De lourdes sanctions réclamées contre les passeurs
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Après leur internement aux urgences de l’hôpital régional pour des soins et leurs auditions à la police, les rescapés du naufrage de la pirogue des migrants clandestins au large de Saint-Louis ont tous été libérés. Hier, la marine nationale a encore repêché deux corps qui ont été déposés à la morgue de l’hôpital. Toutefois, les populations de la vieille cité et les organisations de pêche demandent leur implication dans la lutte et exigent des sanctions plus sévères pour décourager les passeurs.
Les familles des portés disparus de la langue de Barbarie vivent toujours dans l’angoisse tout en priant pour une fin heureuse des recherches de leurs enfants. Après les 14 rescapés du premier jour, aucun autre miraculé n’a été ramené sur la terre ferme. La marine nationale, qui continue les recherches au large de Saint-Louis, a déposé, hier, deux autres cadavres de migrants. Cette douloureuse situation a poussé des populations et certaines organisations de pêche à élever le ton pour que de pareilles catastrophes cessent.
Pour l’association des jeunes pêcheurs, ce qui passe avec l’émigration irrégulière est inadmissible. Elle appelle les autorités à l’impliquer dans la lutte pour limiter les dégâts. ‘’L’Etat ne peut pas mener le combat tout seul. C’est pourquoi nous offrons notre disponibilité et notre expérience pour accompagner les forces de sécurité. En tant qu’hommes du milieu de la pêche, si nous sommes impliqués pleinement, nous pouvons être très utiles dans la prévention des départs. Ce qui peut participer à la diminution drastique de pertes en vies humaines et de familles endeuillées’’, a soutenu Oussou Sène. Avant d’inviter l’Etat à durcir les lois et les sanctions contre l’émigration clandestine.
‘’Si les passeurs continuent d’exercer leur sale boulot, c’est parce que les sanctions ne sont pas sévères. Il faut que les autorités multiplient les peines. Parce qu’il ne sert à rien d’incarcérer des criminels à deux ou trois mois avant de les libérer. Alors qu’ils ont encaissé des millions de francs sur le dos de pauvres et naïfs jeunes’’, a-t-il ajouté.
Pour Mbaye Diallo, si le phénomène persiste encore, c’est parce que l’application des peines fait défaut. ‘’On dirait que les passeurs et les convoyeurs ont quelque part de la protection. Ils exposent dangereusement la vie de jeunes gens, ils amassent énormément d’argent, et quand on les prend, ils ne sont pas sévèrement punis. C’est pourquoi ils prennent le malin plaisir de continuer à organiser des voyages clandestins. Tant que l’Etat ne change pas de fusil d’épaule, ce sera ainsi’’, a regretté M. Diallo.
Ibrahima Bocar SENE (Saint Louis)