Publié le 6 Aug 2021 - 01:34
ACCIDENTS EN PÉRIODE HIVERNALE

Les bus ‘’Tata’’ pointés du doigt

 

En cette période de pluies, le nombre d’accidents routiers augmente sensiblement, avec comme conséquence des morts et des blessés. Parmi les moyens de transport concernés par ces drames routiers, figurent les bus dits “Tata”. Pour de nombreux usagers, ces autocars présentent des défaillances et peuvent se transformer en cercueils ambulants, en cette saison hivernale.

 

11 h, ce mercredi 4 juillet, sur l’autoroute de Yoff. Le trafic est ralenti par un bus ‘’Tata’’ tombé en panne au milieu de la voie routière. À l’arrière, le capot de l’autocar en partance pour Mamelles est noirci par la fumée issue du pot d’échappement. Les piétons, passant sur le trottoir, ne peuvent s’empêcher de jeter un coup d’œil sur l’état du véhicule de transport en commun. Un mécanicien, habits noircis par l’huile de vidange, est en œuvre pour dépanner le moteur du bus, à l’arrêt d’un coup. Les passagers à bord, impatients d’arriver à destination, vident un à un le car, pour affréter d’autres moyens de transport.

Des pannes techniques, des accidents, des courses-poursuites, de mauvais comportements… Telles sont, entre autres, les défaillances notées sur les bus ‘’Tata’’, en période d’hivernage. Le dernier cas en date s’est produit dans la matinée d’avant-hier mardi, sur la route de Malika.  Au moment où la pluie tombait, deux bus ‘’Tata” (AA 141 et AA 254) de la ligne 83, faisaient une course-poursuite dans la circulation. Conséquence : un ‘’car rapide’’ brutalement percuté à l’arrière par l’autocar AA 254, un pare-brise cassé, des pare-chocs endommagés, des passagers blessés et d’autres traumatisés.

Un fait qui a installé la stupeur et la consternation chez les populations, particulièrement les passagers.

En face du parking du stade Léopold Sédar Senghor, l’ambiance est vive. Le vrombissement des moteurs des voitures pollue l’atmosphère. La poussière, balayée par la vitesse des véhicules, se disperse chez les piétons sur le trottoir. Là, des vendeurs de fruits, de café et de beignets commercent leurs marchandises. A quelques pas de là, une dizaine de clients, à l’arrêt bus, attendent l’arrivée des “Tata”. Parmi eux, se trouve, Famara. Portant un t-shirt rouge et une casquette noire qui masque en partie son visage, le jeune homme, en partance pour Guédiawaye, attend la ligne 42. Interrogé sur l’état des bus et les dangers qu’ils font courir aux passagers, en période d’hivernage, Famara pointe du doigt les chauffeurs.

“Le problème se situe au niveau des chauffeurs. Il y en a qui, au lieu de se concentrer sur leur conduite, se disputent avec des passagers. Ce qui peut provoquer un manque de concentration et, par la suite, un accident”.

Se prononçant sur le phénomène des accidents routiers provoqués par ces véhicules en question, Famara renchérit avec un air déconcerté. “L’autre problème résulte d’un défaut de formation. On voit souvent des jeunes inexpérimentés tenir le volant. Ils ne maîtrisent pas le Code de la route. En les voyant conduire, on sait qu’ils n’ont pas été formés. Tout cela constitue des risques qui nous effraient”, argue Famara.

Tout près de ce dernier, se tient Amadou. Adossé à une voiture, l’homme à la barbe masqué par son cache-nez attend, lui aussi, la ligne 42. Après une discussion sur les accidents récurrents en période hivernale, Amadou estime que le surplus de passagers dans les bus peut être un facteur de drame routier. Il s’explique : “À mon avis, il y a trop de surcharge dans les bus ‘Tata’. Les gens s’entassent à l’intérieur et cela alourdit le car. Ce n’est ni bien pour notre sécurité sur la route ni pour notre santé, surtout en cette période de pandémie”, déclare Amadou, avant de monter dans l’autocar qui vient de stationner au bord de la route.

Des défaillances toutefois reconnues par des chauffeurs. Pour ces derniers, il est impératif de remettre de l’ordre dans la circulation, en cette saison pluviale.

La problématique du contrôle technique

Au terminus des “Tatas” de Diamalaye, des conducteurs de bus se ruent dans les deux restaurants pour se sustenter. Sur le parking, des clients prennent place dans des bus stationnés en file indienne. D’autres moyens de transport, en mauvais état, sont en train d’être dépannées dans le garage du terminus. Sur place, une chaleur étouffante se dégage, du fait des incessants vrombissements et de la fumée sortant des pots d’échappement.

Quelques instants après avoir garé son bus, Modou Faye, chauffeur, s’est confortablement étalé entre deux places pour se reposer. T-shirt et pantalon bleus, Modou est conscient des nombreux accidents causés par les bus ‘Tata.

Il considère, ainsi, que le manque de contrôle technique en est la cause. “Après la pluie, les routes sont toutes lisses. Dans ce cas, si le chauffeur ne prend pas le soin de vérifier les pièces essentielles qui composent l’autocar, il peut s’exposer, lui et les passagers, à des dangers”, affirme Modou. Et d’ajouter : “Les chauffeurs doivent également garder leur sang-froid, pour éviter de se quereller avec les passagers. Les clients n’ont pas tous le même état d’esprit. Il faut savoir tolérer et gérer leurs propos parfois âcres. S’ils le font, ils pourront conduire avec tranquillité et éviter les accidents.”

Non loin de là, un débat entre chauffeurs est animé. Une discussion aussitôt interrompue par l’évocation de l’accident de ce mardi à Malika. Yamar Diop, conducteur, est d’avis que des sanctions doivent davantage être appliquées aux contrevenants. “Le Code de la route est connu par tous les chauffeurs. Ils savent conduire et ils connaissent bien les règles de conduite. Mais ils sont pressés. Ainsi, pour éviter les chocs, comme ce qui s’est passé hier (mardi), des sanctions doivent être prises. Il faut que des mesures de coercition soient prises pour mettre fin au désordre sur les routes”, tempête Yamar d’un air chagriné.

KHADIM MBACKE DIENG, DIRECTEUR DU CENTRE D’APPUI A LA PROFESSIONNALISATION DES TRANSPORTS

 “Il y a plus d’accidents en période hivernale”

Au bout du fil, Khadim Mbacké Dieng renseigne que la plupart des accidents de la route se passent pendant l’hivernage. Des sanctions sont toutefois prévues, selon lui, contre les chauffeurs qui violent le Code la route et exposent leurs clients à des dangers. “Il y a plus d’accidents en période hivernale. Ce, du fait des nombreux obstacles qui se présentent sur la route et pouvant endommager les pneus des bus. En dehors des huiles de vidange et des glissades, certains chauffeurs font également face à un problème de freinage’’.

Le directeur du Centre d’appui à la professionnalisation des transports (Captrans) de poursuivre : ‘’Mais pour éviter les incidents cette année, nos équipes se sont mobilisées pour mener des campagnes de sensibilisation. Pas plus tard qu’hier (mardi), une note destinée aux chauffeurs a été rédigée pour mieux les sensibiliser sur les comportements à adopter en cours de route.

Des séances de formation continue sont également organisées pour des conducteurs détenteurs de permis, pour mieux renforcer leurs compétences. Toutefois, puisque nous sommes chargés de réguler les flux de départ, des sanctions sont prévues pour les contrevenants. Tout chauffeur qui se met aux antipodes des règles édictées est convoqué à la Commission disciplinaire du Captrans pour être entendu. Si des mesures répressives s’imposent, il peut écoper de sanctions allant de 2 à 8 jours de suspension ou même l’exclusion définitive.”

Moustapha Diakhité (stagiaire)

 

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