Macky Sall condamne les propos de l’imam Sall sur la communauté catholique
Le président de la République a contenté l’Eglise catholique sénégalaise, en dénonçant à son tour la sortie irresponsable du religieux et en demandant que cela ne se reproduise plus.
L’affaire imam Serigne Lamine Sall s’est invitée au Conseil des ministres. Hier, le président de la République a condamné, comme l’a demandé la communauté catholique du Sénégal, les propos tenus, jeudi dernier sur la chaine de télévision privée Walfadjri, par le religieux, tendant à assimiler les francs-maçons et l’homosexualité aux chrétiens.
En effet, Macky Sall a condamné, ‘’avec fermeté, au nom du gouvernement, les propos outrageux à l’endroit de la communauté catholique, proférés à travers un organe de presse’’. Une sortie qui devrait apaiser la colère exprimée par l’église, suite à la sortie irresponsable et malencontreuse de l’imam Sall, surtout dangereuse pour le dialogue interreligieux et la paix sociale entre les communautés vivant au Sénégal.
Si l’imam en question s’est excusé, de même que la chaîne télé où ses propos ont été tenus, le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) a déjà mis en demeure Walfadjri. Cela n’a pas empêché le président de la République de l’inviter, ainsi que le ministre de la Communication ‘’à rappeler aux médias et organes de presse leurs rôles et responsabilités majeurs dans la préservation des valeurs de la République et la consolidation de la concorde nationale, conformément aux prescriptions des cahiers des charges qui leur sont opposables’’.
Un ‘’effort budgétaire exceptionnel de près de 100 milliards de F CFA pour les enseignants
Autre point saillant de l’actualité évoqué en Conseil des ministres, les négociations entre le gouvernement et les syndicats d'enseignants. Ceci, pour saluer un accord ‘’consacrant la reprise des enseignements dans les établissements publics de l’élémentaire et du moyen secondaire’’. Pour se faire, l’Etat a dû casquer fort, si l’on en croit Macky Sall. Cette entente correspond à un ‘’effort budgétaire exceptionnel de près de cent milliards de francs CFA, consenti par l’Etat, à compter du 1er mai 2022, pour revaloriser, de façon significative, les traitements, salaires et rémunérations des enseignants et personnels d’encadrement du système éducatif’’.
Depuis près de 10 semaines, les syndicats des enseignants sont en grève avec comme principal point de revendication la hausse des salaires. Dans l’accord qui a été trouvé vendredi dernier, lors d’une énième rencontre entre les syndicalistes et le gouvernement, des augmentations ont été proposées entre les différents corps de l'éducation, avec une hausse des indemnités de logement, de la prime scolaire, etc. Si les syndicats de l’élémentaire et du préscolaire ont déjà levé leurs mots d’ordre de grève, l’on attend toujours l’officialisation de la levée de ceux du moyen secondaire. D’autant plus que les augmentations ne seront effectives qu’à partir du mois de mai.
Pendant ce temps, le président de la République demande au gouvernement de veiller à l’application systématique des accords signés et d’assurer leur suivi régulier, dans le cadre d’un dialogue social permanent entre les ministres sectoriels concernés, les syndicats d’enseignants, les parents d’élèves et autres acteurs de la communauté éducative.
Macky Sall souligne, par ailleurs, l’impératif de garantir un pacte social durable dans le secteur éducatif afin de mener, dans le consensus, les initiatives nécessaires à l’amélioration de la qualité des enseignements et apprentissages.
Réaménagement du calendrier scolaire
Les trois mois de grève de l'année scolaire ont fait perdre aux élèves plus de 300 heures sur un quantum annuel de 1 070 heures, selon le secrétaire général national du Syndicat des inspecteurs et inspectrices de l'éducation et de la formation, Elcantara Sarr. Dans l’optique de résorber ces manquements, le président de la République a indiqué l’urgence d’engager une réflexion sur le réaménagement du calendrier scolaire. Cela s'accompagne de la mise en place d’un Conseil national de l’éducation et de la formation, un cadre consensuel et inclusif de supervision des orientations, actions et performances du système éducatif.
La célébration de la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars, est prévue pour la semaine prochaine. Occasion saisie par le chef de l’Etat pour demander au gouvernement de poursuivre les efforts significatifs déployés pour lutter sans relâche contre les violences faites aux femmes, mais également pour asseoir l’autonomisation économique des femmes par le renforcement continu de leurs capacités et les facilités d’accès aux financements de leurs activités.
Le chef de l’Etat invite, dès lors, la Délégation générale à l’entreprenariat rapide des femmes et des jeunes (Der/FJ) à intensifier les financements dans les communes et départements du Sénégal, afin de consolider la politique d’inclusion et de promotion économique des femmes.
A l'issue des élections locales du 23 janvier 2022, la formation de quelques conseils municipaux a été dénoncée pour ne pas avoir respecté la parité. Pour éviter de pareils cas, le président de la République a demandé au ministre de la Femme et au ministre secrétaire général de la présidence de la République, d’actualiser le cadre législatif et réglementaire relatif à l’organisation et au fonctionnement de l’Observatoire national de la parité (ONP).
Sur le climat social et le suivi des affaires intérieures, le chef de l’Etat a insisté sur l’importance qu’il accorde à la promotion des industries culturelles et créatives, et indique au ministre chargé de la Culture l’urgence d’engager avec les acteurs impliqués les concertations nécessaires à l’amélioration du statut des artistes et au financement adéquat des projets et activités culturels. Le président de la République souligne la nécessité de valoriser davantage l’esprit créatif des jeunes par la promotion des cultures urbaines, avec le renforcement des fonds alloués à ce sous-secteur dynamique et innovant.
Sur cette lancée, le chef de l’Etat rappelle l’urgence d’intensifier le soutien au Programme de développement du cinéma national, qui nous vaut de réels motifs de satisfaction à l’international.
GUERRE EN UKRAINE Macky plaide pour le droit international Le Sénégal se montre prudent dans la guerre qui oppose l’Ukraine et la Russie qui a envahi ce pays depuis une semaine. En Conseil des ministres hier, le président de la République a évité de prendre position dans ce conflit qui tend à opposer les pays occidentaux à la Russie et ses alliés. Tout en exprimant sa grave préoccupation face à la situation en Ukraine, Macky Sall a réitéré ‘’l’attachement du Sénégal au respect de l’indépendance et de la souveraineté des Etats, ainsi qu’à l’application sans discrimination des règles du droit international humanitaire, notamment en situation de conflit’’. Ceci, dans l’esprit des deux communiqués publiés précédemment en sa qualité de président en exercice de l’Union africaine. Devant le gouvernement, le président de la République a également réaffirmé l’adhésion du Sénégal aux principes du non-alignement et du règlement pacifique des différends. Plus tôt dans la journée, le Sénégal a été compté parmi les abstenus, lors de l’adoption, par l’Assemblée générale des Nations Unies, d’une résolution déplorant dans les termes les plus énergiques ‘’l’agression’’ commise par la Russie contre l’Ukraine et exigeant que la Russie retire immédiatement ses forces militaires du territoire ukrainien. Le texte a été adopté par 141 votes pour, 5 votes contre (Russie, Biélorussie, Erythrée, Corée du Nord et Syrie) et 35 abstentions. |
Lamine Diouf