Le pape veut que ça cesse
Dans une réaction extrêmement ferme à la publication dans la presse italienne et dans un nouveau livre de nombreux textes internes au Vatican, le Saint-Siège assure qu'il fera le nécessaire afin que les personnes impliquées dans le vol, le recel et la divulgation d'informations secrètes, mais aussi dans l'utilisation à des fins commerciales de documents privés saisis et conservés de façon illégale, répondent de leurs actes devant la justice. Pour ce faire, le Saint-Siège entend faire appel si nécessaire à la collaboration internationale, pour ce qu'il qualifie d'acte criminel et de violation de la vie privée du pape.
Le Saint-Siège continuera d'étudier les différentes retombées de ces actes de violation de la vie privée et de la dignité du pape - en tant que personne et en tant qu'autorité suprême de l'Eglise et de l'Etat du Vatican. La presse italienne a révélé vendredi de nouveaux documents confidentiels du Saint-Siège, trois semaines après que Benoît XVI eut mis en place une commission d'enquête afin de faire la lumière sur l'origine de fuites répétées au Vatican depuis le début de l'année.
Le journaliste, Gianluigi Nuzzi, connu pour ses enquêtes à sensation, est l'auteur d'un nouveau livre intitulé Sa Sainteté, les dossiers secrets de Benoît XVI, où il reconstitue les luttes de pouvoir internes au Vatican, en se référant à de nombreux documents secrets. Depuis janvier, ces dossiers confidentiels, contenant des accusations de corruption dans la gestion du Vatican, dans l'application des règlements antiblanchiment de sa banque, et dernièrement sur un prétendu complot contre le pape ont fait la Une des journaux italiens. L'affaire a été baptisée Vatileaks, en allusion à Wikileaks.
Le Vatican a déjà condamné les méthodes et le sensationnalisme de Gianluigi Nuzzi. Ce dernier avait d'abord privilégié la télévision pour révéler - documents à l'appui - l'existence d'intrigues, le cardinal secrétaire d'Etat Tarcisio Bertone, numéro deux du Saint-Siège, apparaissant comme la cible d'une sourde lutte de pouvoir.
Cette fois, estime le Saint-Siège, la nouvelle publication de documents ne s'apparente plus à une initiative journalistique discutable - et objectivement diffamatoire - mais présente clairement les traits d'un acte criminel. Le pape, mais aussi plusieurs de ses collaborateurs et des personnes lui ayant adressé des messages, ont vu leurs propres droits à la confidentialité et à la liberté de correspondance violés, relève le communiqué.
Les documents portent sur de nombreux débats et actualités souvent liés à l'Eglise et la politique italiennes, comme une rencontre tenue secrète entre Benoît XVI et le président italien Giorgio Napolitano en janvier 2009, autour du thème cher au Vatican de la famille traditionnelle, et sur l'affaire Boffo. L'ancien directeur d'Avvenire, quotidien de la Conférence épiscopale italienne, Dino Boffo, avait été au coeur d'une sombre polémique après de fausses révélations sur une prétendue affaire de moeurs homosexuelles qui l'avait contraint à démissionner en 2009.