veux pour preuve la traque des biens mal acquis.

Le fait que le président Macky Sall veuille réformer le code des marchés publics ne va-t-il pas favoriser la corruption ?

 Il faut réviser (le code) non pas pour encourager la corruption, mais le rendre plus efficient. 

Le Président Macky Sall a émis le souhait d’aller aux élections locales avec la coalition Benno Bokk Yaakaar. Mais s'il n'y a pas d'accord, l’APR ira tout seul. Quelle est l’option de l’APR à Nioro ?

Nous allons discuter avec l’AFP et le PS qui sont les principales forces politiques, cartes sur table. Et nous allons voir la formule la meilleure. Si nous sommes d’accord, tant mieux, sinon, l’APR ira seul aux élections locales

Qu’est-ce que vous entendez par cartes sur table ?

Il n’y aura pas de chantage. Nous négocierons dans le respect mutuel.

Avez-vous le choix face à vos adversaires dès lors que  vous êtes minoritaire à Nioro ?

Nioro a certes été le fief de l’AFP, mais n’oubliez pas qu’en 2007, le PDS a eu à le battre là-bas. Les cartes ont changé. Il n'y a pas de raisons que nous ne puissions pas faire mieux que le PDS. L’essentiel, c’est de mettre les moyens humains...

C’est-à-dire ?

Des gens crédibles, compétents, capables de drainer la majorité des  populations derrière eux.

PAR DAOUDA GBAYA

 

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