Publié le 6 Nov 2020 - 02:22
MICROFINANCE ISLAMIQUE AU SENEGAL

Les activités de Promise démarrent en avril 2021

 

Les activités du Programme national de développement de la microfinance islamique au Sénégal (Promise) doivent démarrer de manière effective à partir d’avril 2021. L’annonce a été faite hier par sa coordonnatrice nationale Yaye Fatou Diagne Seck, lors d’un atelier de sensibilisation des journalistes sur la finance islamique.

 

La valeur du secteur de l’industrie financière islamique devrait atteindre 3 900 milliards de dollars à l’horizon 2023, selon les estimations 2019 du Marché financier islamique international (IIFM). Cependant, en Afrique, et particulièrement au Sénégal, la part de marché de la finance islamique, notamment le segment de la microfinance, reste encore faible et les statistiques ne sont pas encore disponibles. ‘’On a trouvé un terrain vierge. Il fallait, d’abord, faire un plaidoyer pour le cadre réglementaire.

Cela a été fait. Il faut former les différents acteurs primaires qui sont les systèmes financiers décentralisés (SFD) qui doivent fournir les opérations de microfinance islamique. Il faut leur assurer des formations et un accompagnement pour ouvrir les guichets de micro-financement islamique. Et, en même temps, faire connaître à la population sénégalaise les tenants et aboutissants de la microfinance islamique pour qu’ils puissent consommer ses produits’’, explique la coordonnatrice nationale du Programme national de développement de la microfinance islamique au Sénégal (Promise).

Yaye Fatou Diagne Seck, qui intervenait hier, lors d’un atelier de sensibilisation des journalistes sur la microfinance islamique, a indiqué qu’ils sont aujourd’hui, en matière d’information, dans un ‘’parallélisme’’. Parce que l’un de ces acteurs, à savoir les SFD et les populations, ne peut pas aller sans l’autre, par rapport au niveau qui le concerne. ‘’Concernant les SFD, nous avons leur demande d’autorisation de pratique. Nous faisons également une communication et une sensibilisation assez poussée pour les populations sénégalaises, afin qu’elles comprennent et appréhendent d’emblée les principes de fonctionnement de la microfinance islamique en particulier et que, quand les guichets seront ouverts, que les porteurs de projet puissent aller vers ceux-ci. (…) Et le début effectif de nos activités, nous l’avons estimé à avril 2021. Nous devrions le faire en avril 2020, malheureusement, il y a eu l’arrivée de la Covid qui a perturbé tout le fonctionnement du monde’’, a-t-elle annoncé.

D’un coût global de 47 milliards de F CFA étalés sur 5 années renouvelables, la coordonnatrice du Promise a relevé que son programme a un fonds de refinancement de 30 milliards de francs CFA qui sera mis à la disposition des SFD, le moment venu. ‘’A la différence de la Délégation à l’entreprenariat rapide des jeunes et des femmes (Der) qui est propriétaire de ses fonds, valide les dossiers de financement et les oriente vers des SDF où elle fait des dépôts d’argent, nous, nous amenons les SFD à contracter des prêts avec la Banque islamique. Donc, c’est le SFD qui prend l’initiative de prendre un prêt. Si quelqu’un fait un prêt, ce ne serait pas à nous de lui dire qui il va financer. Là, la question qui va se poser, ce sera la question du risque, du non-remboursement et de la responsabilité’’, précise-t-elle.

Rendre la microfinance islamique performante, inclusive et pérenne

Le Promise, rappelle Mme Seck, a pour objectif général ‘’d’améliorer’’ le revenu de ses bénéficiaires. Ceci, à travers le renforcement de l'accès durable de la majorité de la population à des services financiers islamiques adaptés sur l'ensemble du territoire national, d'ici à 2025. ‘’Mais sa véritable finalité est de voir la branche de la microfinance islamique devenir performante, inclusive et pérenne au service d'une économie émergente, dans une société solidaire. Pour y parvenir, le programme ambitionne de soutenir l’élaboration d’un cadre réglementaire de la microfinance islamique. La pratique de la microfinance islamique n’était pas légale jusqu’en 2019. C’est en 2019 que l’Assemblée nationale a modifié la loi statuant sur la pratique de la microfinance d’une manière générale pour modifier en son article 6 et y introduire la pratique de la microfinance islamique’’, dit-elle.

Néanmoins, dans le cadre réglementaire, Yaye Fatou Diagne Seck note que la Banque centrale, qui supervise la pratique de la microfinance au sein de l’UEMOA, devrait sortir des instructions pour statuer sur comment la pratique de la microfinance islamique en particulier doit se faire. ‘’Et jusque-là, il n’y a que deux instructions qui doivent sortir de la BCEAO sur les ratios prudentiels qui sont au nombre de 10 et le référentiel comptable sur lesquels les organismes de supervision et les établissements de microfinance islamique devront se baser pour la pratique et la supervision’’, renchérit la patronne du Promise.

Madame Seck souligne que son équipe ambitionne aussi de renforcer les capacités des institutions de microfinance participantes et celles des bénéficiaires cibles. Et, en même temps, de mettre à disposition une ligne de refinancement en microfinance islamique. Elle estime que l’atteinte de ces objectifs spécifiques permettra ‘’d’installer définitivement’’ la microfinance islamique au Sénégal. Et aussi de ‘’réduire le taux d’exclusion financière’’ des bénéficiaires ainsi que le financement des projets des secteurs prioritaires du Plan Sénégal émergent (PSE).

Une alternative pour le financement de jeunes promoteurs

Pour sa part, le directeur général de l’Agence nationale pour la promotion de l’emploi des jeunes (Anpej) a souligné que la finance islamique est un instrument ‘’d’équité et de progrès’’. ‘’Peu connue sous nos cieux, elle constitue pourtant une source alternative de financement à des segments de jeunes promoteurs dont l’accès au financement selon les procédures classiques demeure problématique. Il en est ainsi de nombreux primo demandeurs d’emploi dont la vulnérabilité et les contraintes liées à l’obtention d’un apport, une des exigences notables pour bénéficier d’un prêt auprès des banques classiques, constitue un véritable frein à la promotion de l’auto emploi jeune’’, soutient Tamsir Faye.

De même, M. Faye affirme que beaucoup de jeunes porteurs de projet, pourtant ‘’motivés et engagés’’, mais ‘’complètement désorientés’’ par l’absence de coïncidence entre les méthodes d’obtention d’un crédit et leurs croyances religieuses, sont amenés à ‘’abandonner’’ leur projet d’entrepreneuriat. Ceci, au point de décrocher de manière définitive du marché du travail.

‘’La microfinance islamique est venue corriger toutes ces disparités. Ce, d’autant qu’avec ses plus de 2 000 milliards d’euros d’actifs à travers le monde, elle se pose désormais comme un véritable levier de croissance des toutes petites entreprises (TPE) et des PME-PMI dans le respect des principes de la loi coranique’’, fait savoir le DG de l’Anpej.

Ainsi, il pense que des produits comme le ‘‘mudharabah’’ ou le ‘’musharabah’’ sont autant d’instruments pouvant faciliter l’accès au financement à des cibles et groupes de cibles particulièrement vulnérables, en les aidant à intégrer le marché du travail par le biais de l’auto-emploi. Car la principale caractéristique est de mettre l’accent sur le partage des pertes et profits selon le ratio des montants investis, le financement sans intérêt ou l’emprunteur ne rembourse que le montant emprunté, etc.

‘’Il appartient donc aux jeunes de saisir ces opportunités en s’appropriant les multiples leviers de la microfinance islamique par le biais de la formation et du renforcement de capacités suivant l’esprit et la lettre de la convention que nos deux structures vont mettre en œuvre’’, conclut-il.

MARIAMA DIEME

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