Les producteurs veulent des magasins de stockage
Les questions du stockage des produits agricoles, de la cherté des intrants agricoles, de l’approvisionnement en eau avec Aquatech se sont invitées aux discussions, lors du comité régional de développement spécial consacré à la commercialisation des productions agricoles. Il s’est tenu hier au Conseil départemental de Diourbel, sous la présidence du ministre du Commerce et des PME.
‘’Les magasins de stockage de produits agricoles ne sont plus fonctionnels. La plupart datent de l’époque coloniale. Vous conviendrez avec moi qu’il faut de bonnes infrastructures pour pouvoir stocker les produits avant de les écouler. Il faut donc penser à trouver une solution à ce problème de stockage des produits agricoles’’, a appelé le maire de la commune de Darou Nahim, dans le département de Mbacké, Cheikh Bara Guèye.
Prenant part à ce CRD, la ministre du Commerce et des PME, Aminata Assome Diatta, l’a rassuré. ‘’Pour les magasins de stockage, c’est une question qui intéresse particulièrement le président de la République. Nous sommes en train de faire une tournée ; nous allons lui faire une proposition. Et je sais que l’Agence de régulation des marchés à un projet sur l’installation des infrastructures de stockage. Ce que nous souhaitons, c’est que ça soit une affaire des privés. Il y a certains d’entre eux qui s’intéressent à la question ; certains hésitent parce qu’ils veulent que l’Etat leur accorde une garantie, mais il y a au moins quelques jeunes Sénégalais qui ont pris l’engagement de travailler à la mise en place des infrastructures de stockage, notamment les chambres froides’’, a-t-elle fait savoir.
Le maire de Baba Garage, dans le département de Bambey, est lui préoccupé par autre chose. Devant la ministre du Commerce et des Petites et moyennes entreprises, Modou Ndiaye lui a demandé de porter leurs doléances au chef de l’Etat pour résoudre définitivement le problème de l’approvisionnement en eau. Ce problème a un impact négatif sur la vie des populations rurales. ‘’La commercialisation et la production entretiennent des relations dialectiques. La production, dans ma commune, connaît des difficultés à cause de l’opérateur Aquatech. On n’a plus assez d’eau au niveau des périmètres maraichers pour pouvoir cultiver correctement. J’ai demandé au ministre de dire au chef de l’Etat de revenir sur cette réforme, parce qu’elle pose problème aux populations. En dépit du fait que l’eau n’est pas de bonne qualité, elle n’est pas non plus suffisante. Quand on n’a pas suffisamment d’eau pour boire, comment peut-on en avoir pour cultiver ? Pour la production, il faut fondamentalement de l’eau et tant que la réforme continue, je crois que la production ne sera pas au rendez-vous. Avant la réforme, il n’y avait pas de problème. C’est avec Aquatech que les populations ont connu des problèmes’’, a dénoncé l’édile de Baba Garage.
En outre, cette réunion du comité régional de développement spécial a permis au vice-président de la Chambre de commerce de Diourbel de faire un plaidoyer pour une résolution du conflit entre les techniciens de l’agriculture et l’Etat du Sénégal. Bassirou Mbacké Ndiaye demeure convaincu que ‘’pour avoir de bonnes récoltes, il faut de bonnes semences qui doivent être certifiées et homologuées par les techniciens agricoles qui, depuis quelque temps, observent un mouvement d’humeur. Il faut que ce conflit soit réglé par l’Etat qui adopte une stratégie de pourrissement préjudiciable à tous’’.
Outre ces problèmes notés, les producteurs et commerçants de la région de Diourbel, qui compte 24 marchés permanents et 29 marchés hebdomadaires (‘’loumas’’) rencontrent d’énormes difficultés pour obtenir des autorisations FRA, des codes-barres pour acquérir du matériel de transformation, mais aussi et surtout des financements réservés aux PME par les institutions de micro-finance (délais courts, taux élevés, montants dérisoires). Il a été noté aussi le problème des emballages (cherté et qualité).
Aminata Assome Diatta s’est prononcée sur la mise en place du cadre régional de commercialisation des productions agricoles. Elle a insisté auprès du gouverneur pour que ce cadre se réunisse au moins deux fois par an. ‘’Ce cadre, s’il fonctionne de façon efficace, va régler de façon définitive le problème de la commercialisation. Je suis d’accord avec la proposition du DRDR concernant la spécialisation, parce que souvent, on note qu’il y a une diversité de cultures. C’est une bonne chose, mais il serait important que dans chaque région, on se spécialise dans les cultures où on a plus de potentiels, puisque chaque sol a sa spécificité et peut-être les études de l’Isra et de l’université peuvent aider à apporter une réponse’’, a-t-elle indiqué.
Sur la question des FRA, elle a confié que ‘’c'est une forte préoccupation, mais ça ne peut pas être gratuit, parce qu'il faut acheter des réactifs pour faire les analyses. Et si nous ne faisons pas bien les analyses ou que les produits venaient à être exportés au niveau international, alors qu'ils ne répondent pas aux normes, c'est évident que ce sont tous les produits qui proviennent du Sénégal qui en paieront les pots cassés. Donc, essayons de tout faire pour avoir les conditions d'obtention du numéro d'autorisation’’, a-t-elle expliqué.
‘’Pour le code-barres, je pense qu'il faut convoquer le propriétaire de l'entreprise pour en discuter et s'il a y a une possibilité de réduire les coûts. Mais tout le monde ne peut pas avoir le FRA. Nous ne pouvons pas atteindre le nombre de GIE que nous souhaitons, car c'est la première édition, mais d'ici l'année prochaine, nous espérons faire plus pour aider toutes les femmes transformatrices à avoir ce numéro d'autorisation, notamment au niveau des grandes surfaces et à l'étranger’’.
Par Boucar Aliou Diallo