Une reconversion impeccable
Directeur des sports de Radio Dunya Vision (RDV), Assane Sène, frère aîné des anciens internationaux jumeaux Assane et Ousseynou Sène de l'Union sportive de Ouakam, est le symbole d’une reconversion réussie dans le milieu audiovisuel. Ancien steward de la compagnie aérienne Air Afrique, le sympathique journaliste est aujourd'hui dans son élément, le foot, un sport qu'il a «épousé» depuis 1963.
De la Ligue 1 française à la Liga espagnole, en passant par la Série A italienne et la Premier League anglaise, il est omniprésent dans son studio sis au troisième étage de l'immeuble Excaf pour commenter les plus belles affiches du football européen que propose la RDV à ses téléspectateurs chaque week-end. Des 57 bougies qui illuminent sa vie, quatre décennies l’ont lié au football qui a toujours été sa passion après les études. Une liaison que même vingt années de service en qualité de steward de la défunte compagnie Air Afrique n’ont pu casser.
Né au quartier Gibraltar de Dakar, Assane Sène fait partie de la première promotion d’élèves sortis de l’école des Pères de Saint-Joseph qu’on appelait Saint-Pierre Julie Eymard. Admis au concours d’entrée en sixième dans le tumulte de la grève historique de 1968, il fait ses premiers pas de collégien à Van Vo (actuel lycée Lamine Guèye) et boucle ses études secondaires avec le Baccalauréat. Suffisant pour passer le concours d’entrée à la compagnie Air Afrique.
De 1982 à 1992, Assane Sène sert dans les airs en résidant à Dakar puis rejoint la maison-mère à Abidjan. «Malheureusement en 2002, Air Afrique ne décollait plus. Du coup, j’étais obligé de rentrer au bercail avec la famille qui commençait à prendre goût à la vie ivoirienne, dit-il avec un soupçon de nostalgie. Personnellement, je m’étais déjà plus ou moins fait ivoirien», confie le présentateur vedette de RDV sports, communément jugé sympathique.
Mais 2002, c'est aussi l’année phare du football sénégalais avec une finale de coupe d’Afrique des nations à Bamako et un parcours élogieux en Coupe du monde. Assane Sène est alors dans l’expectative. Soucieux de son avenir professionnel, il suit une formation pour redevenir agent au sol avec diverses sociétés d’assistance sur la place.
Cela ne passe pas bien, mais cet échec ne l’empêche pas de tenter une aventure. Comme celle d'envisager la création d'une compagnie aérienne avec des partenaires étrangers. Un projet qui ne verra pas le jour. Et dans l’attente pénible d’une indemnisation attendue de la compagnie d’Air Afrique, il postule comme consultant à la RDV en 2007. La chance lui sourit. Il se retrouve successivement commentateur et responsable du desk sport de la chaîne fondée par le défunt Ibrahima Diagne dit Ben Bass.
Le foot dans l’âme
Né au quartier Fith-Mith (actuel Centenaire-Gibraltar) et ayant grandi à la rue 27 x 18 de la Médina, Assane Sène commence à taper dans un ballon de football dès l’âge de huit ans. «Avec des amis, on jouait sur la route et très jeune, j’accompagnais mon père souvent au stade en tant que son fils-aîné.» En 1963, années de Jeux de l'Amitié, il est dans les tribunes pour assister à certains matchs «illuminés par la technique de joueurs comme El hadji Malick Sy ‘’Souris’’ et Youssou Ndiaye».
A douze ans, il découvre un grand terrain de football à Ouakam où sa famille a déménagé. Il est repéré et sollicité pour jouer avec les cadets et les séniors de l’Asc Penco (actuel Diakarlo de Ouakam).
Alors qu’il est reconnu comme «un grand milieu de terrain polyvalent en devenir», le malheur arrive et le freine dans son ascension sous forme d'une fracture au bras qui l’éloigna des pelouses. «Je n’ai même pas pu passer le brevet de fin d’études», se rappelle-t-il. «Mais comme j’avais une bonne moyenne, je suis passé en classe de seconde.»
En 1981, il devient un des dirigeants de l’Asc Thielly de Ouakam, histoire de ne pas couper le cordon ombilical avec le football. Après de nombreux succès enregistrés dont une coupe régional avec ses frères jumeaux Assane et Ousseynou Sène, c'est l'ossature de la même équipe qui permet à l’Union sportive de Ouakam de rejoindre l’élite du football sénégalais, de remporter une coupe du Sénégal et de signer «un beau parcours en coupe d’Afrique des clubs» en éliminant le Tonnerre de Yaoundé amené par un certain Stéphane Tataw...
Almami Camara