Publié le 12 May 2016 - 21:47
DES RESPONSABLES SANS BASE POLITIQUE

Le Pds, un géant aux pieds d’argile

 

Après le départ de pas mal de ténors, le parti de Me Abdoulaye Wade se retrouve avec peu de leaders disposant d’une assise politique réelle. Pour l’essentiel, il n’y a que des figures symboliques et légitimes sans doute, mais dépourvu de tout poids électoral. Ils sont en quelque sorte les vestiges du parti.

 

Des responsables du Pds, et pas des moindres, ont quitté le navire bleue, depuis la perte du pouvoir en 2012. Dans l’édition d’hier, EnQuête a fait le point sur ces nombreux départs. De quoi se demander aujourd’hui quels sont ceux qui restent et leur poids électoral ainsi que leur légitimité politique et capacité managériale. Sur le plan de la représentativité, il y a beaucoup de ténors qui sont partis. Il s’agit entre autres du mammouth de Ziguinchor, Abdoulaye Baldé, Pape Diop, un leader confirmé à Dakar, Souleymane Ndéné Ndiaye bien assis dans son Guinguinéo natal, mais qui peine à conquérir Kaolack la grande ville, Modou Diagne Fada qui a davantage confirmé sa position à Darou Mousty lors du référendum du 20 mars.

Cependant, en dépit de ces départs de taille, le Pds garde toujours des leaders au poids électoral certain. Parmi eux le coordonnateur du parti, Oumar Sarr. Le maire de Dagana a un fief qui lui est resté fidèle depuis 1996. Son apport dans les urnes reste incontestable, même si les deux derniers scrutins (locales et référendum) ont montré qu’il n’est plus le maître absolu pour avoir perdu le département tout en conservant la commune. Aïda Mbodj est une autre responsable du parti à la représentativité évidente. Elle a une assise à la fois communale et départementale. Son poids électoral semble même inquiéter le parti au pouvoir qui, par le biais du ministre de la Gouvernance locale, Abdoulaye Diouf Sarr, l’a déchue de son poste de présidente du Conseil départemental de Bambey. A côté d’elle, Habib Sy ancien maire de Linguère. Lui aussi a perdu du terrain, suite à sa défaite lors des Locales de 2014, face à Aly Ngouille Ndiaye de l’Apr.

Outre ces responsables réellement populaires dans leur bastion, il existe d’autres leaders moins cotés à la bourse politique, mais qui disposent d’une base affective. C’est le cas de Babacar Gaye, le porte-parole. Même si son poids électoral reste à démontrer (son rival Abdoulaye Willane est à son deuxième mandat successif à la mairie), il n’en demeure pas moins qu’il a une base politique à Kaffrine. Woré Sarr, l’ancienne mairesse de Gounass a aussi une base. Il est vrai cependant qu’elle n’est pas parmi les leaders de premier plan au sein de la formation politique de Wade.

A côté de ceux-là, il y a d’autres leaders qui peuvent invoquer une légitimité de par leur ancienneté dans le parti. Cependant, sur le plan des capacités de mobilisation militante, ils ne sont pas plus lourds qu’une plume. Me Madické Niang est par exemple un homme de confiance de Wade. Il est un fidèle parmi les plus fidèles. Cependant, on ne lui connaît pas de poids électoral. D’ailleurs, il n’a jamais dirigé une collectivité locale. Mais contrairement à d’autres leaders sans base, lui a ses entrées à Touba. Sa proximité avec la famille de Serigne Touba constitue un atout majeur pour le Pds.

Les vestiges du parti

Certains caciques par contre ne disposent pas de cette influence, alors qu’ils n’ont aucune assise populaire. Cheikh Tidiane Sy en fait partie. En réalité, il n’a jamais été un politique au sens militant du terme. Il y a d’autres leaders qui, électoralement, n’existent pas. Ils ne peuvent mobiliser que leur propre personne. Et pour cette raison sans doute, ils se font un peu les chairs à canon du parti, toujours prêts à aller au charbon. On peut citer Farba Senghor, Me El Hadji Amadou Sall et Ablaye Faye entre autres. Ce sont sans doute eux qui étaient les cibles de Modou Diagne Fada quand il réclamait la réorganisation du parti sur la base de la représentativité. Fada affirmait qu’il y a des responsables non représentatifs à côté d’une jeunesse montante qui pèse lourd sur le plan politique. D’autres leaders sont aujourd’hui un peu difficile à classer, soit parce qu’ils ont disparu de la scène politique, soit parce qu’ils ont des positions ambigües. En guise d’exemple, il est aujourd’hui difficile de dire si Mamadou Lamine Keïta demeure toujours un responsable de premier rang du Parti démocratique sénégalais.  Il en est de même d’Awa Diop, l’ancienne patronne des femmes libérales.

Ainsi,  tout compte fait, il n’est pas exagéré de dire que le Pape du Sopi a fait le vide autour de lui. En effet, sur plus d’une dizaine de responsables de premier plan disposant d’une base politique solide en 2012, il ne lui en reste désormais que trois environ. Pour le reste, il s’agit de leaders qui peuvent être dévoués à la cause de la seule constance du parti, mais ils ne remplissent pas les urnes. De quoi se demander si le Pds n’est pas devenu l’ombre de lui-même.  Réponse aux prochaines législatives de 2017.

BABACAR WILLANE

 

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