Publié le 2 Aug 2012 - 12:30
COMMENTAIRE-SÉNÉGAL/ETATS-UNIS

Clin d’œil admiratif, mais intéressé

 

 

Ce n’est pas tous les jours que la puissante Amérique tresse des lauriers à une grande «petite puissance» comme le Sénégal dans une Afrique de l’Ouest en proie à des désordres institutionnels doublés de terribles défis sécuritaires, en particulier dans la bande saharo-sahélienne avec l’action des groupes armés islamistes.

 

Le «Discours de Dakar», version Us, a donc été une indication à prendre exemple sur notre processus démocratique. Si Nicolas Sarkozy, le 26 juillet 2007, avait dénoncé «une Afrique qui refuse de rentrer dans l’Histoire», la chef de la diplomatie américaine, cinq ans plus tard et sur les mêmes lieux (le grand amphithéâtre de l’Ucad II) a, pour sa part, loué la maturité du peuple sénégalais. «Les Etats-Unis d’Amérique sont impressionnés et admiratifs de l’engagement du peuple sénégalais pour la démocratie», s’est félicitée Mme Clinton.

 

Le clin d’œil est appuyé. Pour le nouveau régime, c’est le gage d’un soutien sans faille de la première puissance mondiale. «Nous voulons être un bon partenaire et un bon ami pendant que vous continuez à bâtir cette importante nation en une nation qui serait non seulement un modèle pour les Sénégalais, mais aussi pour le monde entier», a ajouté Hillary Clinton, qui a rappelé que le Sénégal est le seul pays en Afrique de l’Ouest à n’avoir jamais connu un coup d’Etat militaire.

 

La coopération bilatérale entre les deux pays est au beau fixe et les fritures sur la ligne -qui ont culminé lors de la dernière présidentielle et les péripéties qui l’ont entourée-, notées lors du magistère de Me Wade, surtout lors de ses dernières années de pouvoir, sont un lointain souvenir. Mais, naturellement, les chaleureuses étreintes américaines ne sont pas dénuées d’intérêt. Naturellement, le pôle de stabilité que constitue le Sénégal est la porte d’entrée idéale pour faire rayonner le modèle démocratique.

 

Elle a trouvé des plages de convergence entre l’action des organisations de la société civile sénégalaise et certains groupes de pression américains (lobbys entendus au sens non péjoratif) dédiés à la défense de la démocratie et des droits de l’Homme. Elle a ainsi fait allusion au mouvement «Y'en a marre», au mouvement du 23 juin et à la prise en charge par des citoyens anonymes de leur destin en réaffirmant avec force leur choix des urnes pour légitimer les pouvoirs politiques. Aux Etats-Unis, en effet, les Associations, en marge des partis politiques, sont toutes aussi puissantes, quand arrivent les grands débats de société ou les rendez-vous électoraux.

 

Alors que la Chine étend ses tentacules sur le continent, et accroît sa part de commerce avec l’Afrique, les Américains persistent à «vendre» leur modèle. Selon Hillary Clinton, ancienne première dame devenue chef de la diplomatie de son pays, «parfois, l’argument est avancé selon quoi la démocratie est un privilège qui appartient aux pays riches et que les pays en développement doivent placer en premier lieu la croissance économique et se préoccuper de démocratie plus tard. Mais ça ne constitue pas la bonne leçon de l’histoire».

 

«Sur le long terme, vous ne pouvez pas avoir une libéralisation économique efficace, si vous n’avez pas une libération politique», a soutenu Mme Clinton soulignant que «sans la primauté du droit, les gens qui veulent investir ne pourront pas avoir confiance et iront chercher des opportunités ailleurs». La coopération bilatérale a également retrouvé des couleurs et l’éligibilité du Sénégal au MCA, acquise mais par encore réellement sur les rails, devrait se traduire en actes concrets. Ça, c’est le vernis diplomatique.

 

En dessous, il y a les exigences de l’heure. La chute de Kadhafi en Libye a requinqué matériellement les nombreuses bandes armées qui écument le Sahara, notamment dans ses parties malienne, mauritanienne et nigérienne. La question terroriste, toujours au cœur de la diplomatie préventive Us, est maintenant liée à l’éclatement d’Al-Qaïda en plusieurs sous-groupes, qui rançonnent, prennent des otages, voire plus : ainsi, le nord du Mali (les régions de Gao et de Tombouctou) sont entre leurs mains. Cette question préoccupe Washington au plus haut point. Dakar pourrait être le point focal de son dispositif de prévention de l’hydre terroriste dans la sous-région…

 

Sénégal/Etats-Unis : Clin d’œil admiratif, mais intéressé

Ce n’est pas tous les jours que la puissante Amérique tresse des lauriers à une grande «petite puissance» comme le Sénégal dans une Afrique de l’Ouest en proie à des désordres institutionnels doublés de terribles défis sécuritaires, en particulier dans la bande saharo-sahélienne avec l’action des groupes armés islamistes.

 

Le «Discours de Dakar», version Us, a donc été une indication à prendre exemple sur notre processus démocratique. Si Nicolas Sarkozy, le 26 juillet 2007, avait dénoncé «une Afrique qui refuse de rentrer dans l’Histoire», la chef de la diplomatie américaine, cinq ans plus tard et sur les mêmes lieux (le grand amphithéâtre de l’Ucad II) a, pour sa part, loué la maturité du peuple sénégalais. «Les Etats-Unis d’Amérique sont impressionnés et admiratifs de l’engagement du peuple sénégalais pour la démocratie», s’est félicitée Mme Clinton.

 

Le clin d’œil est appuyé. Pour le nouveau régime, c’est le gage d’un soutien sans faille de la première puissance mondiale. «Nous voulons être un bon partenaire et un bon ami pendant que vous continuez à bâtir cette importante nation en une nation qui serait non seulement un modèle pour les Sénégalais, mais aussi pour le monde entier», a ajouté Hillary Clinton, qui a rappelé que le Sénégal est le seul pays en Afrique de l’Ouest à n’avoir jamais connu un coup d’Etat militaire.

 

La coopération bilatérale entre les deux pays est au beau fixe et les fritures sur la ligne -qui ont culminé lors de la dernière présidentielle et les péripéties qui l’ont entourée-, notées lors du magistère de Me Wade, surtout lors de ses dernières années de pouvoir, sont un lointain souvenir. Mais, naturellement, les chaleureuses étreintes américaines ne sont pas dénuées d’intérêt. Naturellement, le pôle de stabilité que constitue le Sénégal est la porte d’entrée idéale pour faire rayonner le modèle démocratique.

 

Elle a trouvé des plages de convergence entre l’action des organisations de la société civile sénégalaise et certains groupes de pression américains (lobbys entendus au sens non péjoratif) dédiés à la défense de la démocratie et des droits de l’Homme. Elle a ainsi fait allusion au mouvement «Y'en a marre», au mouvement du 23 juin et à la prise en charge par des citoyens anonymes de leur destin en réaffirmant avec force leur choix des urnes pour légitimer les pouvoirs politiques. Aux Etats-Unis, en effet, les Associations, en marge des partis politiques, sont toutes aussi puissantes, quand arrivent les grands débats de société ou les rendez-vous électoraux.

 

Alors que la Chine étend ses tentacules sur le continent, et accroît sa part de commerce avec l’Afrique, les Américains persistent à «vendre» leur modèle. Selon Hillary Clinton, ancienne première dame devenue chef de la diplomatie de son pays, «parfois, l’argument est avancé selon quoi la démocratie est un privilège qui appartient aux pays riches et que les pays en développement doivent placer en premier lieu la croissance économique et se préoccuper de démocratie plus tard. Mais ça ne constitue pas la bonne leçon de l’histoire».

 

«Sur le long terme, vous ne pouvez pas avoir une libéralisation économique efficace, si vous n’avez pas une libération politique», a soutenu Mme Clinton soulignant que «sans la primauté du droit, les gens qui veulent investir ne pourront pas avoir confiance et iront chercher des opportunités ailleurs». La coopération bilatérale a également retrouvé des couleurs et l’éligibilité du Sénégal au MCA, acquise mais par encore réellement sur les rails, devrait se traduire en actes concrets. Ça, c’est le vernis diplomatique.

En dessous, il y a les exigences de l’heure. La chute de Kadhafi en Libye a requinqué matériellement les nombreuses bandes armées qui écument le Sahara, notamment dans ses parties malienne, mauritanienne et nigérienne. La question terroriste, toujours au cœur de la diplomatie préventive Us, est maintenant liée à l’éclatement d’Al-Qaïda en plusieurs sous-groupes, qui rançonnent, prennent des otages, voire plus : ainsi, le nord du Mali (les régions de Gao et de Tombouctou) sont entre leurs mains. Cette question préoccupe Washington au plus haut point. Dakar pourrait être le point focal de son dispositif de prévention de l’hydre terroriste dans la sous-région…

 

 

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