Publié le 6 Dec 2021 - 17:44
BUDGET MINISTERE EDUCATION NATIONALE

Les six chantiers de Mamadou Talla 

 

Le budget du ministère de l’Education nationale, voté samedi à l’Assemblée nationale, concerne six programmes déclinés par Mamadou Talla. Lors des débats, les questions du retour aux valeurs, des abris provisoires et des grèves cycliques ont été longuement débattues.

 

Au titre de l'exercice 2022, le budget du ministère de l'Education nationale est arrêté à 635 927 169 317 F CFA en autorisations d'engagement et 606 662 533 480 F CFA en crédits de paiement. Ce budget est réparti entre six programmes. Et s'agissant du programme ‘’Éducation préscolaire’’ pour des crédits de paiement et autorisations d’engagement estimés à plus 11 milliards de francs CFA, le ministre Mamadou Talla a précisé qu'il met en œuvre ‘’la politique éducative prenant en charge les enfants de 3 à 5 ans dans la perspective de favoriser le développement de leurs différentes aptitudes psychomotrices, intellectuelles et sociales pour leur permettre de faire épanouir leur personnalité propre et de construire les bases des apprentissages scolaires’’.

Le ministre a aussi relevé, dans le rapport de la Commission des finances et contrôle budgétaire rendu public samedi, à l’occasion du vote de son budget, que le programme ‘’Enseignement élémentaire’’ dont environ 282 milliards en autorisations d’engagement et plus 270 milliards en crédits de paiement sont alloués, met en œuvre ‘’la politique éducative au niveau de l'élémentaire. Il vise l'amélioration de la qualité des enseignements et apprentissages, le suivi de la mise en œuvre et de l'évaluation des innovations, la diversification des offres d'éducation, l'amélioration de l'équité, la mise à niveau des écoles, l'amélioration du pilotage pédagogique et management des écoles, la participation effective des communautés et des élèves à la gestion des écoles’’.

Quant au programme ‘’Enseignement moyen général’’ qui aura plus de 110 milliards F CFA en autorisations d’engagement et environ 106 milliards en crédits de paiement pour la gestion 2022, le ministre Tall précisera qu'il vise à ‘’donner aux élèves une formation solide dans les disciplines fondamentales de la science, de la technologie et de la culture, à parfaire le développement des capacités d'observation, d'expérimentation, de recherche, d'action pratique, de réflexion, d'explication, d'analyse, de synthèse, de jugement, d'intervention et de création des élèves, et à renforcer la maitrise de la pensée logique et mathématique de ces derniers, en enrichissant ses instruments d'expression et en déployant ses capacités de communication’’.

Pour le programme ‘’Enseignement secondaire général’’ pour lequel il est prévu plus 105 milliards F CFA en autorisations d’engagement et plus 91 milliards en crédits de paiement, il vise, selon Mamadou Talla, à ‘’donner aux élèves venant du moyen secondaire des connaissances et aptitudes nécessaires pour l'accès aux différentes filières de l'enseignement supérieur, tout en enrichissant et approfondissant la formation acquise antérieurement’’.

A propos du programme ‘’Éducation de base des jeunes et adultes’’ (EBJA), il est prévu plus de deux milliards en autorisations d’engagement et environ 2 milliards en crédits de paiement. Ce programme, soutient Mamadou Talla, comprend l'alphabétisation, les langues nationales et les Daaras modernes. Sa contribution, au niveau des objectifs stratégiques du ministère, se décline en objectifs spécifiques que sont l'amélioration de l'offre de formation, le perfectionnement du niveau de maîtrise des compétences de base des apprenants et l'assurance d'une gouvernance efficace, efficiente et inclusive.

Pour le programme ‘’Pilotage ministériel, gestion et coordination administrative’’, dont environ 124 milliards en autorisations d’engagement et en crédits de paiement, il dira qu’il assure la coordination et le pilotage administratif de l'ensemble des mandats confiés au ministère tout en fournissant les services de soutien nécessaires à la réalisation des autres programmes.

Les députés plaident pour l’enseignement des valeurs à l’école

Samedi, lors du passage du ministre de l’Education nationale à l’Assemblée nationale pour le vote du budget 2022 de son département, les députés ont été nombreux à préconiser le retour aux valeurs. ‘’Beaucoup de députés sont revenus sur la question des valeurs. C’est important. Nous voulons construire un type de Sénégalais nouveau, responsable, un patriote. Il ne faut pas simplement qu’on s’arrête autour de l’éducation morale ou de l’instruction civile. C’est très bien, mais cela ne suffit pas. On doit en faire une question transversale. C’est-à-dire dans toutes les thématiques abordées, dans tous les enseignements, on peut distiller certaines notions, en profitant d’un cours. A ce niveau, il y a des efforts à faire’’, a soutenu la députée Ndèye Lucie Cissé.

Pour sa collègue Marème Soda Ndiaye, l’Etat doit ouvrir les ‘’chantiers de l’homme’’. ‘’Nous devons construire un meilleur Sénégalais. Parce qu’on constate que nous commençons à perdre certaines valeurs. Nous observons des actes de désobéissance civique. Donc, le retour à ces valeurs ne sera que bénéfique pour nous. Cela va nous permettre de bâtir un citoyen respectueux de son cadre de vie, de son prochain. Cette éducation aux valeurs va nous permettre d’avoir un citoyen respectueux des normes et règlements de son pays, qui pourra se référer à la justice s’il sent que ses droits et devoirs sont bafoués. Cela nous permettra de savoir que la cité est une demeure pour tout le monde. Toutes ces valeurs nous permettront de bâtir le Sénégal que nous voulons et les jeunes ont un rôle clé à jouer dans ce processus. Donc, ils doivent comprendre que le temps qu’ils ont aujourd’hui, n’est pas pour être sur les réseaux sociaux, mais plutôt pour étudier afin de réussir’’, renchérit la jeune parlementaire. 

Au-delà de cet appel, les députés ont également évoqué la question des abris provisoires dans certaines localités, du déficit de tables-bancs, de salles de classe, etc., mais aussi du désaccord entre l’Etat et les enseignants qui est à l’origine des mouvements de grève notés la semaine dernière.

‘’On a aussi beaucoup parlé de syndicats. Vous parlez de promouvoir un climat social apaisé dans l’espace scolaire. Mais pour arriver à tous ces résultats, il faut qu’une des composantes importantes que sont les enseignants soit avec vous. Il faut en faire des partenaires. Certes, il y a moins de grèves, mais il faut continuer à discuter avec les enseignants. Il faut étudier leurs plateformes revendicatives avec plus diligence. Il faut discuter avec eux pour ne pas arriver à la fin des préavis et qu’ils aillent en grève’’, souligne par ailleurs Ndèye Lucie Cissé de la mouvance présidentielle.

De son côté, Déthié Fall, membre de l’opposition, pense que le secteur de l’éducation nationale souffre de promesses ‘’non-tenues’’. ‘’Les accords de 2014 sont là, ceux de 2018 aussi. Les syndicats d’enseignants demandent que le système de rémunération promis soit respecté pour que cette disparité qui existe entre les agents de l’Etat soit dépassée. Le monde est en mutation. Nous devons positionner notre pays et on ne peut pas le faire si on n’a pas un système éducatif de qualité. Les lenteurs administratives dans les actes d’avancement restent un challenge’’, défend-il.  

Le député Pape Sagna Mbaye trouve, pour sa part, qu’il faut un ‘’grand plan de réaménagement’’ du système primaire. ‘’Si, sur un budget de 606 milliards en crédits de paiement, 494 milliards sont destinés à payer les salaires et les primes, le taux d’investissement restera très faible et le surpeuplement dans les salles de classe, facteur d’échec, ne sera point résolu. Pourtant, votre principal problème réside là où vous mettez plus de moyens. Finissons avec ce vieux bagou qui est la problématique des syndicats. Ils n’ont qu’une victime, notre jeunesse, alors que nous n’avons qu’un seul devoir qui s’impose à nous : la faire réussir’’, soutient-il.

Pour faire face à ces challenges le président du groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar, Aymérou Ngingue, estime que la loi d’orientation 91-22 du 11 janvier 1991 doit être revue. ‘’C’est une loi qui mérite d’être appropriée et élargie. Il faut massifier l’offre de formation. Pour cela, il faut que vous pussiez la mettre au goût du jour pour y intégrer toutes les questions. Il y a aussi la question de l’alphabétisation et ce sont des défis transversaux qui concernent tout le monde, afin de combattre l’analphabétisme et faire émerger notre pays’’, indique-t-il.

MARIAMA DIEME

 

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