Publié le 10 Sep 2021 - 22:41
UN SEUL ENSEIGNANT RECRUTE SUR 5 000

Ranérou crie au scandale

 

Sur 5 000 enseignants recrutés, le vaste département de Ranérou Ferlo n'en compte qu’un seul. Une situation scandaleuse pour les jeunes dudit département qui se sont organisés en collectif pour combattre cette ‘’injustice’’.

 

La frustration et le désappointement étaient clairement le sentiment le mieux partagé auprès des jeunes du département de Ranérou, suite à la publication de la liste des 5 000 enseignants recrutés par l’État du Sénégal. Une liste dans laquelle le département, qui fait trois fois la région de Diourbel, ne compte qu’un recruté. Un affront pour le très fier peuple du Ferlo.

A la salle de délibération de la mairie de Ranérou où les jeunes, majoritairement des étudiants, s’étaient donné rendez-vous pour se pencher sur les recrutements du ministère de l’Education nationale, régnait un sentiment de colère.  ‘’Nous dénonçons et déplorons le recrutement des 5 000 enseignants, martèle Souleymane Galo Bâ, un des initiateurs de la rencontre. Sur une centaine de jeunes inscrits sur la plateforme, le département de Ranérou n'a eu, en tout et pour tout, qu'un jeune recruté. Cela montre nettement que Ranérou est laissé en rade dans les politiques publiques comme toujours. Nous dénonçons vigoureusement les pratiques du ministre de l’Education nationale Mamadou Tall. Nous avons constaté que parmi les recrutés de la région de Matam, la majeure partie est issue de la commune de Sinthiou Bamambé, de Kanel et de Thilogne’’.

Puis, de soutenir que sa localité n'est pas en carence de compétences : ‘’Ici à Ranérou, nous avons des étudiants diplômés et des jeunes qualifiés et expérimentés, puisqu’ils étaient dans les classes passerelles. Malgré tout cela, on s'est retrouvé avec un seul recruté. La vérité est que les autres bacheliers qu'ils ont retenus ne sont pas meilleurs que ceux de notre département’’, a-t-il ajouté.

Recrutement dicté par des responsables politiques

Les jeunes bacheliers et les étudiants avaient nourri de gros espoirs sur ces recrutements. Finalement, cette déconvenue est une pilule qu'ils ont du mal à avaler. Aliou Sow est un étudiant en Licence 3 au Département de lettres modernes. Il était quasiment sûr qu’il ferait partie des recrutés, jusqu'au jour de la désillusion. ‘’Je suis dépité et même dégoûté par ces résultats (NDLR : liste des 5 000 enseignants recrutés). J'ai déjà validé la Licence 2 et j'avais réussi au baccalauréat avec la mention ‘Assez bien’. Donc, c'est avec beaucoup de déception que j'ai vu la liste. Ils n’ont pas pris ceux qui avaient le meilleur profil. J'ai très mal, car je connais des étudiants qui ont été sélectionnés alors qu'ils n'ont même pas encore validé leur première année. On se connait entre étudiants ressortissants de la région de Matam. Alors, on connait les profils de chacun. C'est simple : pour être pris, il fallait juste être un ‘boy’ d'un leader influent. C'est dommage pour moi, mais surtout pour la qualité de l’école’’, révèle ce jeune de 26 ans issu d’une famille polygame.

Aissata est tout aussi frustrée de ne pas être retenue dans la liste finale. Pourtant, elle a déjà accumulé deux années d’expérience dans le domaine. Elle tenait une classe passerelle dans un hameau du département de Kanel. ‘’C'est une désillusion très grande pour moi. J'y croyais très fort, car une personne de l’inspection de l’éducation et de la formation m'avait dit que nous qui étions dans les classes passerelles, étions prioritaires dans ces recrutements, puisque nous avons déjà l’expérience des classes. Je ne crois pas aux explications qui disent que nous n'avons pas le niveau pour enseigner. Ce n'est pas vrai. Je ne connais pas le niveau de tous mes autres collègues, mais moi, je suis bachelière. J'ai eu mon Bac depuis 2017. Je ne suis pas allée à l’université pour des raisons personnelles, mais j'ai bien été orientée au Département de droit. Maintenant, que vais-je faire ? Je vais me résigner, mais je peux dire que si j’étais originaire d'une autre localité, mon recrutement serait acté depuis’’, a déclaré la jeune femme déjà mère de trois enfants.

Silence radio des autorités

Cette situation qui pollue l’atmosphère, n'a jusqu'ici pas fait l'objet d’une réaction de la part des responsables politiques du département. Le député Aliou Dembourou Sow, par ailleurs Président du Conseil départemental, connu pour sa proximité avec le président de la République, ne s'est pas encore prononcé sur la question. Le maire Harouna Bâ et Amadou Dawa Diallo n'ont pas encore jugé nécessaire de plaider la cause des jeunes de leur département.

Mais si l'on se fie aux jeunes, il y a longtemps que les autorités de leur localité les ignorent royalement. Pour preuve, le département n'a toujours pas eu un nouveau lycée, depuis la chute du régime de Wade. Bocar Diallo, Président du Conseil départemental de la jeunesse de Ranérou, souligne avec amertume le triste sort de l’éducation dans sa localité : ‘’Nous avons deux lycées dans tout le département de Ranérou ; le lycée de Vélingara Ferlo et celui de Ranérou. Ces deux établissements ont été érigés en 2011, grâce à Kalidou Diallo, Ministre de l’Education d'alors. Depuis 2011, aucun nouveau lycée n'a été construit. Nous sommes tout le temps recalés. Il est temps que les autorités corrigent cette injustice. Nous lançons solennellement un appel au chef de l’État pour qu’il donne des instructions, pour que Ranérou soit mieux considéré.’’

Djibril Bâ

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