Publié le 31 Aug 2016 - 23:31
RARETE DES RESSOURCES ET ACTIVITES CRIMINELLES EN MER

Les risques d’une surpression 

 

Les ressources halieutiques sénégalaises sont l’objet d’une forte pression. En 2013, plus de 440 tonnes ont été débarquées sur plus de 200 sites. 181 000 marins pêcheurs ont été dénombrés en 2014. Cet assaut vers la mer menace la survie des acteurs qui pourraient eux-mêmes se recycler dans des activités criminelles.

 

Entre la pêche et la criminalité maritime, il existe un lien étroit. Celui-ci a été rappelé longuement à Saly, les 25 et 26 août, à l’occasion d’un séminaire sur la sécurité et la sûreté maritimes dans le golfe de Guinée. Un débat organisé par l’institut d’études de sécurité. En fait, rappellent les intervenants, particulièrement l’expert à l’Union européenne Serges Rinkel, plus les ressources halieutiques se raréfient, moins les pêcheurs ont des revenus et plus ils cherchent une alternative. Cette dernière peut mener généralement à la criminalité qui a la mer comme terrain d’opération.

Il y a donc de quoi être vigilant au Sénégal, si l’on sait la pression exercée sur le poisson et la précarité dans laquelle vivent les pêcheurs. Activité qui jadis nourrissait son homme, la pêche est devenue moins payante au Sénégal. Un des facteurs explicatifs est qu’il y a eu une forte ruée vers ce secteur, avec la sécheresse suivie de l’exode rural. D’après Mamadou Faye, biologiste à la Direction de la pêche maritime (Dpm), le nombre d’acteurs dans ce secteur a connu une montée fulgurante et progressive au fil des années.

Toutes pêches confondues, le Sénégal est passé de 90 600 marins pêcheurs en 1960 à 126 800 en 1980, puis à 163 000 en 2000. En 2014, ce nombre s’est arrêté à 181 200, avec le côté artisanal qui occupe une bonne part.  Ce boom a fait que le secteur a été confronté au défi d’une activité sécurisée et responsable. Cette dernière fait appel essentiellement à deux déterminants : la sécurité des navires et le respect de la règlementation. Par rapport à la sécurité du navire, explique M. Faye, il y a la conception, la construction, la mise à l’eau, l’entretien et le carénage.

Le pêcheur doit aussi se conformer aux textes qui déterminent les engins de pêche, les zones autorisées, les espèces cibles… ; à tout cela s’ajoutent les gilets de sauvetage, la qualité et les mailles des filets, etc. Autant de tâches et de connaissances attendues du marin pêcheur. Face à des gens qui ont débarqué un beau jour sans aucune idée des normes, il est évident que les manquements ne peuvent être que nombreux. D’où l’importance de la formation. Les services de l’Etat cherchent encore les voies et moyens. Mais ils butent sur certains obstacles comme le financement, explique-t-on. A ce problème s’ajoute celui de la pêche industrielle où les services de l’Etat ont affaire à des gens qui maîtrisent toute la règlementation mais qui font primer le gain sur les obligations et la responsabilité.

Ainsi, le rapport 2013 de la Dpm indique que les débarquements de la pêche maritime s’élèvent à 441 254 tonnes pour une valeur commerciale estimée à 144 milliards de francs CFA. La pêche artisanale reste la plus importante avec 398 214 tonnes. Celle industrielle pourtant plus souvent décriée s’arrête à 43 040 tonnes, presque 10 fois moins importante que l’activité artisanale. En 2012, les débarquements étaient estimés à 447 961 tonnes pour une estimation à 152 milliards.

Arraisonnements, accidents, disparitions…

Ce dynamisme n’est pas sans conséquences. Les manquements à l’obligation sont souvent importants. En 2015, sur 8 318 pirogues inspectées, 875 ont été arraisonnées. Les principaux motifs se rapportent essentiellement au défaut de permis de pêche et au non-respect du gilet de sauvetage. Il y a aussi le défaut d’immatriculation, l’usage d’engins prohibés et l’incursion dans une aire marine protégée. Pour la pêche industrielle, sur 2 335 navires inspectés la même année, 13 dont 4 étrangers ont été arraisonnés. Là aussi, les motifs vont d’une pêche sans autorisation au maillage non conforme, en passant par obstruction de mailles ou absence de licence à bord. Selon les évaluations, le Sénégal perd environ 150 milliards par an, à cause de la pêche illicite, non conforme ou non déclarée appelée pêche-Inn.

Ces manquements ne mettent pas toujours en danger les ressources. La vie des acteurs est aussi souvent exposée. En 2015, les statistiques de la Dpsp indiquent 63 accidents en mer qui ont eu comme conséquence la perte de 23 vies humaines. Les disparitions se chiffrent à 73 individus contre 383 rescapés. En 2014, il y a eu 59 accidents, 22 vies humaines perdues, 94 disparus et 289 rescapés. En 2013, les accidents étaient de 49, 19 morts et 70 disparitions. Soit un total sur 3 ans de 64 vies perdues et 237 disparus.

Les conditions climatiques sont la principale cause de ces accidents souvent mortels. 

BABACAR WILLANE

 

Section: 
PÉTROLE - GISEMENT DE SANGOMAR : Une production qui redonne espoir à l'économie sénégalaise
Les exportations du Sénégal
Diomaye à Doha
UNIVERSITÉS SÉNÉGAL, BOURSES ET INFRASTRUCTURES : Les réponses d’Abdourahmane Diouf à l’UGB
LA BAD AU SÉNÉGAL : Un prêt de 55,33 millions d’euros pour booster l’agriculture
SAINT-LOUIS: VOL DE BÉTAIL EN  AFRIQUE DE L’OUEST : Le Sénégal perd plus de 2 milliards francs CFA par an
ENQUÊTE SUR L’EXPÉRIENCE CLIENT DANS LES BANQUES AU SENEGAL : Aucune n’a obtenu la moyenne
53 % DES DÉCÈS LIÉS AUX MALADIES NON TRANSMISSIBLES AU SÉNÉGAL : La recherche comme vecteur pour renverser la tendance
PRÉPARATION 50 ANS CEDEAO : Pour une nouvelle politique de jeunesse
SAINT-LOUIS : LUTTE CONTRE LES PRODUITS PROHIBÉS : Des saisies d'une valeur de plus de 260 millions F CFA incinérées
UNIVERSITÉS ET ÉTABLISSEMENTS SUPÉRIEURS : Diomaye demande la continuité des activités pédagogiques et la stabilité sociale
CONSEQUENCES DU CHANGEMENT CLIMATIQUE POUR LE SENEGAL : La Banque mondiale prévient contre l’inaction  
RÉDUCTION DE LA CEL/VA : Rufisque sonne la mobilisation
ÉCONOMIE - CAMPAGNE AGRICOLE : Le Premier ministre annonce cinq décisions structurelles importantes
MARCHE PACIFIQUE DE L’AIAIHS ET DU COMES INTERDITE : Les syndicalistes s’en prennent au ministre de la Santé
JOURNÉE INTERNATIONALE DE LA PÊCHE : Le Sénégal affirme son autonomie face à l'Union européenne
Sénégal-USA
Kolda
CLÔTURE DU PROJET CASSECS : Les engagements de Mabouba Diagne
MINISTÈRE DE LA SANTÉ ET DE L’ACTION SOCIALE : 399 salariés payés à ne rien faire depuis une dizaine d’années