Publié le 5 Apr 2016 - 17:46

LA CITOYENNETE DES JEUNES POUR UN SENEGAL EMERGENT

 

INTRODUCTION

Depuis plus de cinquante ans après l’accession à la souveraineté internationale, la plupart des Etats africains, y compris le Sénégal, continue de croupir sous le seuil de la pauvreté malgré les multiples projets et programmes de développement entrepris par les bailleurs de fond et les dirigeants qui se sont succédé  à la tête de ces nations durant cette période.

Cette situation de morosité économique qui doit interpeler la conscience de tout jeune imbu de valeurs citoyennes, a amené les nouvelles autorités issues de la seconde alternance en 2012, à adopter un nouveau modèle  de développement pour accélérer la marche du pays vers l’émergence.

C’est toute la pertinence et l’actualité de la thématique proposée à la jeunesse sénégalaise d’y réfléchir à l’occasion  de cette semaine départementale de la jeunesse  édition 2016  et qui s’intitule : « la citoyenneté des jeunes pour un Sénégal émergent.»

Vous conviendrez avec moi que pour une meilleure  exploitation du sujet, il importe de le décortiquer en commençant par  définir  ses termes en présence.

Par citoyenneté, il faut entendre l’ensemble  des qualités morales, des devoirs civiques considérés comme nécessaires à la bonne marche de la cité, lieu où chaque personne doit accepter la règle commune.

Pour ce qui est des jeunes,  ils constituent la catégorie sociale la plus représentative  du point de vue démographique  et la couche la plus sensible. Ils sont, en effet,  souvent  confrontés à la crise de l’adolescence qui est une étape décisive  de la  vie d’une personne marquée par des phases de contestation et de réclamation d’une certaine identité souvent en contradiction avec  l’idéale citoyenne.

Quant à un Sénégal émergent,  on ne peut  en parler sans évoquer le programme Plan Sénégal Emergent. Selon le texte officiel  publié par le Gouvernement du Sénégal, le programme Plan Sénégal Emergent, « référentiel de la politique économique et social de notre pays sur le moyen  et long terme, est une vision prospective d’un Sénégal émergent à l’horizon 2035 avec une société solidaire dans un Etat de droit.»

L’analyse de ce thème serait dépourvue de toute pertinence si l’on faisait fi au projet de réformes constitutionnelles récemment adopté par le peuple souverain le 20 Mars 20 16 dans lequel la question de la citoyenneté est au cœur des débats comme en atteste son  cinquième point intitulé « le renforcement de la citoyenneté par la consécration des devoirs citoyens. »

Sur le plan pratique, l’étude de la citoyenneté des jeunes pour un Sénégal émergent  est d’une importance particulière. En effet, elle renseigne sur le fait que le salut du programme Plan Sénégal Emergent dépend indéniablement de l’implication citoyenne  des jeunes qui en sont d’ailleurs les plus grands bénéficiaires.

Dès lors, la problématique fondamentale que pose cette thématique qui est d’une actualité brulante a trait aux rapports entre les jeunes et la réalisation de l’émergence du  Sénégal à l’aune de leur culture citoyenne.

Autrement dit,  quel est l’impact du niveau d’instruction citoyenne des jeunes dans le succès du Plan Sénégal Emergent ?

A l’analyse, il s’avère que l’apport des jeunes façonnés  de devoirs citoyens dans la transformation structurelle de l’économie et de la croissance (A) doublée de leur fonction dans la promotion du capital humain, de la protection sociale et du développement durable(B) plaident en faveur d’un rôle inéluctable des jeunes dans le processus d’un Sénégal Emergent.

Aussi, faudrait-il  au préalable aborder avec fermeté la question de l’instruction citoyenne des jeunes, mission dévolue aux pouvoirs publics(A) et à d’autres institutions de socialisation(B), avant d’analyser le rôle qu’ils peuvent probablement jouer dans l’exécution des  objectifs du programme Plan Sénégal Emergent.

De telles considérations justifient aisément que l’on souligne d’abord l’instruction citoyenne obligatoire des jeunes pour le salut des politiques d’émergence (I) avant de montrer le rôle incontournable des jeunes dans la réussite du programme Plan Sénégal Emergent (II). 

I.  L’INSTRUCTION CITOYENNE OBLIGATOIRE DES JEUNES POUR LE SALUT DES POLITIQUES D’EMERGENCE DU SENEGAL

Il apparait fondamental que le développement socio-économique du Sénégal est tributaire du degré de conscience citoyenne de ses jeunes qui constituent l’essentiel de ses bras utiles du fait de leur importance démographique.

Aussi, l’instruction citoyenne de sa jeunesse  apparait – elle comme un défi à relever non seulement par les pouvoirs publics (A) mais également par d’autres institutions de socialisation (B).

A.   LE ROLE DES POUVOIRS PUBLICS DANS LA CONSTRUCTION D’UNE CONSCIENCE CITOYENNE DES JEUNES

Il appartient à l’Etat à travers ses moyens institutionnels, juridiques et matériels d’inculquer aux citoyens notamment les plus jeunes les valeurs morales et républicaines nécessaires à la bonne marche de la cité.

Heureusement qu’au Sénégal les exemples d’instruction citoyenne des jeunes sont légion.

D’abord au plan institutionnel, l’étalage gouvernemental tient compte de l’importance  de la citoyenneté dans le développement socio-économique  en prévoyant un ministère chargé de la jeunesse et de la construction citoyenne dirigé par notre compatriote Mame Mbaye Niang.

Ensuite, pour renforcer l’instruction citoyenne par des habitudes citoyennes, une cérémonie  de levée des couleurs a été institué tous les premiers lundis de chaque mois au Palais de la République en présence du Chef de l’Etat et de l’ensemble du Gouvernement et sur toute l’étendue du territoire national.

En outre, sur le plan juridique, on a assisté récemment à un processus hautement significatif  de constitutionnalisation des devoirs citoyens à travers la réforme constitutionnelle adoptée par le peuple sénégalais au référendum du 20 mars 2016.

Enfin, hormis ces innovations majeures instituées par les nouvelles autorités dans la construction d’une conscience citoyenne, le rôle de former des citoyens modèles a toujours été dévolu à l’éducation nationale.

Ainsi, de par sa fonction éducative, l’école soumet le jeune apprenant à une discipline par le respect des normes et valeurs que l’Etat a pour mission de transmettre à tous les citoyens.

Par ailleurs, en tant qu’espace d’instruction, l’école permet l’élévation, le perfectionnement et le raffinement du niveau culturel de l’individu, qualités sans lesquelles, « l’homme est un être brut, inculte » pour reprendre le philosophe Emmanuel KANT.

En outre, en tant que cadre de formation, l’école permet au jeune citoyen d’acquérir le savoir-faire nécessaire pour s’insérer dans la vie en société et par conséquent participer à l’émergence du Sénégal. 

Toutefois, force est de constater que cette honorable fonction n’est pas l’apanage exclusif  des pouvoirs  publics car d’autres institutions de socialisation se voient aussi l’attribuer.

B.    LES AUTRES INSTITUTIONS DE SOCIALISATION DES JEUNES

L’éducation citoyenne est l’affaire de tous !

La citoyenneté s’apprend au sein de la famille, dans les lieux de culte, au sein de l’entreprise et des partis politiques, à travers les médias etc. avant de s’exercer dans la vie de tout citoyen.  

Nous prendrons juste trois exemples pour illustrer un tel propos.

D’abord, la cellule familiale est le lieu par excellence où l’enfant, dès son plus jeune âge, apprend à assimiler les règles de vie en société.

En effet, l’individu se trouve confronté dans la famille, à un ensemble de mécanismes d’apprentissage social par lesquels il acquiert des connaissances, des rôles, des devoirs et intériorise des valeurs, des normes, des représentations et des pratiques responsables à travers l’éducation familiale.

La famille étant la cellule de base de l’apprentissage des vertus sociales, il revient ainsi aux parents d’assumer ce devoir de communication envers leurs enfants.

Ensuite, les médias eux aussi doivent participer à l’éducation à la citoyenneté des jeunes à travers des écrits et des émissions.

Ils constituent un tremplin à partir des acteurs qui les animent pour développer la réflexion et favoriser l’évolution des mentalités et des représentations.

Les médias constituent des canaux privilégiés pour divulguer des informations qui contribuent à la prise de conscience et à un changement positif de comportement des citoyens.

Enfin, dans un Etat démocratique comme le Sénégal, les partis politiques constituent d’importants agents de socialisation.

Il est assigné aux instances politiques une responsabilité en ce qui concerne la formation civique et politique des citoyens.

Cette éducation civique et politique  aide à approfondir les rouages de la vie nationale et permet aux jeunes d’exercer  pleinement leur citoyenneté.

La problématique de l’instruction citoyenne des jeunes ainsi résolue, il convient de s’attaquer au rôle que ces bras utiles peuvent réellement jouer dans l’exécution des points dégagés par le programme PSE.

II.  LE ROLE INCONTOURNABLE DES JEUNES POUR LE SUCCES DU PROGRAMME PLAN SENEGAL EMERGENT

S’ils sont armés de valeurs citoyennes nécessaires, les jeunes pourront contribuer de manière drastique au succès du programme Plan Sénégal Emergent.

Pour démontrer une telle conviction, nous allons analyser  leur apport dans la transformation structurelle de l’économie et de la croissance (A) avant d’examiner  le rôle qu’ils peuvent jouer dans la promotion du capital humain, de la protection sociale et du développement durable(B).  

A .LE ROLE DES JEUNES DANS LA TRANSFORMATION DE L’ECONOMIE ET DE LA CROISSANCE

La contribution des jeunes à l’atteinte des objectifs du pilier n° 1  du PSE peut avoir une valeur ajoutée considérable dans  l’émergence du Sénégal.

D’abord, dans le volet agricole qui est considéré comme le fer de lance de la transformation de la structure de l’économie, la main d’œuvre des jeunes y est très sollicitée.

En effet, dans les domaines agricoles communautaires, des milieux de jeunes se sont mobilisés pour cultiver la terre et booster ainsi l’agriculture, moteur de la croissance.

Il en est de même dans les secteurs de la pêche et de l’agro-alimentaire en vue de renforcer la sécurité alimentaire et de rééquilibrer la balance commerciale qui est connue déficitaire.

Ensuite, dans les domaines des mines, de la logistique industrielle et  des multiservices, l’expertise des jeunes diplômés permettra de faire du Sénégal un hup logistique industriel régional et l’un des trois pôles offshoring les plus importants en Afrique francophone.

En outre, les jeunes peuvent contribuer copieusement à la promotion du sport et de ses activités connexes qui demeurent  une priorité dans le programme Plan Sénégal Emergent.

Enfin, la participation des jeunes dans le secteur de la culture à travers la danse le théâtre et la musique permettra de valoriser les potentialités du Sénégal.

Toutefois, en dehors de la transformation structurelle de l’économie et de la croissance, les jeunes peuvent aussi apporter leur  tribut à la promotion du capital humain, de la protection sociale et du développement durable.

B.   LE ROLE DES JEUNES DANS  LA PROMOTION DU CAPITAL HUMAIN, DE LA PROTECTION SOCIALE ET DU DEVELOPPEMENT DURABLE.

La hausse de la productivité souhaitée pour une émergence économique  est tributaire  de la qualité de la main d’œuvre employée.

Ainsi, parallèlement à la mise à profit du dividende démographique, le programme PSE mise également sur la promotion du capital humain, sur la protection sociale et le développement durable.

Pour s’en convaincre, examinons quelques objectifs visés par le pilier n° 3 du PSE.

D’abord,  la promotion de l’éducation qui repose entre autres sur la mise en place d’un cycle fondamentale d’éducation de base de 10 ans, l’amélioration de la qualité des enseignements et des apprentissages, la promotion de la formation professionnelle orientée vers la marché de l’emploi ainsi que le développement   d’une gouvernance efficace, efficiente et inclusive du système éducatif a pour cible principal les jeunes.

Ensuite, dans le domaine de la protection sociale, les jeunes peuvent sensibiliser les populations à travers les ASC sur la prévention et la réduction des risques majeures de catastrophes et l’amélioration de la gestion des catastrophes naturelles.

Enfin, en ce qui concerne  le développement durable et la protection de l’environnement, les jeunes peuvent contribuer dans la sensibilisation des populations pour le renforcement de leurs capacités dans la gestion  des ressources naturelles, à la promotion de l’économie verte ainsi que la réduction de la vulnérabilité des écosystèmes  par rapport  aux changements climatiques.

CONCLUSION

En résumé, nous pouvons retenir que l’émergence du Sénégal est dépendante de l’implication des jeunes dans les divers secteurs de l’économie et de la croissance.

Mais encore faudrait-il que ces jeunes reçoivent une bonne formation citoyenne indispensable à l’accomplissement d’acte patriotique et la prise de décision politique favorable au développement socio-économique du pays.

 Toutefois, il y a lieu à s’inquiéter si on constate avec regret la crise de la citoyenneté prendre de plus en plus  de l’ampleur au risque de compromettre le devenir de notre cher Sénégal !

Bara SYLLA

Juriste,

Commissionnaire en Douane Agréé

Responsable APR Taif

Email : syllataif@yahoo.fr

 

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